Ennahar : Jeunesse rêve, vieillesse décompte
"La morale est bien souvent le passeport de la médisance." Napoléon Bonaparte
Le reportage malveillant, diffusé par la chaine de télévision non cryptée mais cryptique Ennahar est du genre à susciter une réplique ordurière, taillée dans le langage même des deux folliculaires stipendiées à l’emploi d’un journalisme sensationnaliste qui l’ont réalisé. Mais il reste de la morale chez nous, même si ces deux geishas de l’omniscience à la solde d’un groupuscule de philistins belliqueux ne le voyaient pas. Ce qui est normal, vu la tonne de fards qui obstruaient leurs regards et les vêtements justes qu’elles ont jugé utile de porter pour la circonstance et qui n’apportent justice qu’à celles qui n’ont aucune justesse en elles.
Franchement dames se prétendant chastes de par l’incrimination de toutes les autres, vous aviez besoin d’autant d’artifices pour effectuer une enquête sur justement la défection de la vertu ? A moins que ce genre d’outillage vous soit nécessaire pour réussir professionnellement auquel cas, vous n’avez aucune leçon à donner à personne et surtout aucune première pierre à lancer sur quiconque. Vous voyez, comme il est facile de scarifier ! Mais je ne compte pas dégringoler à votre niveau, Dieu me préserve d’une telle chute, je désire seulement vous démontrer comme il est aisé de s’y insinuer et passer ensuite à votre pulvérisation par des arguments professionnels, la médisance n’étant pas mon fort.
Je suppose que le journalisme dont nous avait aspergés la chaine Ennahar par votre biais abject espérait se classer dans celui très considéré de l’investigation basée sur des recherches approfondies dans le but de divulguer des informations inédites. Celui sensé respecter la déontologie du métier, garantir la protection des sources d’information et surtout résister à la tentation de l’audimat. Hors qu’avons-nous vu ce jour fatidique ? Deux journaleuses sentencieuses qui énoncent d’emblée et avec désinvolture un fait très lourd de conséquences et que j’ai des scrupules à reproduire ! Allons courage : les résidentes universitaires sont des filles de joie. Dieu du ciel ! Comment ces deux écervelées ont osé un verdict aussi intempérant sur des personnes appartenant à la même gent qu’elles et issues d’institutions sensées les avoir elles-mêmes formées ?! Ceci si la chaine Ennahar base ses recrutements sur des cursus de bon aloi, ce dont je doute fortement. Elles ne se sont pas contentées de cet opprobre projeté sans scrupules sur leurs sœurs, elles se sont empressées de diligenter maintes situations scabreuses ne pouvant aller qu’en la faveur de leur malfaisance. Elles devaient être bien motivées par leurs commanditaires pour se conjurer à ce point et manipuler de façon si nauséeuse une profession sensée répandre la lumière au lieu de semer la confusion.
Elles se sont démenées de façon inconsidérée, je le reconnais. Mais le résultat fallacieux obtenu valait-il le coup de botter toute déontologie journalistique, de trahir les sources en faisant LES VICTIMES et surtout d’éreinter les rouages de la subjectivité à force d’abus. Mais dans quel but ? Bon sang ! L’audimat ? Vous pensez que l’on vit dans une contrée où l’opinion publique constitue un cinquième pouvoir? Lol et j’aurais aimé que ce soit le cas, au moins ça aurait octroyé une intelligence même infime à ces deux protagonistes. Tristement, nous sommes dans un autre volet, celui de la déviation de la pensée vers des considérations accessoires afin d’escamoter d’autres, fondamentales. Et de tous temps, la femme a été l’élément clé exacerbant la fortitude masculine. L’enclume qu’on tape pour forger les métaux. L’envergure de cette affaire est très grave, ses fomenteurs ont voulu frapper la virilité algérienne en son giron afin de détourner les regards sur l’émasculation des perspectives politiques en vogue. Et Comment atteindre une frange spécifique autrement qu’en utilisant des éléments de la même nature, mais trop bêtes pour se rendre compte de la forfaiture. Des femmes paparazzi quoi, la honte du métier, mais la pire des espèces, celle des faibles et des minorités sans défense.
Et je ne puis m’empêcher de faire un parallèle avec le journalisme gonzo, qui est une méthode d’investigation axée sur l’ultra subjectivité. Le journaliste « gonzoïde » s’introduit au sein d’un groupe à étudier, mène la même vie et il est tellement en immersion dans son sujet qu’il fait preuve d’une ultra-subjectivité au moment de le transmettre et c’est à la première personne qu’il se met à parler. Aux autres de se triturer les méninges afin de décoder ce qui a été déformé par la perte d’objectivité due à une implication extrême.
