Ahmed Benbitour sur les traces d’Abane Ramdane !
Sans l’appui de ses soldats, le général abandonne le combat et rentre à la maison se reposer.
Comme l’eût été la guerre de libération nationale, qui a été impulsé par la volonté du peuple, après dix années durant, qui a vu couver sa colère. Une colère inconsolable, provoquée par les massacres de mai 1945, menés par un occupant français, plus déterminé que jamais à avilir un peuple jusqu'à lui ôter toute capacité de contestation et de résistance. Des massacres qui sont venus s’ajouter à l’humiliation de la fraude électorale. Peine perdue, car la répression féroce qu’il a subie avait grandement contribué à mûrir sa volonté à se défaire de la servitude et à affirmer son droit à une existence digne. Sans cette colère et la volonté collective qu’elle a généré, rien n’était possible à entreprendre contre l’injustice coloniale. De ce fait, le mouvement de libération nationale ne pouvait en aucune façon être réductible à un parti, à un groupe d’hommes ou à une quelconque organisation. Même si le mouvement national et des leaders ont pu jouer un rôle déterminant à un moment donné, la volonté du peuple était l’énergie principale sans laquelle rien n’aurait été possible. Parce que le peuple, lorsqu’il est acculé dans ses derniers retranchements, rien ne pourra le consoler : hormis son engagement dans le combat pour recouvrer sa liberté et sa dignité. Sa volonté commune fait sa force.
Certes, le processus de libération connaît parfois des pannes. Rien n’est plus naturel que l’essoufflement dans le combat contre un ennemi féroce et dont le rapport de forces est inégal. C’est à ce moment-là qu’interviennent des génies parmi le peuple pour lui donner une nouvelle impulsion pour reprendre le combat et le terminer triomphalement. Ce fut le cas d’Abane Ramdane, lorsque la guerre de libération nationale commençait à donner des signes d’essoufflement. Fort de son expérience de responsable au sein de l'organisation clandestine du PPA, ensuite, responsable de l'OS pour la région de Sétif, qui ont fait de lui inévitablement un
homme politique expérimenté et doué de capacités d’organisation hors normes, Abane Ramdane, rejoint par Larbi Ben M'hidi, détermina les priorités et l’urgence pour donner un nouveau souffle au processus révolutionnaire. Il fallait pallier l’absence de stratégie politique et de vision d’avenir, et mettre en place des structures rationnelles et cohérentes pour encadrer la dynamique révolutionnaire.
C’est alors, qu’il avait entamé un marathon pour rassembler des dirigeants du mouvent national, tels les centralistes du PPA-MTLD, de l'UDMA, du PCA, des Oulémas, ainsi que des personnalités jouissant d’une assise morale nationale, comme Aïssat Idir et Moufdi Zakaria, ou de quelques figures de la bourgeoisie nationale en formation. Ces premiers contacts ont facilité par la suite la mobilisation de toutes les catégories sociales. Il a réussi à faire admettre à toutes les parties de dissoudre leurs formations politiques respectives et de venir participer à titre individuel au processus de création du FLN pour renforcer politiquement l’instance militaire de l'ALN. Aidé par Larbi Ben M'hidi, Abane Ramdane parvient à organiser le Congrès constitutif du FLN dans la vallée de la Soummam et les structures de l'ALN et du FLN furent précisées. L’objectif était atteint. Il fallait consolider le processus révolutionnaire en le ravivant et en le dotant d’un second souffle. (1)
Cependant, une deuxième panne s’était manifestée pendant la poursuite de la guerre de libération nationale, qui n’a jamais été dépassée à ce jour : un conflit de souveraineté résultant des luttes de clans et de personnes ont eu raison d’Abane Ramdane, qui fut lâchement assassiné par quelques-uns, parmi ses compagnons de lutte, et qui étaient opposés au congrès de la Soummam et à ses résolutions. "La main de l’étranger" y était certainement pour quelque chose : l’Égypte de Nasser et la Tunisie de Bourguiba étaient parmi ceux-là, qui ont soutenu cette opposition. Plus qu’une panne, c’était une véritable déviation des objectifs de la révolution. Alors que les objectifs du congrès de la Soummam étaient de provoquer une dynamique de consensus national, sous forme d’un pacte politique contractuel fondé sur le respect du pluralisme, qui avait pour projet la constitution d'un gouvernement provisoire et la consécration de la primauté du politique sur le militaire, ce fut un consensus populiste qui résulta de la déviation de ses objectifs et qui est devenu depuis lors une tradition politique nationale, source d’autoritarisme et de privation de la souveraineté populaire.
