Les Amazighs libyens ferment un gazoduc pour revendiquer leur identité
Un gazoduc alimentant plusieurs stations électriques des villes libyennes était fermé mardi pour la troisième journée consécutive par les Imazighen. Ils réclament la révision d'une loi pour faire valoir leurs spécificités culturelles dans la Constitution.
Rien ne va plus entre les nouvelles autorités de l'Etat central en construction et les Imazighens. Le gazoduc situé à 50 km de la ville de Nalout (ouest) est toujours fermé par des ex-rebelles Amazigh de la région de Djebel Nefoussa, a indiqué à l'AFP le président du Conseil local Salah al-Gharada. Selon lui, ce sont des thowars (ex-rebelles) de la région qui ont fermé le gazoduc pour réclamer la révision de l'article 30 de la Déclaration constitutionnelle stipulant que la majorité au sein de la commission constitutionnelle s'établit au deux tiers plus un. Avec cette majorité les Amazigh ne pourront pas faire valoir leurs droits dans la future Constitution, a-t-il dit car avec les autres minorités des Toubou et des Touareg, ils ne disposeraient que de six sièges sur les 60.
Selon ce même responsable, les Amazigh ont proposé l'organisation d'un référendum pour les questions relevant des spécificités culturelles des minorités ou l'adoption du principe du consensus au sein de la commission constitutionnelle. Le Congrès général national (CGN) a proposé d'amender l'article 5 de la loi électorale de la commission constitutionnelle pour y introduire le principe du consensus, mais cette proposition ne satisfait pas les revendications des Amazigh, a-t-il ajouté.
Le CGN, plus haute instance politique du pays, a présenté dimanche le projet d'amendement de l'article 5 mais n'a pas atteint le quorum de 120 députés pour son adoption, a indiqué le porte-parole Omar Hmeidan. "Le texte proposé par le CGN est une manoeuvre politique", a estimé le président du Conseil des Amazigh, Nouri Charoui, tout en se démarquant de la fermeture du gazoduc.
"Nous avons décidé depuis la manifestation du 13 août devant le CGN, de geler toute action pour permettre la satisfaction de nos revendications", a-t-il déclaré à l'AFP, mais le CGN n'est pas animé par une volonté réelle de résoudre la question.
Les minorités Toubou, Amazigh et Touareg, qui réclament l'inscription de leur langue et de leurs droits culturels et ethniques dans la future Constitution, avaient annoncé en juillet qu'elles boycotteraient l'élection de la commission constitutionnelle. En exécution de menaces de désobéissance civile pour faire pression sur le CGN, des Amazigh avaient saccagé en août une salle de l'Assemblée et ont fermé en juillet l'oléoduc traversant Nalout et alimentant le complexe gazier de Millitah. Malgré tout, le Congrès général national rue dans les brancards et continnue d'ignorer les revendications amazighes.
R.N./AFP
Commentaires (5) | Réagir ?
Pour rappel : ce n'est pas djebel Nefoussa mais bien, adhrar nefoussa. l'arabisation, no passaran!
ça, oui, c'est une info intéressante.