France : Hollande promet de réformer pour relancer son quinquennat
François Hollande a demandé vendredi à son gouvernement de se concentrer sur trois objectifs - emploi, réduction des déficits, transition énergétique - à l'aube d'une année charnière pour un quinquennat que beaucoup jugent mal engagé.
Lors du premier conseil des ministres de 2014, le chef de l'Etat, qui bat des records d'impopularité après 20 mois de pouvoir, a rappelé que cette année serait aussi électorale. Mais plus que le risque d'une sanction massive aux élections municipales de mars et aux européennes de mai, il a insisté sur la contrainte de temps pesant sur le gouvernement.
Selon le texte de ses voeux au gouvernement il a demandé aux ministres "rapidité", "réactivité" et "anticipation", pour "ne rien laisser passer" et "maîtriser l'agenda". Lors du conseil proprement dit, il a souligné "à quel point le temps utile en termes de débats parlementaires allait être court" cette année, a précisé la porte-parole du gouvernement. Il a donc demandé aux ministres "de faire en sorte de ne passer par la loi que lorsque c'est strictement indispensable", a ajouté Najat Vallaud-Belkacem, qui a cité les décrets et les ordonnances comme moyens de "faire avancer les dossiers".
Le chef de l'Etat a insisté sur la nécessité pour tous les membres du gouvernement de jouer "collectif" autour du Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, "avec un esprit de solidarité et d'efficacité", et de se sentir tenus par des objectifs partagés. A l'emploi, la réduction des déficits publics et la transition énergétique, il a ajouté la "cohésion de la société"
Sauf bonne surprise dans les prochaines statistiques, il ne sera pas vraiment parvenu à tenir sa promesse d'une inversion de la courbe du chômage fin 2013. Et la croissance économique s'annonce trop faible en 2014 pour qu'il puisse miser sur des créations d'emplois massives ces 12 prochains mois.
"Pacte de responsabilité"
L'Elysée reconnaît que les Français "veulent des résultats" et l'entourage présidentiel veut croire, pour sa part, qu'"ils ont compris qu'il fallait faire des réformes."
Quitte à froisser l'aile gauche de sa majorité, François Hollande a promis clairement le 31 décembre, lors de ses voeux aux Français, une baisse des charges des entreprises réclamées par le patronat, en échange d'un engagement à embaucher. Il est revenu au conseil des ministres sur ce "pacte de responsabilité", qui sera notamment élaboré lors d'"assises de la fiscalité des entreprises" au cours des prochaines semaines.
Selon Najat Vallaud-Belkacem, les travaux du Haut conseil au financement de la protection sociale sur les moyens de moins faire peser celle-ci sur le travail seront mis à contribution. Elle a laissé entendre que le crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE), entré pleinement en vigueur au 1er janvier, jouerait un rôle dans cette réforme, pour laquelle un "comité de pilotage" se réunira le 22 janvier.
Entre temps, François Hollande aura précisé ses intentions, notamment sur la façon dont il compte financer les baisses de charges, lors d'une conférence de presse le 14 janvier. Son entourage tente de désamorcer les critiques de la gauche de sa majorité, pour laquelle il fait fausse route en misant sur l'austérité et des mesures pour les entreprises.
"Une politique de gauche, c'est une politique qui permet à des gens qui n'ont pas d'emploi d'en avoir un", fait-on valoir à la présidence, où l'on souligne qu'une "politique de l'offre n'est pas nécessairement une politique de droite."
L'Elysée reprend il est vrai à son compte des arguments qui n'appartiennent pas au credo habituel du Parti socialiste. "Le taux de marge des PME est un des plus faibles d'Europe", souligne l'entourage présidentiel. Ou bien : "On ne trouvera des marges de manœuvre que par des économies".
Hollande assume les économies
François Hollande a réaffirmé qu'il comptait sur ces économies à tous les niveaux - Etat, collectivités locales, Sécurité sociale - pour réduire "à terme" les impôts. "D'ici la fin du quinquennat, c'est en dégageant des économies et non en sollicitant davantage les contribuables que nous pourrons diminuer nos déficits", a-t-il déclaré.
Il a jugé "indispensables" des réformes de structure pour "faire mieux en dépensant moins" et promis de faire preuve de "fermeté" pour surmonter les habitudes et les "conservatismes". "J'assumerai donc personnellement cette politique, que le Premier ministre et le gouvernement conduiront et traduiront", a ajouté François Hollande. Comme c'est la tradition depuis trois décennies, le gouvernement s'était retrouvé au ministère de l'Intérieur, à 50 m de l'Elysée, avant ce premier conseil de l'année.
En maître de cérémonie, Manuel Valls, rare membre du gouvernement à afficher une cote positive, avait accueilli un à un ses collègues et co-présidé ce petit-déjeuner face à un Jean-Marc Ayrault lui aussi au plus bas dans les sondages. Si nombre d'analystes imaginent mal Jean-Marc Ayrault à Matignon au-delà des européennes, l'intéressé et ses ministres ont esquivé les questions sur les rumeurs de remaniement.
"C'est un feuilleton qui date du début de ce gouvernement", a dit le premier après un déjeuner offert par François Hollande. "Donc laissez les feuilletons feuilletonner. Je vais continuer à me battre sans me laisser influencer par tel ou tel écho."
Reuters
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