Depuis quand nos dirigeants tirent les leçons des erreurs passées ? (2e partie)
La compression des effectifs et la libéralisation sauvage des salaires ont vulnérabilisé l’immunité du corps social pour permettre à des Azzoug, Moumen Khalifa, Sawaris, Khelil et les barons de la maffia politico-financière de s’y incruster facilement pour manœuvrer à leur aise.
2- Du sureffectif des organismes restructurés
Le sureffectif en Algérie est la conséquence directe de la politique de plein emploi menée dès la promulgation du premier plan triennal et qui prévoyait l’emploi de toute la population masculine algérienne (1). Ceci paraissait logique étant donné le sens même de la révolution armée qui aspirait à l’épanouissement du citoyen algérien après une souffrance de plus d’un siècle d’indigénat. Les sociétés nationales restructurées avaient des objectifs politiques, celui de servir d’assise à l’indépendance économique de l’Algérie. Il était donc demandé aux salariés de les défendre comme des acquis de cette nouvelle bataille après celle armée. Parler donc comme l’ont fait ces technocrates de rentabilité et sur la base de simples opinions «mimétistes» les a dérouté. Les objectifs deviennent peu clairs, l’Etat qui assurait aux salariés presque tout (emploi, salaire, logement, règle leurs problèmes sociaux etc.) se désengage progressivement de leur environnement. L’erreur réside dans le fait d’avoir imposé un traitement économique aux problèmes du sureffectif alors qu’il est principalement et éminemment politique. Il s’agissait d’affectation arbitraire, de reconversion forcée voire de dislocation sociale. L’alliance est donc rompue. Sont apparues des fissures dans la cohésion sociale qui ont permis aux dysfonctionnements qu’on est en train de subir aujourd’hui, de s’enraciner.
Cette déroute a rendu l’Algérien au travail narcissique, replié sur lui-même et complètement désintéressé de l’intérêt général. Il ne pense qu’à lui et à son entourage immédiat et il fertilise ce comportement acquis envers sa progéniture, ce qui explique l’esprit du gain facile chez les jeunes aujourd’hui. Les entreprises issues de la restructuration y compris Sonatrach ont été totalement noyautées par des recrutements familiaux lorsqu’ils ne sont de complaisance. Est instauré un processus d’encanaillement qui fait grossir ces cercles pour les rendre un champ de bataille favorable à la corruption mais très loin des objectifs de rendement tel que souhaité par ces technocrates. Pourquoi s’étonne t-on aujourd’hui que dans les dossiers de corruption en cours comme celui de Sonatrach I et II, lorsqu’un dirigeant est impliqué c’est toute sa famille qui le suit. C’est le cas de certains PDG de Sonatrach, de l’épouse du vice président commercialisation, la femme et les deux enfants de l’ancien ministre de l’énergie et des mines, le responsable de Direction Engineering et Construction de`Sonatrach qui s’occupe l’estimation des coûts des projets et sa femme, elle des contrats de soumission (2). Et ceci n’est que l’arbre qui cache la forêt. De la même manière les procès liés à la corruption sont fortement médiatisés mais n’aboutiront jamais en Algérie. Qu’avons-nous retenu de l’affaire Khalifa ? Les larmes d’émotion de la juge en charge du dossier, de l’acquittement total des cadres dirigeants qui ont reçu des enveloppes sous différentes formes. Le secrétaire général de l’UGTA qui «assume». Le ministre qui a autorisé cette banque s’est trompé de champion. Le golden boy lui-même ne peut pas être extradé de la Grande Bretagne. Par contre, les seuls perdants restent ceux qui ont fait confiance à l’Etat pour déposer leurs économies qu’ils ne récupéreront sans doute jamais. Les affaires en cours risquent de suivre le même cheminement si des changements profonds ne se produisent pas dans la société.
