Combats entre forces spéciales et milices à Benghazi : au moins soldats tués
Au moins six soldats ont péri vendredi soir et samedi à Benghazi, dans l'est libyen, lors de combats entre les Forces spéciales et un groupe armé, illustrant la lutte d'influence opposant milices et troupes régulières pour le contrôle de la ville.
Ces affrontements armés interviennent une semaine après des combats meurtriers entre des manifestants anti-milices et une brigade d'ex-rebelles dans cette ville, berceau de la contestation qui a renversé le régime de Mouammar Kadhafi. Depuis l'aube, des échanges nourris de coups de feu ainsi que des explosions étaient entendus près du QG des Forces spéciales de l'armée et dans le quartier al-Lithi sur la route de l'aéroport, selon un journaliste de l'AFP.
Sur leur page Facebook, les Forces spéciales ont indiqué que des affrontements à l'arme légère les opposaient à un groupe de "hors-la-loi" faisant également état de tirs de roquettes. Elles ont dans un premier temps évoqué la mort de trois soldats précisant que deux autres avaient été blessés et que les victimes avaient défendu "la légitimité de l'Etat avec courage et honneur". Plus tard, elles ont annoncé que deux autres soldats avaient été "liquidés", accusant clairement des islamistes extrémistes.
Un officier dans la ville a précisé que ces deux soldats étaient tombés dans une embuscade alors qu'ils se rendaient à leur travail, avant d'être "égorgés", ajoutant que le bilan été porté à six morts et cinq blessés parmi les Forces spéciales.
Selon ce porte-parole de la Chambre de sécurité mixte à Benghazi, Mohamed Hijazi, qui accuse des "bandes inconnues et masquées", un "calme précaire" régnait à Benghazi dans l'après-midi. Il n'était pas possible dans l'immédiat d'établir s'il y avait eu des victimes côté assaillants. L'aéroport de la ville a été fermé durant la matinée pour des raisons de sécurité avant de rouvrir quelques heures plus tard, a indiqué à l'AFP une source aéroportuaire. Le gouvernement a convoqué une "réunion de crise" pour "discuter de la situation à Benghazi et des décisions à prendre".
Crainte d'une "catastrophe"
Le 8 juin, des affrontements entre manifestants et miliciens avaient fait 31 morts et une centaine de blessés à Benghazi. Les miliciens avaient été contraints de quitter leur QG. Le chef d'état-major par intérim, Salem al-Konidi, a mis en garde dans la nuit de vendredi à samedi sur la chaîne de télévision Al-Aseema contre un "bain de sang" et une "catastrophe" à Benghazi, affirmant ne pas connaître les assaillants ni leurs motivations.
Vendredi en début de soirée, des dizaines d'hommes se présentant comme des manifestants pacifistes avaient délogé une brigade d'ex-rebelles, la "Première brigade d'infanterie", de son QG à Benghazi et incendié deux de ses véhicules.
Selon un témoin sur place, des manifestants ont tiré en l'air et lancé une roquette RPG sur le mur extérieur de la caserne, sans faire de victimes. Le chef d'état-major a affirmé avoir ordonné à cette brigade de quitter son QG pour préserver des vies. La "Première brigade d'infanterie" est formée d'ex-rebelles ayant combattu l'ancien régime en 2011. Elle affirme obéir aux ordres du ministère de la Défense. Les assaillants ont aussi attaqué un commissariat, des bureaux des gardes-frontières et un autre bâtiment de la "Première brigade d'infanterie".
Le week-end dernier, "Bouclier de Libye", une brigade pro-islamiste, qui affirme dépendre aussi du ministère de la Défense, avait été attaquée par des manifestants anti-milices et obligée d'évacuer son QG. Les protestataires affirmaient vouloir déloger les milices armées de leur ville, appelant les forces régulières à prendre le relais. Ils affirment toutefois ne pas avoir pris part aux affrontements vendredi soir et samedi matin. Ils accusent "Bouclier de Libye" et des groupes d'islamistes d'avoir mobilisé leurs membres pour venger leur "défaite" du week-end dernier en s'attaquant aux forces régulières.
Les autorités, qui peinent à former une armée et une police professionnelles, ont régulièrement recours à ces ex-rebelles pour sécuriser les frontières ou s'interposer dans des conflits tribaux. Benghazi, deuxième ville de Libye, a été le théâtre ces derniers mois de plusieurs attaques contre des intérêts occidentaux et d'assassinats de responsables de la sécurité, attribués souvent à des islamistes extrémistes dont le fief se trouve dans l'est du pays.
AFP
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