RD Congo : l'armée s'est emparée de la dernière place forte du M23
L'armée congolaise a pris mercredi le contrôle de Bunagana, dernière place forte et fief politique du M23, dans l'est de la République démocratique du Congo, poussant les rebelles à se réfugier dans les collines alentour ou en Ouganda.
Depuis 14h00 GMT environ, "Bunagana est totalement sous notre contrôle", a déclaré à l'AFP Lambert Mende, porte-parole du gouvernement congolais. Les circonstances de la prise de la ville restent floues. M. Mende a affirmé que l'armée avait commencé à combattre tôt le matin, alors que le général Carlos Alberto Dos Santos Cruz, chef de la force militaire de la Mission de l'ONU pour la stabilisation de la RDC (Monusco), avait indiqué en fin de matinée que la situation était "calme" sur ce front.
Bunagana est située à la frontière avec l'Ouganda, à un peu plus de 80 km au nord de Goma, capitale du Nord-Kivu, riche province aux ressources minières et agricoles convoitées. Quand la localité est tombée, les rebelles "ont décroché et certains se sont repliés sur les collines de Mbuzi et Chanzu, d'autres sont partis en Ouganda", a précisé M. Mende.
Après Bunagana, l'armée devrait s'attaquer aux derniers bastions du M23, situés à quelques kilomètres dans les collines verdoyantes de Chanzu, Mbuzi et Runyonyi, à environ 2.000 mètres d'altitude. Selon divers témoignages, quelques centaines de combattants s'y regroupent depuis mardi et semblaient consolider leurs positions mercredi après-midi. Selon le lieutenant-colonel Olivier Hamuli, porte-parole de l'armée pour le Nord-Kivu, le commandement compte "établir l'attaque sur Chanzu" à partir de Rutshuru (80 km au nord de Goma), ville reprise dimanche à la rébellion et où se regroupaient des chars de combat.
En attendant l'assaut, les Forces armées de la RDC (FARDC) affinaient "toujours leur dispositif", d'après un officier de la Monusco qui fournit aux troupes gouvernementales un soutien en matière de renseignement, d'observation et de planification.
Effrayés par les préparatifs militaires, environ 5.000 réfugiés ont traversé la frontière depuis lundi, a déclaré Lucy Beck, porte-parole du Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) dans le sud-ouest de l'Ouganda.
Près de Goma, différentes sources humanitaires ont enregistré quelque 22.500 nouveaux déplacés ayant fui de chez eux depuis vendredi, jour de la reprise des combats entre l'armée et le M23, dont on ignore les bilans en termes de blessés et de vies perdues. Le M23 est né en avril 2012 d'une mutinerie d'anciens rebelles, essentiellement tutsi, intégrés dans l'armée en 2009 après un accord de paix. L'ONU et Kinshasa accusent régulièrement l'Ouganda et le Rwanda de le soutenir, ce que réfutent Kigali et Kampala.
Le chef de la branche politique des rebelles, Bertrand Bisimwa, qui occupait une maison littéralement collée à la frontière à Bunagana, est passé en Ouganda. "On lui a envoyé un hélicoptère pour le ramener à Kampala, et il est ici pour faciliter les négociations de paix", a indiqué le colonel ougandais Paddy Ankunda, porte-parole du ministre ougandais de la Défense Crispus Kiyonga. M. Kiyonga est le médiateur des pourparlers qui ont lieu dans la capitale ougandaise entre le M23 et Kinshasa. En dépit de la suspension de ces négociations le 21 octobre, les deux parties maintiennent à Kampala des délégations "techniques".
Selon Roger Lumbala, chef adjoint de la délégation du M23, des discussions devaient avoir lieu dans l'après-midi. "Je crois que (...) demain ou après-demain, il y aura la signature d'(un)accord", a ajouté M. Lumbala.
A l'occasion d'une allocution télévisée à la Nation, le président congolais Joseph Kabila a déclaré dans la soirée que "le succès de la contre-offensive" contre le M23 n'avait "pas pour conséquence de rendre caduques les options politiques et diplomatiques en vue de rétablir une paix durable"
Le chef de l'Etat a néanmoins appelé une nouvelle fois les rebelles à "se démobiliser volontairement" faute de quoi les autorités congolaises n'auront selon lui "d'autre option que de les y contraindre par la force".
AFP
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