Yasmina Khadra et Napoléon (II)

Yasmina Khadra, candidat à la présidentielle.
Yasmina Khadra, candidat à la présidentielle.

À une récente question sur le titre du dernier poème qu'il aurait lu ou relu, Yasmina Khadra a répondu sans tricher : «Cela fait longtemps que je n’ai pas lu de poésie. Les derniers poètes lus sont Mahmoud Darwich et Lamartine».

Par Mohamed Benchicou

Voilà qui ajoute de l'intérêt à la candidature aux présidentielles du plus célèbre écrivain algérien. Même s’il avoue ne pas lire souvent la poésie, la petite exception pour Lamartine vient nous rappeler qu’il partage avec ce dernier la sublimation des femmes et la détestation des médisants. Quant l'auteur des nouvelles méditations poétiques déclame qu'«Il y a une femme à l'origine de toutes les grandes choses», notre écrivain va plus loin et n'hésite pas à se faire désigner par le nom de sa propre épouse ! C'est une forme de courage qui a valeur de révolution dans un contexte social dominé par la misogynie et la puérile supériorité du mâle. C'est que, sans doute, comme Lamartine pour qui« Les poètes sont les voix de ceux qui n'ont pas de voix», Yasmina Khadra croit à la suprématie du verbe jusqu'à proclamer que «l'écriture est perçue comme un don du ciel l'obligeant, en échange de la grâce ainsi accordée, à remplir une mission», et cette voix, la voix de ceux qui n'ont pas de voix, c'est sans doute celle de la mère, femme de cette tribu saharienne qui savait conter les légendes à son fils, contribuant par l'oralité a forgé le futur écrivain. Sublimation de la femme encore et toujours ! Même s'il ne l'a pas beaucoup lu, il y a un peu du Lamartine avec cette fascination partagée pour l'écriture au point que Khadra s'en arme pour partir en guerre, à la recherche d'une consécration politique. Ne serait-ce que pour cela, l'annonce de la candidature de l'écrivain est une rupture salutaire avec les coutumes archaïques de la politique algérienne. «La gloire ne peut être où la vertu n'est pas» a, fort à propos, écrit Lamartine, «nos seules vérités, hommes, sont nos douleurs» et Khadra aquiesce qui martèle : «L'armée a servi l'écrivain que je suis. Je comprends mieux les choses que n'importe quel intellectuel parce que j'ai touché de mes mains la vaillance, la lâcheté, la terreur, le malheur ; j'ai vu des gens souffrir et des gens renaître de leurs cendres, j'ai rencontré le phénix dans l'armée. C'est ça qui me donne cette force.» Qui plus est, l'auteur de «L'attentat» se permet un pied de nez envers sa propre destinée : il ne postule pas à la présidentielle par la notoriété, ordinaire, du galon, comme l'aurait sans doute souhaité son père et comme l'aurait voulu la tradition de ce pays caporalisé, mais par la notoriété de la plume, celle-là dont il était le seul à croire durant toutes ces années de caserne pendant lesquelles il pratiquait la littérature en clandestin.

Tout ça, pour dire que Yasmina Khadra devrait s'intéresser un peu plus à Lamartine, à défaut de le lire plus souvent.

Le poète français, l'un des plus célèbres, sinon le plus célèbre, est la preuve incarnée qu'une popularité par la plume n'est pas convertible en assise électorale. 

