Luis Martinez : "Bouteflika pourrait être président jusqu'à la fin de 2015"
Luis Martinez est Directeur de recherche au CERI-Sciences Po. Il analyse dans cet entretien accordé au quotidien français Les Echos, la situation du pouvoir algérien.
Quelques jours après l'énorme remaniement ministériel, la situation vous paraît-elle plus claire ?
En procédant à ce changement, Abdelaziz Bouteflika rappelle qu'il est rentré et qu'il remet de l'ordre dans la maison. C'est son territoire qu'il marque à nouveau. Pendant son séjour à Paris, la presse a divulgué plusieurs affaires de corruption touchant des personnes très proches du président. Cela ressemblait à une coalition orchestrée par les services secrets pour déstabiliser le président en exercice. Le fait qu'Abdelaziz Bouteflika place désormais ces mêmes services de renseignement sous la tutelle du ministère de la Défense constitue un signal fort, montrant qu'il remet cette structure sous ses ordres.
La nouvelle Constitution pourrait prolonger le mandat présidentiel de deux ans. Il n'y aurait donc pas d'élection ?
De toute évidence, il est difficile aujourd'hui pour le président de briguer un nouveau mandat. En revanche, la prolongation de deux ans de son mandat par une modification de la Constitution ne pose pas de problème. Ce n'est pas la première fois qu'on fait une entorse à la loi fondamentale ! J'ajoute qu'en Algérie, le Parlement est de moins en moins souvent appelé à se prononcer, le pays est gouverné à plus de 90 % par des décrets présidentiels. S'il s'agit du schéma retenu, on peut penser qu'Abdelaziz Bouteflika pourrait être président jusqu'à la fin de 2015. Enfin, cette période supplémentaire de deux ans peut arranger tout le monde. Quant au président Bouteflika, cela va lui permettre d'achever ce qu'il a mis en place, comme la mise sous tutelle des services de renseignement. Et peut-être aussi de préparer sa succession. Elle est aujourd'hui d'autant moins ouverte qu'il n'a pas de dauphin. Il n'y a que des outsiders traditionnels qui attendent leur heure.
Quelle vision a-t-il pour l'Algérie de demain ?
Le pays se trouve dans la même situation que sous Houari Boumediene dans les années 1980, avec des finances gonflées par la rente pétrolière et une population finalement peu satisfaite. Bouteflika n'a pas cherché à diversifier l'économie, comme l'a fait par exemple l'Indonésie, un autre pays pétrolier. Il n'a pas non plus tenté de rassurer les investisseurs étrangers. Le gaz est le principal produit d'exportation. Mais que se passera-t-il si le gaz de schiste se développe ailleurs ? En outre, l'Algérie a été desservie par la prise d'otages d'In Amenas au printemps, qui s'est terminée de façon tragique. La question qui se pose aujourd'hui consiste plus à savoir ce que va être l'Algérie de demain que l'après-Bouteflika. Car l'armée lui trouvera toujours un successeur.
Michel De Grandi/Les Echos
Commentaires (8) | Réagir ?
le pape a trop de choses à faire fissa come pardonner aux gays marier les pretes pour s'occuper du desert algerien et cheikh boutef, non ce Martinez ça sonne andadou et avec le flouss du gaz nos rais vont la recoloniser non l'acheter grace à la crise, enfin c'est boukou compliqué notre bled meskine Martinez trop jeune pour parler de nos vieux
pour rappel boumediene est mort en 1979 alors les années 80 c'est plutot chadli n'est ce pas?
Boumediène est mort officiellement le 27 Décembre 1978 à moins que... on ne sait jamais avec la mafia. Ils peuvent garder un corps longtemps avant d'annoncer sa mort ou tuer politiquement un vivant avant qu'il ne décède ou cacher un mort dans une cave. Tout ça est déjà arrivé. Je rappelle quand-même la date officielle !