A propos d'islamophobie et de laïcité
Ni Etat laïc ni Etat théocratique, c’est comme cela qu’est défini l’Etat Algérien d’aujourd’hui. Et la crise découle de cette hybridité
La question aujourd’hui est : un Etat théocratique avait-t-il besoin de l’indépendance ? Est-il necessaire de rappeler que les Algériens étaient des Français-Musulmans avant 1962 .Et les bachagas pouvaient donc se distinguer de leurs maîtres
Si la République qui sépare le politique du religieux a un seul repère qui est l’indépendance,la dawla islamaouïa a quant a elle, plus d’un jalons dont les plus sail-lants sont ces différentes lois de la République qui la rendent hybride et on peut citer celles qui éliminent les plus grands défenseurs de la laïcité : la loi sur la Nationa lité, l’article 12O et le code de la famille. Pour consolider l’indépendance il fallait non seulement s’opposer à ces lois scélérates mais être offensive en refusant cet article de la Constitution qui fixe une religion à l’Etat. Au lendemain de l’indépendance Boudiaf qui sortait de prison a été remis en prison. Ce porte drapeau de la laïcité de la consolidation de l’indépendance a été neutralisé comme seront neu tralisé les jeunes militants à la veille du 5 Octobre 88 .
Aujourd’hui il est plus que necessaire de s’entendre sur ce jalon important qu’il faut planter et qui est la laïcité, cette séparation du politique et du religieux dans nos lois, à commencer par l’abrogation de l’article 2 de la Constitution. Ce n’est qu’un repère mais un repère des plus importants. Tous ceux qui disent que la laïcité est une culture ont raison , et cette culture serait déterminante si nos lois ne s’inspiraient pas de la chariaa. Notre peuple est laïc dit cet universitaire et il me rappelle celui qui rejette et la laïcité et la théocratie. Ces universitaires et ces ex-haut fonctionnaires qui préconisent des solutions économiques à la crise ne sont-ils pas des cadres en stand-by de cette République hybride et le ridi cule n’est-il dans la dénonciation de l’islamophobie par le Président du Haut Conseil Islamique. Il dénonce les dépassements et il ne dénoncent pas les tueries qui se font au nom de l’islam . Il demande aux Etats Europeens de prendre des positions courageuses alors que chez lui un jeune homme se fait emprisonner au nom de la chariaa parcequ’il a fumé une cigarette. Ne sait-il pas que l’islamophobie est un dégat collatéral de l’islamisme ?
Saâdeddine
Commentaires (2) | Réagir ?
L'hybridité de l'état, voila ce qui resume les origines de la crise en Algerie. Ni laicité ni theocratie est une expression de cette hybridité, il y'en a d'autres, ni économie de marché ni économie administrée, ni modernité ni archaisme. A chaque fois ces ni, ni veulent en fait dire un peu de l'un et un peu de l'autre selon le dosage nécessaire a chaque evolution de rapports de force de façon a permettre a ceux qui sont au pouvoir d'y rester et d'orienter la repression sur les adversaires du jour les plus menaçants. Cette roublardise est souvent couverte par "la défense ou préservation de la specifité algerienne" qui nous comdamne a ne rien copier des reussites des autres si cela induit la démocratie et la libre expression. Ce qui empeche cette question d'avancer c'est en plus de la chappe de plomb du pouvoir et de ses relais, la faiblesse de nos élites et leur peu d'engagement, allant jusqu'a la couardise. L'avenement de la modernité sans la distinction claire et nette entre le religieux et le politique releve de l'impossible. La production culturelle, l'expression courrageuse des opinions memes minoritaires, la mobilisation des elites, voila les voies d'évolutions vers l'abrogation de toutes les lois hybrides. Les etats laics qui ne l'affirment pas dans leurs constitutions et n'en souffre pas sont des démocraties avancées ou la nature de l'état est solidement établie.
L'amalgame entre le politique et le religieux est préjudiciable aux deux. N'a-t-on pas entendu des muezzins appeler à la prière dans des administrations publiques au moment où des "APC" délibéraient et délivraient des documents administratifs dans les mosquées (!). Les oppositions politiques dans les Etats (semi-) théocratiques prennent vite un caractère religieux. L?opposition politique y passe alors par le ?Takfir? (qualification de mécréance, d?apostasie) des gouvernants et des populations quand elles n?épousent pas les thèses de ces opposants. L?opposition politique devient vite chiisme religieux (le Chiites sont à l'origine les partisans de Ali ibn Abi Taleb, ceux qui ont voulu destituer Othman ou ont refusé la prise du pouvoir par Abou Bakr, Mouaouya?). Donc, Oui à la séparation du politique et du religieux et le plus tôt serait le mieux. Mais il me semble que la question que doivent se poser les démocrates convaincus de la nécessité de faire de cette séparation une réalité dans notre pays est de savoir comment y parvenir. Quelles sont les étapes intermédiaires? Qu'est-il possible d'atteindre à court et moyen termes dans cette voie? Parce que se lancer à corps perdu et sans discernement dans lutte pour la laïcité, revendiquer de but en blanc l'abolition de l'article 2 de la Constitution (même si par "miracle" cela était décrété par Boutef, l'Algérie serait-elle pour autant un Etat laïc) risque de nous mener vers des désillusions qui vont atomiser encore plus le camp démocratique (les pays scandinaves, le Royaume Uni, la Grèce et bien d'autre pays européens sont laïcs sans l'être constitutionnellement). Peut-on avoir le moindre espoir que le pouvoir actuel ouvre une minuscule voie à la laïcité dans notre pays? Les partisans de la laïcité ont-il la capacité de l'imposer au pouvoir, à la faire accepter par une majorité d?Algériens? La réponse aux deux dernières questions est sans conteste : Non!!! Alors que faut-il faire, sur quoi agir et comment opérer pour changer le rapport de force au niveau du pouvoir par une pression qui émanerait de la société (et non pas des appareils) en vue d?imposer et faire accepter la laïcité? That is the question.