Retour sur les 80 jours "parisiens" de Bouteflika / 1. L'OMERTA
Après plusieurs jours d’hospitalisation à Paris pour un mini -AVC, selon la version officielle, suivis d’une longue convalescence, le président algérien Abdelaziz Bouteflika, totalement amoindri, est donc rentré mardi 16 juillet au pays et, dit-on, revient aux affaires. L’Algérie est livrée à un homme visiblement impotent et dont on ne sait toujours rien de la gravité de la maladie. Dans quel état est-il réellement ? Une brume, autour de l'état de santé du président, doublée d’une cacophonie de rumeurs, a été habilement entretenue. Ce judicieux et hermétique système de black out, était conduit, en effet, de sorte que l'opinion ne sache rien du mal dont souffre le chef de l'Etat et que personne ne puisse se faire une idée de la gravité du mal qui le frappe et, ainsi, le mettre à l’abri de l’article 88 de la constitution algérienne qui prévoit le cas d'empêchement du Président de la République « pour cause de maladie grave et durable». Pourquoi ? À quel prix ? Qui en a décidé ainsi ? Quelle est donc la singularité de Bouteflika qui justifie que l’on institue une omerta de type mafieux aux dépens des intérêts de la république et des Algériens ? C’est à ces questions que se propose de répondre ce travail.
Peut-il encore gouverner ? Sans doute pas, au vu de récentes images qui avaient montré un homme totalement amoindri, visiblement aphasique et peut-être même partiellement hémiplégique.
L’accident vasculaire qui l’avait frappé le 27 avril 2013 dans sa résidence présidentielle de Zéralda, à l’ouest d’Alger, était plus sérieux qu’on a bien voulu le dire.
On s’en doutait, au vu de récentes images tournées à l’occasion de la visite du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et du chef d'Etat-major de l'armée, le général-major Ahmed Gaïd Salah au président de la République le 12 juin, à l'établissement de santé des Armées des Invalides à Paris où le président avait été installé pour «une rééducation» après son hospitalisation à l'hôpital du Val-de-Grâce. Les Algériens avaient découvert sur leur télévision un homme totalement amoindri, visiblement aphasique et peut-être même partiellement hémiplégique, vêtu d'une robe de chambre noire, et non pas d’un costume, comme il aurait pu l’être pour recevoir la visite de ses visiteurs. Il bougeait un bras pour prendre une tasse de café qu'il porte à ses lèvres. Son bras gauche et la partie gauche de son visage semble moins mobiles que le coté droit. Mais dans quel état est-il réellement ? Et pour combien de temps ? Quel est l’avenir politique du pays ? Les Algériens vont-ils être dirigés par un homme physiquement diminué ? On ne sait pas. Les autorités officielles avaient annoncé, ce jour-là, jour de l’accident, une brève hospitalisation à l'hôpital militaire parisien de Val-de-Grâce, le temps de quelques examens complémentaires, et prévu son retour au pays dans les sept jours. Nous en sommes à quatre-vingt-un ! C'est beaucoup ? C'est peu ? On ne sait pas.
"Personne ne doit savoir !"
Mais quelles sont donc ces intérêts immenses qui ont dicté que l’on privilégie la folie et l’absurdité au détriment du bon sens, de l’intérêt national, et de la vérité.
La vérité ? Le président algérien était arrivé à l’hôpital du Val-de-Grâce à Paris, en piteux état, ce samedi soir 27 avril 2013. Le professeur cardiologue Rachid Bougherbal, chef de service de l’EHS Dr Maouche (ex-Centre national de médecine de sport), dépêché sur les lieux, avait compliqué les choses. Il commit une erreur de débutant, celle de faire chuter la tension, très élevée, du président ce qui eut pour effet immédiat de compliquer l’irrigation du cerveau en sang.
Bouteflika fut transféré à l’hôpital militaire d’Aïn-Naâdja où le verdict tomba brutalement : accident ischémique. Le sang et l’oxygène n’arrivent plus au cerveau, du fait d’un vaisseau sanguin bouché par un caillot de sang. C’est grave ? Oui, répondent les médecins spécialisés. Le caillot qui s’est formé tarde à se dissoudre. Si on veut éviter l’affection irréversible, il faut agir vite.
Le verdict de l’hôpital d’Aïn-Naâdja, l’opinion publique n’en a, en effet, jamais eu connaissance.
Des esprits supérieurs en ont décidé ainsi. Parmi eux, le frère cadet du président, Saïd, 58 ans, l’homme à tout faire, ou plutôt à tout défaire. C’est lui qui, en concertation avec quelques capitales occidentales et arabes, mais surtout avec des lobbys algériens et étrangers très puissants, va orchestrer l’omerta autour de l’État de santé de son frère président.
Objectif : éviter la destitution.
Dans l’avion qui transportait son frère vers Paris, Saïd avait rédigé la version officielle à l’intention de l’opinion. À peine arrivé à l’aéroport du Bourget, qu’il téléphone à Alger pour faire diffuser le communiqué par l'agence officielle de presse. On y apprit que le président Bouteflika a été victime d'un «accident ischémique transitoire sans séquelles», un type d'accident vasculaire cérébral (AVC) sans gravité.
