Pour un sursaut patriotique républicain
La complexité des problèmes inquiètent au plus haut point les détenteurs des vrais leviers de pouvoir qui aujourd’hui essayent de sortir le pays de l’impasse dont laquelle ils l’ont engouffré depuis près de quinze années de pouvoir absolu.
Le résultat obtenu est que l’actuel pouvoir est dans l’impasse et souffre d’un grave déficit de légitimité, d’où la difficulté de trouver des solutions constitutionnelles pour organiser une succession négociée et s’accorder sur un candidat de compromis. Ce n’est que maintenant qu’ils se rendent compte des dégâts incommensurables faits à l’Algérie par 14 années de Bouteflekisme, régnant sans partage en toute illégitimité et anti constitutionnalité et, ils doivent se rendre à l’évidence que notre pays est dans une situation dangereuse et qu’il y a lieu dans un sursaut patriotique, de mettre fin à cette dangereuse situation et mettre en œuvre rapidement les mécanismes du changement du régime politique en Algérie.
L’hypothèse qui est avancée depuis quelques jours déjà, et proposée aux Algériens, est de faire du neuf avec du vieux avec un ancien président à qui nous vouons un profond respect et qui persiste à refuser d’endosser toute responsabilités, lui qui a déjà abandonné le navire en pleine tempête, a montré son incapacité à être un meneur de réformes. Et ce n’est pas aussi avec quelques anciens caciques du régime qui ne se sont jamais prononcés pendant que la maison Algérie, était pillée, violée, vendue et ses enfants qui mourraient en tentant d’échapper à leurs désespoirs, ces gens-là ont toujours attendu qu’on leur avance un char pour les emmener vers El Mouradia. Ne se manifestant que tous les 5 ans et n’ayant plus aucune crédibilité, ce ne sont pas eux qui seraient capables de mener une transition.
D’autres ne rêvent qu’à l’exercice du pouvoir par la mouvance islamiste qui reprend de l’ampleur et se réorganise pour exercer le pouvoir. Dans ce pays laissé en jachère, pourquoi pendant qu’on n’y est, ne pas faire appel au général Touati, qui lui avec un groupe de réflexion préconisait déjà en 2000, une rupture radicale. Cela consistait à faire admettre la thèse selon laquelle la situation actuelle n'est que le résultat d'un biais introduit dans le processus de démocratisation dès son lancement et dont les implications sont les impasses qui en ont résulté et qui sont déjà consommées. Voilà où nous en sommes, on cherchera toujours à nous imposer une de ses solutions sans concertations ni débats qu’il est grand temps d’engager pour notre devenir.
Les citoyens (es) patriotes sincères attachés aux valeurs républicaines et démocratiques rejettent toutes manipulations de la constitution dénaturant l’Etat que concoctent certains centres d’intérêts ainsi que toutes déviations sources de tension et de violence dans le champ politique et, surtout ils dénoncent la réduction des libertés fondamentales ainsi que le verrouillage du champ médiatique prélude à des élections factices et à des velléités de fraude. Ils se doivent d’imaginer eux aussi un projet de sortie de crise et doivent se déclarer prêts à œuvrer pour sa concrétisation et d’aller ensemble vers la mise en place des normes pour un Etat républicain au service de la société.
L’exigence impérieuse d’une société libre ne peut se faire que par l’émancipation et la réhabilitation du champ politique, une situation de droit et une démarche consensuelle dans laquelle l’armée nationale populaire par la charge symbolique qu’elle porte serait la garante du processus de refondation de l’Etat national que ne cesse de réclamer le peuple algérien.
Or aujourd’hui nous sommes un troupeau sans berger, nous sommes une société à l’âge de l’enfance politique. La notion de peuple n’existe que s’il y a des institutions. "Le Peuple est un résultat et non pas une donnée". Ce n’est pas en libérant le politique qu’on aura forcément le développement, la croissance et la stabilité du pays. Qu’elles sont les institutions qui font le peuple : 1 – La Justice. 2 – L’Education. 3 – Les partis politiques. Ces trois institutions formatent le peuple. Est-ce qu’elles existent chez nous ? Or la source du pouvoir en démocratie c’est le peuple, alors comment une entité qui n’existe pas, peut elle produire des institutions.
C’est une vieille problématique depuis les grecs ; Est ce que les institutions viennent avant le peuple où le peuple avant les institutions ; cela a été tranché les institutions avant le peuple. On peut donner plusieurs exemples Bismarck en Allemagne, Napoléon en France, la Chine et la Russie aujourd’hui ainsi que l’Inde, une grande démocratie par la taille démographique, n’a pas oublié qu’elle a été gouvernée pendant 25 ans par l’état d’urgence et que la plupart des décisions qui ont été prises c’étaient des oukases.
La démocratisation du pays passera nécessairement par un véritable travail de Refondation qui devrait se matérialiser par l’institution de ce qu’on pourrait appeler : Un Conseil Supérieur de la Transition, composé d’une vingtaine de personnalités (es) patriotes au dessus de tout soupçons qui aurait pour mission de créer l’Etat c'est-à-dire de fabriquer les institutions. L’établissement d’une feuille de route qui proposera les modalités et les conditions d’une élection d’un président à partir d’un collège choisi, car la transition suppose sélection et tout ce qui est dangereux ou ne croit pas à la démocratie, ne passera pas parce que nous voulons un garant de la constitution.