Dans notre cas, le procédé a été complètement défiguré, disons qu’il a été arabisé, mais avec les capacités linguistiques très limitées de nos deux prétentieuses. Si tant soit peu elles le connaitraient. Elles se sont introduites dans une communauté, munies de présomptions très discutables, elles ont pris quelques cas isolés, ont fait appel à toute leur subjectivité pour les amener à dire ce qui appuie leurs affirmations et elles ont généralisé. C’est-à-dire qu’elles ont fait avouer à une gent innocente ce que leur moi profond refoule. Un délire paranoïde ! Mais bon sang de bon sang, où est la neutralité sensée être le leitmotiv du journaliste ?
Vous montrez un homme qui dépose une étudiante à côté de sa cité. Bien, ne peut-il être son père ? Ne peut-il être un clandestin ? Vous savez, si vos commanditaires vous paient chauffeurs et bagnoles, ce n’est pas le cas de toutes les filles. Cet ambulancier sensé sortir les fêtardes hors cité peut-il le faire pour une foule ? Travaillez un peu vos méninges ! Quand vous avez garé en hyènes guettant charognes, je n’ai pas vu un rassemblement déserter l’enceinte. Quand vous parlez de dessous intimes des étudiantes dans leurs propres chambres, vous ne trouvez pas cela extrêmement pervers ? N’est-ce pas malsain de se saisir d’une fille unique en robe rouge sexy pour semer le trouble ?
Honte à vous, eyna dinoukoum ?
Quelle serait votre réaction si l’on osait vous traquer dans vos jardins secrets ? Fatty et ses amies ne sont-elles pas plus tôt des filles en confusion à aider plutôt qu’à démasquer ? En tout cas, malgré les interdits qu’elles osent braver, elles ont cette générosité de l’esprit que vous puritaines à la noix ne comprendrez jamais, trop occupées à pister les défaillances des indigents.
Venons-en aux sources utilisées elles-mêmes, au montage juste assez rapide effectué à la fin pour que le téléspectateur ne découvre pas la duperie dans tout ça : des étudiantes trahis dans leur intimité (fi oukri darihoum) par des invités de marque qui se sont empressées d’exhiber sans vergogne ce qu’elles ont obtenu en toute confiance. Pire, elles ont conclu par induction. Des diablesses quoi, en d’autres temps, elles auraient mérité les quatre-vingt coups de fouet infligés dans le cadre de "el kadf bi lmohassanet". Combien d’étudiantes y a-t-il ? Faites le compte.
Par malheur pour toutes ces âmes bafouées, ça ne se pratique plus. Sauvées per le gong ? Que non ! Vous avez commis un gros délit, celui de la diffamation qui existe depuis le droit romain. Vous avez fait la publicité de faits privés, et qu’ils soient vrais ou faux, ils constituent une infraction au droit à la vie privée. Vous avez abusé de la confiance d’autrui. Remerciez Dieu qu’on ne soit pas aux USA où les peines se cumulent. Vous croupiriez à vie en prison. Dites à vos commanditaires de ne pas ouvrir ce genre de brèches, ça risque de donner de bonnes idées à des journalistes compétents qui iront forcer des cercles d’intimités plus influents. Et revenez la prochaine fois puisque vous l’avez promis avec une investigation constructive, ceci si vous arrivez à dépasser votre misère et à vous intéresser un tant soit peu à celle des autres. Si vous êtes à cours d’idée, approchez-vous juste un peu d’une plèbe mise à mal et vous serez largement servies. Je vous suggère par exemple un arrêt sur une jeunesse errante et itinérante, qui ne trouve réconfort qu’en une herbe qui fume contre des blocs de béton qui fulminent. Pourquoi dans un pays aux flancs si féconds en sont-ils là, à vomir leurs entrailles contre des édifices alibis ?
Mmmmmmm trop dur, trop compromettant aussi. Plus fastoche, retournez sur place, faites pénitence et conduisez une enquête sur les conditions de vie déplorables des étudiantes, Dieu peut-être vous pardonnera et toutes ces universitaires rappelées chez elles par des familles touchées dans ce qui compte le plus chez les gens simples, l’honneur !
Mais vous connaissant, gardiennes d’une morale équivoque, je suis sûre que vous préférerez aller débusquer les quelques prostituées qui hantent la conscience sociale et les écrouer avec vos sermons. Question de penchant et de connaissance du sujet aussi.
Houria Magha
Commentaires (1) | Réagir ?
La femme est l’avenir de l’homme, le déclaraient si bien Ferrat et Aragon
Qui oserait affirmer le contraire, mis à part ces porte-paroles du Coran ?