3- de la libéralisation des salaires
Il a fallu de nombreuses années après l’indépendance pour qu’enfin l’Algérie ait son propre code de travail. En effet, la loi du 5 août 1978, portant Statut Général des Travailleurs (SGT) remplace l’ordonnance du 2 juin 1966, elle-même issue de celle coloniale du 4 février 1959. Cette loi introduisait un système unique qui couvre toutes les activités de l’Etat et ses prolongements. Elle n’établit aucune différence de fond entre le secteur économique et administratif. Ceci paraissait aux yeux de ses initiateurs cohérents, étant donné les objectifs politiques assignés aux uns et aux autres. Pour l’approche technocratique, à partir du moment où il s’agit maintenant de rendre les activités plus compétitives, le SGT est apparu comme «un seul costume pour toutes les tailles» et donc les salaires devront être non seulement libérés mais aussi liés à la productivité et la performance de chacun. L’idée paraissait séduisante au départ mais dans les faits on a libéré les salaires en gardant le même mécanisme de régulation. En effet, le SGT a été remplacé par la loi 90-11 portant relation de travail amendée à deux reprises uniquement pour «tripoter» les verrous des licenciements et de la compression des effectifs. La régulation du travail continue jusqu’à ce jour d’être évaluée suivant un décret d’application du statut général des travailleurs. Il s’agit du décret 80-48 du 23 février 1980 et qui institue la régulation économique des salaires et de la stimulation matérielle collective et individuelle du travail. Ce qu’on appelle de nos institutions publiques administratives et économiques PRI/PRC.
A Sonatrach, cette évaluation n’est faite que sur des longues périodes. C’est-à-dire la même note apparaît sur la fiche de paie du travailleur pendant plusieurs années. En d’autres termes, cette stimulation ne récompense pas l’effort fourni par le travailleur ou l’équipe mais devient une partie intégrante du salaire parfois même revendiquée en tant que droit. Résultat : une enquête de l’ONS, a révélé en 2013 une grande disparité dans les salaires sans aucun lien avec les performances mais en fonction de l’activité de l’entreprise elle-même. Sonatrach par exemple qui commercialise les hydrocarbures payent beaucoup mieux que les filiales du groupe qui sont eux aussi du secteur d’activité.
Ainsi, l'ONS note que le niveau des salaires nets mensuels de mai 2011 se situe à environ 29.400 DA. Il est de 41.200 DA dans le public et de 23.900 DA dans le privé national. Cette dernière confirme, si besoin est, que les activités pétrolières (production et services d'hydrocarbures) et financières (banques et assurances), restent les secteurs qui payent le mieux avec respectivement des niveaux de salaires relativement élevés avec 74.800 DA et 44.900 DA, soit 2,6 et 1,5 fois plus que le salaire net moyen global. Contrairement, les secteurs de la construction, de l'immobilier et services aux entreprises sont les parents pauvres avec des salaires inférieurs à la moyenne, c’est à dire respectivement 22.500 DA et 24.400 DA, soit 77% et 83% du salaire net moyen global. Ces salaires correspondent au montant effectivement perçu par le salarié et prend en compte le salaire de base, les primes et indemnités ainsi que les différentes retenues (impôts sur le revenu global -IRG-, sécurité sociale et retraite).
En Algérie, le salaire de base représente 62% de la rémunération brute totale et les primes et indemnités 38%. Ces écarts de salaire trouvent leurs explications dans le cachet des entreprises activant dans ces secteurs. D'un côté, les entreprises qui emploient un grand nombre de salariés très qualifiés (hydrocarbures et banques) avec un système de rémunération spécifique. D'autre part, il y a les secteurs qui affichent une faiblesse relative des salaires due essentiellement à la prédominance du personnel d'exécution important et peu qualifié. Ainsi, un cadre perçoit un salaire net moyen de 55.200 DA contre 34.000 DA pour le personnel de maîtrise et 21.600 DA pour un salarié d'exécution. Ces différences sont plus marquées dans certains secteurs d'activité (industries extractives et la santé) où le salaire des cadres atteint respectivement 94.400 DA et 56.800 DA. Par contre, dans les secteurs (production, distribution électricité, gaz et eau) et (services collectifs sociaux personnels), les cadres ne perçoivent respectivement que 41.400 DA et 41.700 DA. Ceci, il faut le préciser ne concerne que les salaires moyens rentrant dans les grille visibles et conventionnées. La rémunération des cadres dirigeants, c’est une autre paire de manche. Les tentatives de lier les salaires aux performances individuelles ont presque toutes échouées ou restées à l’état embryonnaire pour la simple raison qu’il reste difficile de déterminer qui est rentable et qui ne l’est pas .
