Des panneaux publicitaires, destinés à la base pour vanter au public les qualités de produits alimentaires, sont transformés en vitrines idéologiques, prêchant l'abstinence et la voie du dieu. "Ne touchez pas à l'alcool et à la drogue", "N'oubliez pas la (les) prière (s)", sinon dieu vous punira et vous brûleriez en enfer clament ces gigantesques tableaux noirs au su et au vu des passants. Étant donné la gangrène islamiste qui s'est emparée de la société (s'il y en a une) et de toutes les catégories socio-économiques en Algérie, étant donné la reconversion de terroristes "repentis", avec la bénédiction de l’État algérien, dans des secteurs économiques importants, suite au fameux investissement "réconciliateur", la trouvaille paraît, à certains esprits, «normale» sauf que ces esprits ignorent que l'Humanité a progressé, lutté et elle s'est modernisée dans un seul objectif celui de la Liberté, de culte notamment.

Il est clair que certaines républiques "islamières" utilisent la religion pour mater leurs populations, les berner et ainsi profiter tranquillement des richesses contenues dans les sous-sols. Tout est bon pour endoctriner et endormir ces peuples : école, TV, mosquées et discours populistes à longueur de journées. Mais placer des panneaux publicitaires à l'entrée des villes et sur les grands axes routiers pour des fins de prêches religieux, cela relève de l'Inquisition, à la sauce salafiste. Supposant que les autorités locales de la ville de Vgayet ont d'autres chats à fouetter, mais que font les assemblées locales dans lesquelles siègent des «démocrates laïcs» circonstanciels, alimentaires eux aussi ?

Cette inquisition n'est moins qu'une attaque en règle contre la Kabylie, sa langue et ses valeurs ancestrales empreintes de tolérance, d'altérité et surtout de sécularité. Elle est orchestrée par les hautes sphères du pouvoir algérien, pour qui le seul souhait, avant sa chute, est d'en finir avec cette région rebelle. Cette compagne est sous-traités à des «opérateurs» idéologiques plus qu'économiques. L'inquisition ne s’arrête pas là. Les forces «gouvernementales», police, gendarmerie, armée et police politique, des corps vomis par ailleurs en Kabylie pour des raisons que tout le monde sait, n'arrivant pas à mettre fin à la corruption, à la dilapidation, aux kidnappings et au terrorisme, phénomènes auxquels ces corps ne sont pas étrangers, pourchassent en ce mois de "piété" les non jeûneurs, ceux qui ne se soumettent pas aux règles dictées pas un dieu moyen-oriental, donc étranger à la Kabylie et à l'Afrique du Nord.

Heureusement que l’école algérienne, école de crétinisme pour reprendre Djaout, n'a pas sapé toutes les énergies contestataires et révolutionnaires en Kabylie, le terrorisme islamiste autant. Les jeunes Akboutiens ont riposté, ils ont tout simplement incendié ces ardoises géantes appelant à la haine et au lynchage par le biais d'une "moralisation" douteuse. Une réponse à la hauteur de l'agression. Cet acte, au delà des discours pacificateurs et trompeurs, est un acte salutaire à saluer.

Les acteurs associatifs, politiques, médiatiques, syndicaux doivent s'incliner devant le courage de ces jeunes qui n'est finalement que l'expression d'un ras-le-bol général, ressenti par toute personne aspirant à vivre dignement, librement et authentiquement sur cette terre "prospère, où beaucoup de mères ont souffert". Face à cette énième provocation, les citoyens sont appelés à se mobiliser davantage afin de stopper net ces compagnes d'intimidations et d'endoctrinement.

Si le Bachagha de Tizi-Ouzou arrive, avec l'argent public, à travestir la Maison de la Culture Mouloud-Mammeri pour accueillir tout navet culturel teinté d'arabo-islamisme pour des fins d'acculturation et de soumission, l'espace public appartient aux habitants, seuls propriétaires des lieux. La résistante kabyle ne date pas d'aujourd'hui, ses ennemis l'apprendront à leurs dépens.

Akbou ne sera jamais Kaboul, et la Kabylie n'est pas la Kapisa !

Ahviv Mekdam