France : le rapport qui sème la panique à gauche

Le voile fait emballer la classe politique française
Le voile fait emballer la classe politique française

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a tenté de désamorcer le tollé provoqué par la publication d'un rapport proposant de repenser toute la politique d'intégration et d'assumer la dimension "arabe-orientale" de la France.

Ce document, qui doit servir de base à un séminaire gouvernemental début janvier sur une "refondation de la politique d'intégration", a été mis en ligne en novembre sur le site de Matignon et dévoilé vendredi par Le Figaro. Mais Jean-Marc Ayrault a assuré que ces propositions n'engageaient pas le gouvernement et a qualifié le président de l'UMP, Jean-François Copé, de "menteur" et d'"irresponsable" pour avoir accusé l'exécutif de vouloir ériger "le communautarisme en nouveau modèle pour la France".

"Ce n'est pas parce que je reçois des rapports que forcément c'est la position du gouvernement", a-t-il dit, en écartant catégoriquement le retour du voile à l'école, l'une des mesures préconisées. Comme ses collègues du gouvernement ayant commandé l'un des cinq volets du rapport, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a pris nettement ses distances et a appelé le président François Hollande à s'exprimer.

"Il aura l'occasion de s'exprimer parce que c'est le chef de l'Etat, et François Hollande l'a encore prouvé ces dernières semaines. C'est à lui de rassembler et sa parole est attendue", a-t-il dit sur BFM TV. L'UMP a vu dans ce rapport dont Jean-Marc Ayrault avait salué sur le site de Matignon "la grande qualité des travaux", une volonté de "faire de la France une société multiculturelle".

"Faire le tri"

Marine Le Pen, la présidente du Front national, a dénoncé pour sa part une grave provocation qui signifierait "l'abandon définitif du modèle républicain". Parmi les propositions controversées, la contestation de la suprématie de la langue française, avec l'étude de l'arabe et des langues africaines, l'autorisation du voile à l'école et la création d'un délit de harcèlement racial ainsi que d'une Cour des comptes de l'égalité.

Des rues et places pourraient être également nommées en écho à l'histoire des migrations et les programmes d'Histoire révisés, tandis que les médias se verraient interdire toute mention de nationalité ou d'appartenance ethnique.

S'opposant à une laïcité "orthodoxe", les auteurs estiment que ce qui fait le "vivre ensemble" ne doit pas être prédéterminé "par la société majoritaire et ses élites", mais être le fruit d'un processus à la fois ascendant et descendant. Ils préconisent aussi de revoir l'ensemble des circulaires et textes de loi "qui comportent des mesures discriminatoires ou dont les effets induits sont des processus discriminatoires".

Après la dissolution du Haut Conseil de l'Intégration en 2012, Jean-Marc Ayrault avait fait part de son intention de "renouveler en profondeur l'approche des questions d'intégration en France". Mais le travail des groupes qui ont rédigé le rapport est perçu comme excessif, y compris à gauche. Thierry Mandon, le porte-parole du groupe socialiste à l'Assemblée, a estimé qu'il faudrait "faire le tri entre une démarche salutaire et des propositions parfois jusqu'au-boutistes".

Reuters

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