On roule les pousses, parfois on tricote, on lit le journal et surtout on est derrière son micro pour suivre un jeu pour qu’enfin on revient aux injustices dues à la disparité salariale d’avant le SGT. Maintenant dans les revendications salariales, les syndicats mettent en avant non seulement la question du pouvoir d’achat mais aussi celle de l’équité. En effet, dans le contexte actuel d’évaluation de la productivité du travail, un ingénieur qui a le malheur de trouver un poste dans le secteur des mines touche deux fois moins que son collègue à Sonatrach pour une même qualification et parfois plus de travail.
Rabah Reghis, Consultant, Economiste Pétrolier
Renvoi
(1) lire le préambule du plan triennal couvrant la période 67-69
(2) lire l’article signé M.A.O EL Watan du 15 août 2013 sous le titre «le système Khelil est toujours en marche à Sonatrach»
Pour assurer aux internautes une lecture reposante, nous traiterons le sujet en 3 parties :
1- la première partie n’est que la problématique et l’origine des erreurs
2- la deuxième concernera l’erreur du traitement des sureffectifs et de la libéralisation des salaires
3- la troisième traitera des causes de l’absence d’une élite managériale
Lire:
Commentaires (4) | Réagir ?
Des chiffres pour l'évaluation, des lettres pour la transcription des paroles pour les commentaires, les jours passent et ne se ressemblent pas. Ceux qui sont à l'origine de ce marasme ont disparu, ceux qui veulent redresser la barre font, d'après leur déclaration d'intention, ce qu'ils peuvent pour sauver la république. Personne en fait ne prend conscience qu'il n'est qu'un élément à la disposition du destin. Comme sur un parchemin géant devant une source de lumière puissante qu'est le soleil, le film de la vie se déroule avec toutes les petites sensations relatives aux situations du moment : une peur par là, une joie par-ci, une guerre ailleurs, nous donnant l'impression d'êtres actifs mais en réalité, c'est un film authentique qui se joue : une succession d'images qui se fait grâce au temps qui
permet l'animation. L'appareil de projection s'arrête et tout le plan de l'action suit. Le hadith : "les gens sont endormis, ils s'éveillent (à la réalité) en mourant". Ce que nous sommes en train de vivre n'est donc qu'un cauchemar. Espérons donc une issue bienheureuse.
Les prophetie qui se realisent ont comme moteur, les gens qui y croient. La parlotte, ecritote cassent la tete certes, mais il ne faut surtout pas en souss-estimer la puissance. La multiplication de la parlante c'est comme de la fume'e - il y a toujours un petit feu qui la provoke, et quand ce feu eclate, le gros bois imobile de son poids se met a craqueler, a bouger et d'un moment a l'autre pret a peter - Quandd cela se produit, le feu ne laisse plus rien derriere que de la cendre. Un momentum est en formation. Ce, a quoi l'algerie est survecu est entrain de se reproduire tout auteur, mais l'experience vaut son prix. L'Algerie est avertie et les martyrs morts ou juste casse's mais jamais dechus, ont paye' le prix de la liberte' de ceux qui ont survecus. Quand les algeriens bougeront encore, ca sera en redevance a ceux-la - et pour les temps avenir ne sera memorise' comme martyr que ceux-la que nous auront connus et de hadith que ce qu'ils auront dit ou ecrit. L'histoire recommencera bientot.
Ibn khaldoun avertissait déjà il y’a 5siécles de ce que les arabes allaient faire comme destruction au maghreb, les pays amazighs et kabyle en particulier !
UN PAYS CONQUIS PAR LES ARABES EST BIENTÔT RUINÉ PAUVRE ALGERIE !Pauvre peuples amazighs et KABYLE en particulier !