Trois décennies après une indépendance chèrement acquise, trois décennies de méprise et de privation de souveraineté, auraient également été nécessaires au peuple algérien pour se radicaliser, et pour retirer définitivement sa confiance à une hypocrite coalition qui avait confisqué l’indépendance et s’était autoproclamé "famille révolutionnaire". Qui n’avait de révolutionnaire que le mensonge et la duperie, et dont le rapport au peuple n’était fait que de méprise, de violence et de privations. Si la colère, qui grondait de plus en plus fort à ce moment-là, et le retrait de confiance dans l’autorité, autoproclamée illégitimement, était irréversible, la demande de changement du système de pouvoir était devenue par la force de la méprise irrévocable.
Le processus démocratique enclenché en octobre 1988 connaît aujourd’hui à son tour une autre forme de panne, due à l’essoufflement de la résistance populaire induite par un rapport de force très inégal face aux forces anti-démocratiques et leur détermination à s’opposer à tout changement du système de pouvoir, pour préserver des intérêts acquis par la force et la ruse.
Hier, c’était Abane Ramdane qui avait pris l’initiative de venir à bout de la panne, qui avait grippé l’engrenage du processus révolutionnaire à un moment donné. Aujourd’hui, seul Ahmed Benbitour ose une démarche similaire. Rassembler les forces du changement autour d’un mouvement citoyen, pour remettre le processus démocratique en marche, mis volontairement à l’arrêt en 1992, depuis que les excès des islamistes étaient venu menacer le processus de construction de l’État républicain. De ce point de vue, son intuition semble s’apparenter dans la forme à celle qu’avait entreprise hier Abane Ramdane. Serait-il, donc, sur ses traces pour jeter un pont dans le processus historique de construction des institutions de l’État républicain, comme l’eût fait son prédécesseur, en dotant la révolution d’une base constitutive préfigurant l’embryon de ce qui devrait devenir l’État de l’Algérie indépendante ?
La tâche, qui incombe à Ahmed Benbitour, aujourd’hui, semble cependant, semée de beaucoup plus d’embûches que son prédécesseur. Car, contrairement à l’époque coloniale, ce ne sont pas les formations politiques et la presse qui résistent aujourd’hui aux forces de domination du peuple, bien au contraire, elles sont en majorité parties intégrantes de son système et constituent les atouts privilégiés pour sa perpétuation. C’est vers le peuple et les cadres de l’administration, et de toutes les catégories socio-professionnelles, en rupture avec le système de pouvoir, et animés d’une volonté de changement, qu’il s’est retourné pour chercher des appuis. Rien n’empêche pourtant que des militants de ces partis ou des organes de presse indépendante, puissent venir rejoindre son initiative, mais, c’est à leurs risques et périls, car en cas d’échec, ils ne pourront plus rejoindre la coalition au pouvoir et bénéficier de ses privilèges. Sont-ils prêts à franchir ce pas? Ce n’est qu’au prix d’un dévouement patriotique sans failles, qu’un tel engagement puisse advenir, chez les uns, comme chez les autres. C’est au prix d’une prise de conscience historique, se fondant sur un grand esprit de responsabilité et de dignité que de tels ralliements puissent se produire.
Dans son intuition, à rechercher les traces d’Abane Ramdane et de poursuivre son combat pour redonner un nouveau souffle au processus de libération du peuple pour le recouvrement de sa souveraineté, Ahmed Benbitour, ne fait que répondre à l’exigence inéluctable de l’appel de l’histoire à pouvoir poursuivre son cours, pour rétablir ce peuple dans ses droits et sa dignité.
Youcef Benzatat
(1). Entretien avec Hocine Aït-Ahmed, K. Selim, Le Quotidien d'Oran le 10.11.02
Commentaires (35) | Réagir ?
c'est quoi benbitour et abane ramdane comme c'est le cile et la terre
Monsieur vous êtes un imposteur et un propagandiste de la pire espèce. Même les morts vous les convoquez pour tromper les lecteurs, mais soyez sûre il suffit de lire les commentaires pour se rendre compte que vous ne trompez que vous même. Comment osez vous comparer mr benbitour qui a été nourri à la mamelle du sytème pendant toute sa carrière à ABANE, qui a été justement assassiné par ce même système!
Boutflika est un imposteur qui a pris le pouvoir que le système dont il est l'un des géniteurs lui a proposé et benbitour à été son PREMIER MINISTRE! plus rien à ajouter;