Il instruisit le Premier ministre Abdelmalek Sellal de cette directive capitale : répéter partout que le président n’a rien de grave et que durant son absence, qui sera la plus brève possible, il gardera la main sur les affaires du pays.
Le travail de désinformation commença alors.
À Alger, les premiers communiqués trompeurs du gouvernement tombèrent en pluie. Ce fut l'heure où les responsables politiques recourent au mensonge pour des raisons qu'ils croient supérieures. «Le président algérien Bouteflika n'a subi aucune lésion irréversible», annonce le cabinet du Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Ce dernier y va même de sa personne, affirmant, à partir de Bejaia, que l’absence du président n’excéderait pas une semaine au terme de laquelle cet accident ne serait plus qu’un «mauvais souvenir». Durant cet intervalle, jure-t-il, «les activités officielles continueront à se dérouler normalement».
Du ministre Amara Benyounès à l’«opposante» Louisa Hanoune, la meute des affidés relaya l’instruction de Saïd Bouteflika : le président ne souffre d’aucun mal sérieux et devrait bientôt regagner Alger.
Le professeur Rachid Bougherbal, est chargé d’apporter la caution médicale au mensonge officiel : l'état de santé du président «évolue bien», annonce-t-il à la presse, insistant sur le fait Bouteflika n'a subi «aucune lésion irréversible», expliquant qu'«aucune fonction motrice ou sensorielle n'a été altérée». L'accident ischémique transitoire (AIT) "n'a pas duré longtemps" et l'affection est "réversible" et "régresse" sans laisser de «lésions». Le séjour en hôpital du Val-de-Grâce ne se justifierait donc que par le seul souci d'y effectuer des «examens complémentaires», prescrit par ses médecins et de «récupérer un peu de la fatigue occasionnée par cette affection», ajoute le professeur, tout en assurant que son état de santé ne suscite «aucune inquiétude».
C’était un gros coup de poker menteur. Risqué. Les Français le savent. La version officielle qu'il avait donnée en 2005, celle d'un «ulcère hémorragique au niveau de l'estomac», avait été démentie, quelques années plus tard par un câble diplomatique dévoilé par «WikiLeaks» révélant que Abdelaziz Bouteflika était, en fait, atteint d'un cancer gastrique, selon les confidences faites par un médecin, au fait de la santé du président Bouteflika à l'ambassadeur des États-Unis à Alger de l'époque. Le document révélait aussi qu'il ne lui restait que quelques années à vivre. Le président algérien, lui-même, confirmait l’information, annonçant un an plus tard « qu'il avait été très, très malade», mais qu'il s'en était «sorti de manière absolument fabuleuse». Depuis, les versions officielles sur l'état de santé du président Bouteflika sont régulièrement mises en doute.
Saïd bénéficie, pour cette besogne, du flou constitutionnel. A aucun moment, en effet, il n'est précisé ce qu'est une «maladie grave» ni, surtout, ce qu'on entend par «maladie durable». Au bout de combien de jours d'incapacité peut-on dire d'une maladie d'un chef d'État qu'elle est «durable» ? 30 jours ? 45 jours ? 60 jours ? C'est à ce genre d’omission que l'on reconnaît une bonne constitution. Elle contente le roi sans mécontenter le sujet.
Et qu'importe si, dans cette besogne qui consiste à repousser sans cesse l'échéance, il y a le le risque de bloquer la machine étatique. Car, toute byzantine qu'elle est, la constitution algérienne stipule que certaines prérogatives du président de la république ne peuvent être exécutées que par lui-même, sans aucune autre possibilité de les déléguer. Nul autre que lui ne peut, en effet, exercer, entre autres, la fonction de Chef suprême de toutes les Forces Armées de la République, conduire la politique extérieure de la Nation; présider Conseil des Ministres, signer les décrets présidentiels, disposer du droit de grâce, saisir le peuple par voie de référendum, ratifier les traités internationaux, nommer aux emplois et mandats prévus par la Constitution et aux emplois civils et militaires de l'Etat , nommer et rappeller les ambassadeurs et les envoyés extraordinaires de la République à l'étranger, recevoir les lettres de créance et de rappel des représentants diplomatiques étrangers, décrèter l'état d'urgence, l'état de siège ou l'état d'exception, décréter la mobilisation générale, signer les accords d'armistice et les traités de paix... Le pari du cercle présidentiel reste quand même aléatoire : combien de temps l'Algérie peut se passer de nommer des responsables civils et militaires ou des amabassadeurs, signer les décrets ou prononcer les grâces ? Saïd Bouteflika ne se préoccupe pas de ces détails. Il va lui-même "remplacer" son frère président.
M.B. - Lematindz
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Commentaires (11) | Réagir ?
Les plus hautes autorités sont en conclave, dés que la solution sera trouvée, une fumée blanche se
dégagera des tagarins et d' el mouradia, pour annoncer la bonne nouvelle, sinon, ils sont capables de momifier Bouteflika et nous le présenter en cas de besoin, a nahar tv, pour rassure l'opinion, sur son état de santé. L' Algerie est atteinte d'un mal incurable.
allo, il y a quelqu'un au bled ? tous partis morts allah yarham, aucun mec, rien que des charognards,