Notre poète eut, en effet, l’idée de se présenter à l’élection du premier président de la république française de décembre 1848. Il avait en face de lui un Napoléon, en l’occurrence Louis-Napoléon Bonaparte, soutenu par le parti de l’Ordre (déjà !) et quatre candidats de second ordre mais fort connu puisqu’il ne s’agit pas moins que d’Eugène Cavaignac, Républicain, partisan de l’Assemblée Constituante, Nicolas Changarnier, Royaliste Légitimiste, Alexandre Ledru-Rollin, sans étiquette et François Vincent Raspail, socialiste. Lui, Alphonse de Lamartine postulait pour le titre de président de la république sans étiquette mais «opposé à la royauté»

Le résultat fut sans appel : sur 7 506 000 votants Alphonse de Lamartine obtint 21 032 voix soit un score proche de 0% et se plaça avant-dernier, derrière les Napoléon Bonaparte (5 587 759 voix) Eugène Cavaignac, Alexandre Ledru-Rollin, François Vincent Raspail. Il ne devançait que le candidat Nicolas Charles Garnier qui avait obtenu moins de voix que lui (4975 voix), l’épargnant du douloureux affront d’occuper la dernière place. Lamartine se présentait pourtant pas en débutant politique. Il avait derrière lui une flamboyante carrière de député puis de membres du gouvernement provisoire, grandit d’une gloire immense avec les mesures courageuses qui avaient été accueillies chaleureusement par la population telle abolition de l’esclavage, le suffrage universel, la liberté de la presse et de réunion, l’abolition de la peine de mort en matière politique etc. Dix départements se disputèrent l'honneur de l'envoyer à l'Assemblée nationale et lui donnèrent leurs suffrages.

Voilà ce que l’on pouvait lire à ce propos, de la plume d’un chroniqueur historique : «Cet homme était un mirage. Dupe de lui-même, d'ailleurs, il partageait l'erreur qu'il propageait, se préparant à lui-même et à la République le plus triste réveil. (...) Jamais homme ne fut en aussi peu de temps précipité du faîte de la popularité dans l'indifférence et dans l'oubli. Aux élections pour la présidence de la République, M. de Lamartine, qui avait jadis obtenu plus d'un million de suffrages, retrouva seulement une quinzaine de mille voix. La réaction ayant tiré de lui tout ce qu'elle en pouvait tirer, l'abandonnait. Les républicains, s'apercevant de son impuissance politique, déploraient leur erreur. L'opinion se retirait de ce héros d'un jour. L'Assemblée nationale n'écoutait même plus ses longs discours. Sa parole vide, impuissante, tombait dans des oreilles ennuyées. Ses propres illusions s'éteignaient les unes après les autres, comme les cierges du temple sous la main vulgaire du sacristain, après la messe. Il restait nul, isolé, découragé, enveloppé de ténèbres; il assistait vivant aux funérailles de sa propre gloire, parmi les derniers jours de cette république qu'il avait acclamée, et qui, elle aussi, s'en allait au cimetière. Quel songe amer, quelle funeste fin, cette fin sans grandeurs, sans tempête, sans incidents tragiques, sans quelqu'une de ces adversités dans lesquelles on sent l'impitoyable main du destin et qui ennoblissent l'infortune!».

Il va de soi que notre écrivain a plus de cran que le poète français puisqu'il tient à se mesurer au système napoléonien primaire, à l'état brut, sans le polissage démocratique ce qui, dira-t-on, diminue autant ses chances qu'il augmente ses mérites.

Fort heureusement il resta de Lamartine non pas le souvenir de la défaite électorale, mais celui du triomphe de la poésie, dont ces vers qu’on dirait écrits pour Yasmina Kadra :

Quand l'Arabe altéré, dont le puits n'a plus d'onde,

A plié le matin sa tente vagabonde

Et suspendu la source aux flancs de ses chameaux,

Il salue en partant la citerne tarie,

Et, sans se retourner, va chercher la patrie

Où le désert cache ses eaux.

Que lui fait qu'au couchant le vent de feu se lève

Et, comme un océan qui laboure la grève,

Comble derrière lui l'ornière de ses pas,

Suspende la montagne où courait la vallée,

Ou sème en flots durcis la dune amoncelée?

Il marche, et ne repasse pas.

Mais vous, peuples assis de l'Occident stupide,

Hommes pétrifiés dans votre orgueil timide,

Partout où le hasard sème vos tourbillons

Vous germez comme un gland sur vos sombres collines,

Vous poussez dans le roc vos stériles racines,

Vous végétez sur vos sillons!

