La nausée
Au beau cœur du tumulte, au moment où les pin’s Belhadj et Madani défiaient le pouvoir et drainaient des milliers d’Algériens niais, Amirouche avait compris que tout était pipé. Falsifié.
Les fils de Abbassi Madani, aujourd’hui, hôtes du Qatar se pavanent dans tous les aéroports de la planète avec des bagages Vuitton et des costumes Armani. Tout cela payé avec l’argent de leurs sponsors, des Arabes, rois d’huiles, de pétrole et de rien du tout qui tirent des ficelles qui finiront par péter. Comme ça a pété en Egypte. Comme ça a rôté en Tunisie. Comme ils prévoient que ça va exploser en Algérie et au Maroc. La Libye et la Mauritanie nous importent peu, elles ne font pas partie du Maghreb, en fait l’Afrique du Nord, comme le proclame depuis tant d’années la légende officielle.
Amirouche, donc, pas le martyr. Lui a été tant de fois piétiné par le FLN qu’il serait vain d’en reparler. Même son corps (ainsi que celui de si El Houas) a été caché par Boumédiene aux Algériens. Non ! Je parle de Amirouche, né Hamali Ramdane le 3 janvier 1964 à Ath Leksaar, dans la wilaya de Bouira. Homme de talent et de courage, auteur compositeur, interprète, résolu comme tant d’artistes algériens valeureux à choisir un autre métier. Il est devenu cabaretier. Ça lui assure le gîte et le couvert mais blesse profondément son orgueil. Où est l’argent des généraux ? Pourquoi ne servirait-il pas à faire rosir le teint de tous ces créateurs algériens, capables de tant faire mais chassés, pourchassés, devenus presque mendiants sous les cieux des pays étrangers.
J’ai passé quelques heures à deviser avec Amirouche. Il a le cœur gros. Son café était vide. Je lui ai proposé des noms d’amis qui pouvaient animer ses nuits et nos cœurs. Sa réponse fuse, cinglante : "Ils font quoi ? Du chaâbi, du kabyle ? Je n’en veux pas, ça ne marche pas. Ici il n’y a que le rai qui fonctionne. Les gens aiment la danse, la détresse et la nostalgie." Ya rayi….
Il a raison Amirouche. Dès le coup de canon donné, la rupture du jeûne annoncée, les voitures s’entassent face à la "médina", sa boîte. A Bagnolet (îles-de-France). Les cravaches en or se la disputent aux chevalières, les cabriolets se bagarrent avec les 4x4. Les jambes des femmes font le reste… C’est le moment que je choisis pour détaler.
Décidément, le ramadhan et les Algériens me donneront toujours la nausée.
Meziane Ourad
Commentaires (3) | Réagir ?
J'avais dit dans un courriel sans prétention -ça ne l'a pas empêché de passer à la trappe-
que vous étiez aigri. Je constate, à mon grand regret, que vous sentez toujours allègre... ment
l'aigre. Vous devriez avoir honte de gaspiller ainsi votre talent. Parce que, tant qu'à vous fourvoyer,
faites le, au moins, avec originalité. Parlez nous, par exemple, de l'introduction de la "Phoenix
dactylifera en Exopotamie ou du dressage des tortues naines dans les Iles Sous le Vent. Ou alors,
des frasques du sénateur Dupont -ne fumez surtout pas toute "l'herbe rouge" !
Je pense qu'il a raison l'artiste, pas celui qui s'est rabattu le Raï pour ne pas mourir de faim et perdre un peu de son âme, l'autre, celui qui s'est éclipsé, espérant garder l’œil vif et conserver une parcelle de mémoire.