Une dose de morphine pour saluer le dernier redressement historique du FLN

Belkhadem et Saadani.
Belkhadem et Saadani.

Le FLN jette les amarres au quai d’un multipartisme sans démocratie. Le retour de ce front au fameux article 120 sur la scène de la politique aux couleurs de l’halloween après une longue dérive post-indépendance due à des luttes intestines qui ont fait ressurgir le spectre de la démobilisation, de la désorganisation et du zaïmisme.

Le FLN, un géant de la révolution de novembre réduit à une navette spatiale pour légitimer les uns et déporter les autres vers l’inconnu. Un premier secrétaire général, Mohamed Khider, assassiné le 4 janvier 1967 en Espagne pour son opposition à la ligne du parrain. La politique du crime est mise en place pour museler le peuple à jamais. 

Un deuxième secrétaire, Ahmed Ben Bella qui termina son folklore aux orientations du nassérisme dans une prison à vie le 19 juin 1965. il sirote un silence absolu dans une résidence surveillée et retrouve dans sa captivité la sagesse et la ligne de séparation entre le bien et le mal. 

Un troisième secrétaire, Chérif Belkacem, un homme du terroir qui refusa la politique de la terre brûlée et met fin à sa carrière politique à l'âge de 44 ans. Se retire de la vie politique et tourne son dos à son passé révolutionnaire.

Un quatrième secrétaire, Kaïd Ahmed, un homme d’Etat poussé à l’exil par Boumediene pour ses convictions et ses divergences sur le choix politique, économique et social imposé au peuple de l’Algérie.

Un cinquième secrétaire, Mohamed Salah Yahiaoui , un des concepteurs du coup d’Etat du 19 juin 1965, qui installa une dynamique d’avant-garde et courtise la jeunesse autour du pole du patriotisme. À la mort de Boumedienne, il découvre qu’à la nuit du 19 juin 1965, ce dernier et ses acolytes avaient prévu de fuir le pays en cas d’échec de sa tentative de destituer Ben Bella. Mohamed Salah Yahiaoui, qui n’a su la chose que 13 années plus tard, a tiré une conclusion : "Cette opération a montré, une nouvelle fois, que nous étions toujours considérés, nous dirigeants de l’intérieur, comme second collège."

Un sixième secrétaire, Mohamed Chérif Messaâdia, L’homme coule du palais Zirout Youssef, il dirigea avec art et perfection les organisations de masse, proche de l’UNFA, un grand orateur qui s’imposa avec ruse et courtoisie.

Je regarde ma boîte de morphine pour plonger dans les sensations de ruse et de courtoisie, je préfère terminer mon ouvrage et ne pas rater ma dernière marche d’escalier.

Un septième secrétaire, Abdelhamid Mehri, un homme qui mérite beaucoup de respect pour sa droiture et son attachement aux valeurs démocratiques. Un homme d’Etat, propre, sincère et militant des causes justes. Il refusa de partager le carré des martyrs par conviction et préféra rejoindre le peuple au petit cimetière de Sidi Yahia.

Un huitième secrétaire, Boualem Benhamouda, un homme qui a gouté à la majorité des portefeuilles ministériels, possède et héberge des connaissances de l'avant et d'après novembre. Un farouche opposant à Abdelaziz Bouteflika, connu par son réquisitoire suivant : “Je n’ai pas vu de par le monde, un président d’une République démocratique désigner un Chef de gouvernement d’un parti qui n’a que 48 sièges à l’Assemblée”. À propos de la concorde civile, il reproche à Bouteflika le fait qu’il parle tantôt de concorde tantôt de réconciliation nationale, un fait qui n’est pas dénué, selon lui, “d’arrière-pensées et fait douter de ses véritables intentions”.

Un neuvième secrétaire, Ali Benflis, Un homme de changement et de paix, victime de son courage et de sa franchise, écarté par Boutefika de la sphère de la politique publique par crainte de perdre sa popularité et une partie de son espace public.

Un dixième secrétaire, Abdelazziz Belkhadem. Un homme à tout faire, au parlement entre 1977 et 1992, il fait voter le Code de la famille en 1984. Député, vice-président et président de l’APN. Ministre des affaires étrangères puis ministre d’État, premier ministre le 24 mai 2006 et finalement relevé de sa fonction le 23 juin 2008, il continue son parcours de montagnes russes pour tomber en chute libre par retrait de confiance. Un onzième secrétaire vient d'hériter de l'ancien parti unique. Amar Saadani, la voix de ses maîtres, est désigné pour obéir et exécuter des besognes précises. Sans envergure politique ni aura, il traîne en revanche des casseroles qu'il est difficile d'oublier.

Depuis 2005, Abdelaziz Bouteflika prend le parti en main à titre de président d’honneur, gèle ses activités et lui offre un voyage en croisière à travers les pays du printemps arabe, pousse à l’usure ses militants et installe un homme de sérail. Le FLN est de nouveau à la croisée des chemins, un redressement historique en vue de préparer une autre supercherie pour une autre élection présidentielle à la dimension des 57 milliards de dollars disparus par le chemin de la corruption. La montagne accouche d’une souris pour un onzième secrétaire général. 

Je m’excuse pour mon gribouillage, je prends ma dose de morphine pour aller rejoindre le sommeil profond de mon peuple. 

Démos et Brahim Gater

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Commentaires (3) | Réagir ?

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chilmoune

Tant que les puits de pétrole fonctionnent pour remplir les comptes de la nomenklature interne et externe (multinationales impliqués dans les contrats juteux avec SONANTRACH).

Et tanq que le peuple est anestiséié par la nomenklatura interne avec avec cette meme ressource pétroilére, les ZIGOMARS auront une longue vie pleine de bonheur dans ce pays.

Quand le peuple a un ventre vide et une tete vide, l'avenir c'est el kaida des G8, un point c'est tout.

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Moha Mohmoh

Si il reste un minimum de nif chez les Algériens, les kasma et les mouhafadha devraient etre brulées sur tout le territoire national. Dans le cas contraire, ce serait la preuve que nous méritons notre sort et que les Kabyles et les Arabes sont vraiment faits pour vivre ensemble car jamais une Kabylie authentique n'aurait accepté que le sang de ses chouhada soit souillé par cette maffia.

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