Les Innocents
C'est la rentrée scolaire pour nos bambins. Ils viennent juste d'achever un bel été et c'est à se demander si ce ne sont pas eux, qui sont les premiers à attaquer aussi la rentrée sociale alors que le pays semble figé et paralysé par la maladie de Bouteflika.
On a tous le coeur gros quand on les voit joyeux, bien habillés et portant amoureusement leurs cartables. Comme leurs parents devaient être fiers d'eux ! Quels parents ne le seraient pas ? Quelque part au fond de nous, nous voulons tous des enfants parfaits qui réussissent à la perfection, des enfants qui performent et s'élèvent au dessus des autres. Comme si notre réussite comme parent dépendait uniquement du succès de nos enfants à l'école, dans leurs loisirs et plus tard dans leur travail.
Pour certains d'entre eux -ceux de la première année-, c'est le début d'une nouvelle vie, d'une nouvelle expérience. Ils vont rencontrer pour la première fois leurs instituteurs qui ne doivent pas badiner avec la discipline rigide comme l'usage le veut malheureusement chez nous, où on continue encore à frapper les écoliers, les profs veulent s'imposer dès le départ. De nouvelles classes, des nouvelles directives (On vient d'alléger les cartables) et le défi de gober de la matière encore plus lourde et plus avancée que l'année précédente. Et il faut réussir.
Cruel paradoxe !
Dans un monde politique pourri, dans un monde où tout se négocie, où tout s'achète. Dans un monde où la trahison, le retournement de veste, l'hypocrisie règnent en maîtres absolus. Dans un monde où la corruption a été érigée en institution où tout se monnaye y compris la destinée de tout un peuple ,sans aucune honte et sans scrupules, nos chérubins continuent à défier le temps et nous donner des leçons de courage et d'abnégation.C'est beaucoup pour ces tout-petits qui, en un seul jour, passent de la grande oisiveté estivale à la stricte réglementation scolaire.
Souvent quand les adultes parlent de guerre, de corruption, de l'AVC de Bouteflika, de Chakib Khélil, de Bedjaoui, de Saidani, du FLN, de Ghoul, des milliards détournés, je pense à ces petites oreilles chastes et innocentes qui entendent toutes ces âneries et qui doivent bien s'attendre à ce qui les attend plus tard. C'est bon de les garder loin des luttes partisanes, loin du monde traumatisant des adultes.
Malgré eux ces enfants vont évoluer dans un monde sans démocratie, dans un monde dominé par la Hogra et le piston, dans un monde où ils ne peuvent pas s'épanouir correctement et montrer leurs aptitudes. Un monde sans justice où dominent le culte du chef, le fait du prince, le parti pris, l'absence de toute transparence et de toute objectivité. Un monde où c'est le président qui incarne l'état et les institutions, un monde où le président, ses frères, ses amis, son entourage sont au dessus de la loi. Des lois faîtes par lui, pour lui et qu'il sera le premier à transgresser à violer et à bafouer lorsque ses intérêts se trouveraient menacés.
Nos enfants ont leur stress eux aussi. Il faut les protéger et bien les entourer. Nos enfants, c'est notre plus grande richesse, notre plus grand trésor, le plus beau cadeau. Ils sont notre oxygène, ils sont la vie et la vie c'est l'espoir et beaucoup d'espoir repose sur leurs frêles épaules. Essayons de ne pas les étouffer, de ne pas les traumatiser davantage. Laissons-les vivre dans leurs univers à eux, jouir de leur enfance, en toute innocence.
Farid Hassan
Commentaires (5) | Réagir ?
Il faut protéger nos enfants contre les violences et les turpitudes des charlatans et des tartufes cachés en chaque enseignant, en chaque imam et en chaque vieux parent, il faut refuser qu'ils leur enfilent le djilbab de l'esprit, cet enfermement idéologique qui obstrue leurs horizons et qui leur empêchent de s'ouvrir sur le monde extérieur. Il faut en faire des hommes adultes à l'esprit rationnel et critique vis-à-vis de l'autre, leur insuffler l'autonomie de jugement et le déterminisme des faits de telle sorte qu'ils puissent eux-mêmes marquer leur destin et en être les propres constructeur de leur avenir. Il faut les sauver des fausses illusions et du sabot du mektoub qui annihilent leur énergies et en font d'eux des esclaves à vie. " L'homme nait naturellement bon, c'est la société qui le déprave " J. J. Rousseau.
Bouteflika aussi a été un enfant - forcément innocent - le milieu dans lequel il a passé son adolescence est sûrement une des circonstances qui ont en fait ce qu'il est aujourd'hui. Autant que beaucoup d'autres, la totalité. Le Prophète (qssl) a dit que les enfants naissent sains, purs dans leurs âmes, innocents (dans le sens de musulmans) mais leurs parents les rendent, par leur comportement, leurs convictions, chrétiens, juifs ou zoroastriens. Dans un autre hadith aussi authentique " agissez, chacun est prédestiné pour la mission pour laquelle il a été créé ".
Le problème réside en "notre" conception du libre arbitre. L'homme veut, souhaite, s'imagine mais c'est le Decrét Divin qui se réalise. Si les Algériens "pouvaient", il y a bien longtemps que Bouteflika aurait goûté aux fruits mûrs de son tab jenanou parce qu'une majorité clame son départ