C’est là, en effet, un peuple farouche, chez lequel la rudesse de moeurs s’est ancrée au point de devenir leur tempérament propre et leur naturel ; et ils s’y complaisent, parce qu’elle leur permet d’échapper à l’emprise de l’autorité et à la sujétion à un gouvernement. Un tel naturel est incompatible avec la civilisation, et leur interdit de se développer, car errer et être les plus forts sont les seuls buts que leur assigne leur manière de vivre, ce qui interdit la vie sédentaire, de laquelle dépend la civilisation, et est incompatible avec elle. Si, par exemple, ils ont besoin de pierres pour caler leurs marmites, ils en arrachent aux constructions, les ruinant pour en avoir ; de même, s’ils ont besoin de bois pour faire des poteaux ou des piquets pour leurs tentes, ils démolissent des toitures pour en avoir : la nature de leur existence est donc incompatible avec l’art de construire, qui est la base de la civilisation. Voilà comment il en va d’eux en général. En outre, leur naturel est d’arracher aux autres ce qu’ils possèdent : leurs moyens d’existence sont à la pointe de leurs lances, et ils ne connaissent, pour ce qui est de prendre le bien d’autrui, aucune limite à laquelle ils se tiennent ; au contraire, chaque fois que leurs yeux tombent sur un troupeau, un objet, un ustensile, ils se l’approprient de force. Si, ayant pris le dessus et s’étant adjugé l’autorité souveraine, ils ont toute latitude de se comporter ainsi, il n’est plus aucun moyen administratif de protection de la propriété, et la civilisation est ruinée.
Également, ils obligent les artisans et les corps de métier à des travaux sans leur en verser le salaire et le juste prix. Or le travail est, comme je l’exposerai, la véritable source de la richesse ; si donc le travail est vicié, du fait qu’il n’est pas plus profitable, l’espoir en la richesse s’évanouit, les bras cessent le travail, l’ordre établit se dérange, et la civilisation se corrompt. De plus, ils n’ont aucun souci de gouverner, d’empêcher les gens de mal faire et de les protéger les uns des autres : la seule chose dont ils se préoccupent, c’est ce qu’ils arrachent aux autres, soit par le pillage, soit par des extorsions. Parvenus à ce but, ils ne voient pas loin : nulle préoccupation d’améliorer la situation de la population, de veiller à ses intérêts, d’empêcher certains de mal faire. Souvent, il est vrai, ils infligent des amendes pécuniaires, espérant en tirer profit, en exigent des sommes considérables, comme ils s’y entendent, mais cela ne suffit pas pour empêcher de mal faire et arrêter ceux qui ont de mauvais desseins. Au contraire, car en la matière une amende pécuniaire pèse en regard de la réalisation des desseins.
C’est pourquoi leurs sujets restent, sous leur domination, comme privés de gouvernement, sans personne pour les régir, et l’absence de gouvernement est la perte de l’humanité et la ruine de la civilisation, en vertu de ce que j’ai exposé, à savoir que l’existence de l’autorité souveraine convient particulièrement à l’homme, et lui est naturelle, et qu’il ne peut avoir en dehors d’elle d’existence et de vie sociale.
En outre, tous parmi eux aspirent à commander : il est extrêmement rare que l’un d’eux consente à abandonner l’autorité à un autre, fût-il son père, son frère, ou le principal de sa famille, et encore n’agit-il ainsi qu’à contre-cœur et par respect humain. Si bien qu’un grand nombre d’entre eux sont pourvus d’autorité et de pouvoir, qui pressurent et tyrannisent concurremment leurs sujets, et c’est la ruine et la fin de la civilisation.
Un Arabe venu en députation auprès de `Abdalmalik, comme celui-ci s’informait auprès de lui d’al-Hajjaj, lui répondait (et dans son esprit c’était là faire l’éloge de la manière dont il gouvernait et rendait prospère sa province) : « Quand je l’ai quitté, il ne faisait de tort qu’a lui-même ». Aussi, considère tous les pays qu’ils ont conquis et assujettis depuis la Création : tu verras combien leur civilisation est disloquée, leurs habitations appauvris ; leur terre elle-même est transformée. Au Yamen, tous les établissements sédentaires sont ruinés, à l’exception de quelques villes. Dans l’Irak Arabe il en va de même : la civilisation que les Perses y avaient développé est ruinée pour sa plus grande part. En Syrie, de nos jours, il en va de même. En Ifriquiya et au Maghreb, depuis que les Banou-Hilal et les Banou-Soulaïm y sont passés, au début du Ve siècle, et se sont acharnés sur ces pays pendant 350ans, toutes les plaines sont ruinées, alors qu’autrefois su Soudan jusqu’à la Méditerranée tout était cultivé, comme l’attestent les vestiges qui s’y trouvent : monuments, constructions, traces de fermes et de villages.