Pour arriver à une démocratie réelle, ce président choisira son équipe et commencera à fabriquer les institutions de pilotage ou de guidance de la transition qui ne doivent pas sortir des urnes, mais d’ aller vers un consensus élitaire, c'est-à-dire être d’accord sur un groupe de personnalités qui auront la charge de nous gouverner pendant deux ans ou sera mis en place les bases d’une économie de marché, les institutions, les agents économiques et on travaillera à mettre en place une classe politique.
Lorsque l’Etat sera créé ainsi que les institutions et l’économie de marché, tout sera possible car si on inverse cette base, on fera une récréation qui ne se terminera jamais. Y’en a marre des gens de basse extraction qui passent de la ‘’Haouma Lil Houkouma’’. L’exercice du pouvoir suppose des actions à mener. Les actions feront ils l’objet de débats ?, cela ne peut être que positif, parce que le débat à 2 fonctions principales dans une transition, c’est une expertise qui doit être faite et la meilleure expertise c’est celle qui tient compte de l’opinion et de la majorité.
La première fonction du débat c’est de permettre la généralisation de l’information et de puiser les idées et projets (banque de données). La deuxième fonction, c’est un chantier de révélations de personnalités structurantes où les compétences cachées et enfouies seront révélées, c’est là où on pourrait pulvériser l’idée que l’Algérie n’a pas de compétences, alors créons les mécanismes et on sera surpris ! Ce qui suppose la liberté d’expression, la liberté de la presse, l’ouverture des médias audio visuels, l’égalité devant la loi, liberté de réunion et d’association, liberté de culte, refus de la corruption des fonctionnaires et des élus, droit de propriété.
Ces débats permettront aussi de définir les mécanismes de méthodologie et de gestion pour l’avènement de la démocratie avec une bonne doctrine en quelques points dont le premier sera dédié à la vie des algériens qui devra être sacralisée, l’égalité de tous les citoyennes et citoyens, définir le gouvernement civil etc.
Pourquoi on commence par la vie des Algériens est sacrée, parce que nous avons vécu une mémoire de la souffrance comme les juifs. Nous aussi nous devons avoir dans la mémoire la sacralité de la vie des Algériens, car nous avons des Chouhadas, des gens morts pendant la résistance, la colonisation, les morts de la tragédie nationale etc. On a dilapidé notre capital sang, il faudrait qu’on apprenne à le respecter, ceci doit être mentionné dans la constitution. Cette doctrine aura à élaborer une démarche programmatique décrivant les projets structurants, par exemple définir l’organe de pilotage de institutions de transition, le profil des hommes et des femmes, la démarche du gouvernement... Et une démarche pragmatique pour exprimer ce qu’il faut faire correctement dans les échéances qui seront fixées… pour l’achèvement des institutions, puisque toute stratégie a un horizon temporel comme elle a un horizon spatial.
Enfin le contrôle devra se faire en réhabilitant le rôle des juges afin que l’application des décisions se fasse avec le plus de justice possible, et, pourquoi ne pas instituer une Haute Cour de Justice composée d’une dizaine de magistrats intègres et compétents, en fin de carrière qui seront nommés à vie car ils ne sont plus tentés par les besoins matériels et qui seront des sages et les diseurs de normes. Ce sera une institution de pérennisation, ces juges transcenderont, ils ne transgresseront pas, alors qu’aujourd’hui nous avons des institutions de transgression et dont les nominations se font au gré des allégeances, copinages et du meilleur degré de servilité.
Cette institution sera un organe de délibération, car dans une société moderne, la compétition et la délibération marche ensemble. Là où la compétition est bloquée, la délibération doit trancher pour éviter qu’un groupe prenne le monopole dans la constitution et devient un danger menaçant pour l’ensemble des institutions.
Ceci ne peut se concrétiser qu’en rétablissant la jonction avec les aspirations du mouvement national, cristallisées dans la proclamation du 1er Novembre 1954 et consolidées politiquement, le 20 août 1956, par la plate-forme de la Soummam. Pour cela, la proclamation du 1er Novembre, la Plate Forme du Congrès de la Soummam et les résultats du bilan politique de 1962 à 2013, à effectuer doivent être les bases et le creuset pour imaginer, concevoir et developper une approche rationnelle, pragmatique et fonctionnelle en vue de l’émergence d’un nouvel ordre.
Il reste bien entendu que le débat reste ouvert sur les différents sujets qui nous préoccupent et que le CIVIC reste mobilisé pour cela.
Benguesmia Chadly Mohamed
Comité d’initiatives et de vigilances citoyennes (Le CIVIC Oran)
Commentaires (4) | Réagir ?
Dans votre excellent article dominé par une vision, disons utopique du devenir de l'Algérie et à la recherche d 'une issue à la tragédie algérienne et son pouvoir illégitime, vous n'évoquez malheuresement pas une éventuelle révolte à la " TIMISOARA ".
Tout ça est formidable mais ne reste que de la théorie. En réalité, la solution consiste à se réaccaparer par la force, ce qui a été confisqué par le clan de Oujda. Tout ce que vous dites ne se réalisera pas car les forces du mal qui profitent de cette situation, aidées par la rente, existent en grand nombre pour empêcher votre projet pacifique. Il ne faut surtout pas penser que la solution tombera du ciel. Les algériens ont le devoir d'achever ce qui a été accompli jusqu'à Mars 1962, avant le coup d'état contre le GPRA, pour que les martyrs de la révolution ne soient pas morts pour rien.