Recueillement à la mémoire de Lounes Matoub à Bobigny
En ce mardi 25 juin, une centaine de personne ont répondu à l'appel lancée par l'association Akal-Action pour la Kabylie pour commémorer le 15ème anniversaire de l'assassinat du chanteur Rebelle kabyle Lounes Matoub, sur le parvis qui porte son nom, dans la ville de Bobigny, chef-lieu du département de la Seine-Saint-Denis, en banlieue parisienne.
Une heure avant la cérémonie qui devait se tenir à 18h, que des familles et des personnes de tout âge, venant de toute l’Ile-de-France, ont commencé à affluer vers les lieux, au décor des drapeaux amazighes et des portraits de l’artiste et qui vibrent déjà sous les chants et mélodies du défunt. L’endroit a été baptisé en 2004 par les autorités municipales. Mais depuis 2007, aucune cérémonie n’y a eu lieu.
Ahviv Mekdam a ouvert la cérémonie en rappelant le parcours militant et artistique de Matoub et la symbolique du 25 juin "date phare dans l’histoire récente de la Kabylie". Pour le secrétaire général de AKAL, l’assassinat de Lounes représente le premier acte de violence qui vise directement la Kabylie en tant que région, culture et entité socio-politique, car Lounes "n’était pas un chef politique ni un intellectuel engagé, il était un chanteur qui disait tout haut ce que tout le monde pensait tout bas". D’ailleurs, trois ans plus tard, cette région connaitra le massacre du Printemps Noir où 128 familles ont été endeuillées. Ahviv Mekdam fait le parallèle entre l’assassinat du Rebelle kabyle et «l’intronisation du putschiste dictateur Bouteflika » qui, après 15 ans au pouvoir, vient se soigner en France à qui il n’a cessé de demander repentance. L’orateur déplore qu’il n’y a que la famille de Lounes qui cherche encore la vérité. Pour lui il ne peut y avoir une justice "au pays de l’injustice et de la gabegie" et que seul le peuple pourra rendra justice à l’homme. Diven Casarini, président du groupe d’élus au conseil municipal a tenu à être présent au nom de la ville et au nom de la maire Catherine Peyge qui a bien voulu envoyer une gerbe de fleurs en hommage à l’artiste militant.
Pour le responsable local, la ville de Bobigny reconnait en Lounes Matoub le porte-parole des peuples opprimés, pas qu’en Algérie mais de toute l’Afrique et du monde, et le défenseur des droits, même s’il n’était pas un politique. Le représentant de cette ville, qui honoré Lounes en baptisant une place publique en son nom, n’a pas hésité à comparer Lounes Matoub à Nelson Mandela "deux figures de l’émancipation africaine et du combat pour la Liberté et la justice". Monsieur Casarini a transmis les salutations de la ville de Bobigny ainsi que celle de l’Italie (son pays d’origine) à la communauté kabyle en affirmant son soutien.
C’est au chanteur Ali Ideflawen, compagnon et frère de combat de Lounes, de prendre la parole pour insister sur le devoir de mémoire vis-à-vis du géant de la chanson kabyle et du combat pour les droits culturels. Younes Boudaoud, metteur en scène, a également apporté son témoignage et son soutien à la famille Matoub. Youcef Rezzoug, ancien journaliste au Matin, était présent en famille a chaleureusement remercié les organisateurs qui perpétuent le combat et la mémoire de Lounes.
Une minute de silence a été observée en mémoire du défunt et de tous les militants assassinés par le régime algérien. Les bougies ont éclairé toute la soirée la place Matoub Lounes qui clamait en chœur "Assagi lligh, azekka wissen. Cfut di terga ma ghligh, d anzaw awen di siwlen".
Pour le Matindz, Zohra Wartilane
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