M. B.

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Commentaires (11) | Réagir ?

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elvez Elbaz

La haine de soi et de son identité amazigh nord africaine jusqu’au plus profond des abysses nauséeuses de l’humain !

Un knadsi, métissage entre les tribus bérbéres nomades et leus serviteurs venus de l’afrique noire, qui éructe, toute honte bue, partout où un micro lui est tendu, qu’il est ARABE ET QUE L ALGERIE EST ARABE... !!

Sa derniére imposture, aprés sûrement s’être rendu à l’évidence de ses "éructations nauséeuses dans le déni identitaire amazigh , c’est de s’enfoncer encore plus dans la falsification historique coutumiére à ses "leurs ancêtres les arabes" pour solder par le mensonge historique des vainqueurs que les peuples d’algérie sont berberoarabes donc arabes !!! Il est vrai que cet envahisseur venu de l'asie mineure en peninsule arabique, un maléfique jour du 7e siécle pour s'emparer des terres amazighs nous a déjà habitués à son histoire falsifiée comme par exemple lorsque des imposteurs es histoire nous mentaient dans leurs manuels en affirmant que dyhia (kohena) , la résistante amazigh à okba et ses fréres coloniaux arabes, vaincue avait demandé à ses enfants de S'ARABOISLAMISER!!!! L HISTOIRE ECRITE PAR LES VAINQUEURS au détriment des pauvres vaincus, en l'occurence les peuples amazighs.

Un mutant des "antropophages "us et coutumes coloniales arabomahométanes, asiates et orientales, archaïques et inadaptés au génie humain créateur de civilisations qui, si elles ont le malheur de tomber dans l’escarcelle araboislamiste colonial de ces us et coutumes arabes, seront détruites et leurs peuples réduits à "vivoter" dans des états de déliquescence terreau fertile pour que le joug mahométan puisse tenir tenacement ses colonisés.

Ainsi ont trépassé les civilisations pharaoniquocopte gyptienne, perse, judeochrétienne arameenne de ces peuples chrétiens et araméeens du liban, de la syrie, de la mésopotamie biblique irakienne, et surtout de notre civilisation amazigho nord africaine, diluée mortellement dans l’araberie juqu’à presque "la disparition’de l’amazigh en général et de notre kabylie en partriculier

Que l’avenir nous dira que Ce mutant issu du merveilleux peuple knadssi du côté de "bechar", peuple de métissage entre les tribus berberes et des tribus d’afrique noire, qui s'invente une identité arabe, a un négre ou une négresse", ne nous étonnerait guére, ne disait il pas que "bouteflika" aprés l'avoir reçu qu'il venait de lui donner "une grande leçon de démocratie"!!!!! et à la question pourquoi a t il accepté de diriger le CCA il répondit :Parceque bouteflika me l'a demandé et en tant que arabe et bedouin je ne sais pas dire non!!!!!!!

Bouteflika et son clan lui ont il demandé de servir comme liévre? Comme ce clan dit présidentiel sait que mohamed moulesshoul ne sait donc pas dire NON..........., alors?

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urfane

Ci-joint, un extrait d'un poème "l'automne" de De la Martine :

Je voudrais maintenant vider jusqu'à la lie

Ce calice mêlé de nectar et de fiel !

Au fond de cette coupe où je buvais la vie,

Peut-être restait-il une goutte de miel ?

Peut-être l'avenir me gardait-il encore

Un retour de bonheur dont l'espoir est perdu ?

Peut-être dans la foule, une âme que j'ignore

Aurait compris mon âme, et m'aurait répondu ?...

et, une citation de Lampe aux néon :

« On gouverne mieux les hommes par leurs vices que par leurs vertus. »

Ceci, pour dire que notre illustre apprenti scribe et bouffon du roi est peut-être, à certains égards, adepte de Napoléon mais, en revanche, loin des cimes poétiques de Lamartine.

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