Egypte: le général putschiste Al Sissi promu maréchal

Egypte: le général putschiste Al Sissi promu maréchal

Le général Abdel Fattah al-Sissi, homme fort de l'Egypte depuis qu'il a annoncé la destitution du président islamiste Mohamed Morsi en juillet, a été élevé lundi au grade de maréchal, le plus haut de l'armée égyptienne, a annoncé la présidence.

Depuis des semaines, l'entourage du maréchal, actuellement ministre de la Défense et vice-Premier ministre, ne cache pas son intention de se présenter à la présidentielle prévue sous trois mois.

Très peu de militaires égyptiens ont été élevés à ce grade. Parmi eux figure le maréchal Hussein Tantaoui, ex-chef du Conseil suprême des forces armées (CSFA) qui avait assuré l'intérim du pouvoir après la révolte populaire qui a chassé du pouvoir Hosni Moubarak début 2011. Le CSFA est aujourd'hui dirigé par le maréchal Sissi, qui avait remplacé le maréchal Tantaoui au ministère de la Défense lorsque Morsi l'avait mis à la retraite durant l'été 2012. M. Morsi, seul président jamais élu démocratiquement d'Egypte, était le premier chef d'Etat non issu des rangs de l'armée à diriger le plus peuplé des pays arabes, mais aucun de ses prédécesseurs --dont l'icône du panarabisme Gamal Abdel Nasser-- n'avait été élevé au grade de maréchal.

Répression aveugle : 54 morts pour l’anniversaire de la révolution

Les opposants aux militaires ont été réprimés dans le sang par l'armée et la police à l'occasion de la célébration de la chute de Moubrak. Depuis le renversement du président Frère musulman Mohamed Morsi par l'armée en juillet 2013, le ministère de l'intérieur, avec l'assentiment des militaires aux manettes, a retrouvé de sa superbe. La police s'attaque sans relâche et dans un esprit de revanche non dissimulé à toute forme d'opposition. Une répression aveugle soutenue par une large frange de lapopulation, galvanisée par une rhétorique d'incitation à la haine et à la xénophobie diffusée par la quasi-totalité des médias.

En ce jour anniversaire, les hostilités ont commencé en début d'après-midi. Dans le quartier aisé de Mohandessine, partie ouest du Caire, un millier de manifestants, révolutionnaires pour la plupart, pro-Frères pour certains, se sont rassemblés devant la mosquée Mostafa Mahmoud, point de départ emblématique des manifestations de janvier 2011. Trois slogans contre le régime militaire et dix minutes plus tard, ils essuyaient une pluie de gaz lacrymogène d'une rare intensité et s'enfuyaient par les rues adjacentes alors que certains riverains leur jetaient des cailloux depuis leur balcon.

C'est au centre-ville que la répression a été la plus violente. Un cortège d'une centaine d'activistes pacifiques marchant vers la place Tahrir a été dispersé à coup de gaz lacrymogène et de tirs à balles réelles.

La nuit est tombée sur le centre-ville alors que des rixes éclataient entre pro-Sissi et opposants. Parmi les sympathisants du régime, on comptait bon nombre de policiers en civil, bien souvent armés de pistolets. Les médias égyptiens, fidèles à leur rengaine, ont accusé les manifestants Frères musulmans d'être à l'initiative des violences.

Plusieurs arrestations de journalistes et cas de lynchages ont été rapportés sur et autour de la place Tahrir. En fin de soirée, le Front de Défense des manifestants égyptiens annonçait 54 morts, noms à l'appui. Parmi eux, on compte essentiellement des Frères musulmans. Le ministère de la santé, lui, a évoqué un bilan de 49 morts. Selon le ministère de l'intérieur, plus de 1 000 personnes, présentées comme des «fauteurs de troubles», ont été arrêtées.

Le bilan est donc lourd pour cette troisième commémoration de la révolution. Il y a trois ans, les affrontements entre les forces de police et les manifestants avaient fait moins de dix victimes. «Quand on parle de meurtre, c'est toujours l'Etat qui gagne. Le nombre de morts liés à la violence policière aujourd'hui est plus élevé que le nombre de morts dus aux attentats de vendredi», conclut une activiste, sur son fil Twitter.

Avec Le Monde/AFP

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Commentaires (1) | Réagir ?

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Bachir ARIOUAT

Il y a pas de quoi s'offusquer, on est jamais mieux servi que par soi-même.