La première fois où j'ai goûté une pêche blanche, elle m'a été offerte par mon grand-père, mort étouffé par une glaire en 1967.

Ce grand-père, venu au monde en l’an 1896, avait vécu plusieurs guerres.

Ancêtre. C'est ainsi qu'on nomme ceux qui nous ont précédés.

Je suis né dans le respect, qualité morale qui m'a été donnée par les années de misère et vécus dans mon pays.

En 1957, je ne me souviens pas du mois, l'armée française a dévasté mon village.

Elle l’a laissé nu. Pauvre.

Un demi-siècle plus tard, me voici installé confortablement dans le salon de Bernard.

A ma droite est posé Ismaïl.

Bernard est un Français qui a peut-être croisé mon père ; c'est un vieil immigré attendant la mort.

Ismaïl le sait-il ? Lui est Kurde d'identité, descendant du dey Hussein. Bernard était à côté d’Ismaïl, représentant hasardeux de la régence turque. A sa gauche, Bernard, sans doute héritier de colons français. Il y avait aussi Karima, une simple Algérienne, une Algérienne simple. 

D'autres personnes sont arrivées pour nous accompagner dans ce délire:

Younès de Dubaï et Katy d’Aubervilliers.

Voilà comment le monde est fait. Voila ce que ne veut pas comprendre Obama.

Voilà ce que ne veut pas comprendre François Hollande.

Voilà ce que, sans doute, a compris Manuel Valls.

Voilà ce que Marine Le Pen continuera à reprocher à la France. Ce plaisir d’être ensemble, ce désir d’être solidaire, ce projet de vivre en harmonie, diable ! Français, poètes et bougnoules réunis.

La France a été usinée par les bougnoules. Elle en aura toujours besoin.

Allez les Bleus !

Meziane Ourad