Les fuites se déversent de tous les côtés et la rumeur ne cesse de gonfler sur l’éventualité de la tenue d’un tel meeting populaire à une date aussi symbolique, en l’occurrence le 1er novembre, qui plus est sur une place non moins symbolique, celle des martyrs. Tout un défi au pouvoir en place depuis l’accès de l’Algérie à son indépendance. Les citoyens et militants qui se sentent concernés en premier lieu par cette action ne sont certainement pas loin d’être en train de se préparer en conséquence.

En effet, après plusieurs rencontres de concertation marathon entre les différents membres de ce leadership, dont certaines ont étaient relatées par la presse ces derniers jours, notamment celles entre Benbitour et Mohcine Belabbas et entre ce dernier et Sofiane Djilali, ainsi que les membres du collectif contre un 4° mandat de Bouteflika, mené par Abdelaziz Rahabi, un mot d’ordre sans appel et sans ambiguïtés a été arrêté : user du droit constitutionnel de la liberté de réunion en organisant un meeting populaire sur la place des martyrs d’Alger le 1° novembre, dans un premier temps, pour ensuite porter cet appel à la mobilisation citoyenne sur les places des martyrs des autres villes du pays tout le long de la campagne électorale pour les présidentielles d’avril 2014.

Beaucoup de leaders de partis politiques démocrates et de personnalités indépendantes, animés par la volonté de redresser le fonctionnement de l’État et de mettre fin à l’errance politique du système de pouvoir mis en place illégalement au tournant de l’indépendance nationale, continuent à affluer à ce jour autour de ce noyau de leadership. Mettant de côté provisoirement leurs différents projets de société et transcendant avec lucidité et esprit de responsabilité leur «moi», qui les empêchais à ce jour de se rassembler pour constituer un front uni contre le pouvoir dominant.

Les membres de ce leadership estiment qu’il n’est pas nécessaire de demander d’autorisation préalable pour l’exercice de ce droit constitutionnel, qui est la liberté de réunion. Ils considèrent qu’une telle demande ne peut aboutir, parce que le pouvoir en place viole systématiquement ce droit et rejette toute initiative qui ne sert pas directement ses intérêts, et qui viendrait contester l’hégémonie du système de pouvoir à travers lequel il exerce sa domination politique sur la société.

D’autant qu’ils considèrent que la société algérienne court le danger de son implosion imminente, à cause des différentes crises structurelles qui l’accablent, résultant de la persistance de la non gouvernance de ce pouvoir et l’arbitraire qui caractérise son fonctionnement, par la violation permanente de différentes dispositions de la constitution. Alors ils s’estiment en droit de lui opposer, avec l’appui et le soutien de la société, le devoir de prendre en charge le destin de la Nation, en lui contestant la confiscation de l’État, et en continuant à figer les institutions par leur immobilisation et leur neutralisation dans un autisme irresponsable. 

Ils s’engagent à mener campagne pour les présidentielles d’avril 2014 à partir du 1er novembre 2013, collectivement, en organisant des meetings sur les places des martyrs des villes algériennes, pour sensibiliser et mobiliser la société.

Leur objectif immédiat est d’exister en tant que leadership, dans la perspective de désigner un candidat unique pour s’opposer au candidat de l’alliance des partis politiques désignés par le système de pouvoir dominant. Leur action est soutenue par «un code d’honneur»,* proposé par Ahmed Benbitour lors des concertations préparatoires, qui est actuellement en débat pour approfondissement et approbation. A ce jour, la tendance dominante de ce rassemblement préconise l’organisation d’une constituante en cas de victoire, pour la refondation de l’État et des institutions, à laquelle participerons toutes les parties qui rejoindront ce mouvement et s’engagerons dans la bataille pour les présidentielles de 2014, de manière active et déterminée, par le refus de la fatalité, pour mettre fin à la confiscation de l’État et à la restitution de la souveraineté au peuple.

Ils s’engagent notamment à continuer leur action, en entendant exercer leur droit légitime de réunion publique, quel que soit la réaction contraignante du pouvoir, pour les empêcher de la mener jusqu’à l’objectif préconisé, y compris par l’intimidation ou par la répression à travers la violence et l’emprisonnement.

Youcef Benzatat