Lettre confession, d’un président "malheureux", à un peuple malade *
Ce matin du mois de mai, je me réveillais comme d’habitude, quittais le bas de mon lit et aussitôt, je ne sais par quelle prémonition, j’appelais grossièrement ma gouvernante. Mais un silence confus et bizarre me glaça le cœur.
Il n’y avait plus personne dans les couloirs ; pas de lumière, pas d’eau chaude, pas de tonalité… J’ai pensé même que j’étais mort. Je restais immobile, comme si la foudre m’était tombée sur la tête, et c’est là que j’ai pensé à Vous.
Un roi faible dit-on, affaiblit le peuple le plus fort ; je n’y avais jamais cru. Moi j’ai toujours crû au "fric" comme on croit en Dieu. J’ai cru à la fortune qu’on amasse, sans avoir souffert, et que l’on met à l’abri sans laisser de trace. J’aime les femmes qui ne pensent qu’à "ceci" quand on a "cela", et les hommes qui se courbent l’échine jusqu’à éprouver ce sentiment étrange, d’animal soumis. Mais je savais bien qu’un jour cela m’arriverait. Je ne suis pas dupe, détrompez-vous, même s’il me manque la bonne éducation, le civisme et le savoir. Ne croyez surtout pas que je n’ai pas honte d’être aussi ignorant (pourquoi vous mentir ?) L’ignorant qui s’accepte déteste le savoir, la vérité et tous ceux qui les portent.
Voila donc, je vous disais que je fus happé par la foudre de la peur, au point de sentir un besoin imminent d’aller me soulager. Les toilettes étaient fermés, et les volets étrangement baissés. Heureusement qu’il y avait à portée de main mon téléphone portable. Cependant, mon frère fut aux abonnés absents, mon médecin n’était pas chez lui – sa femme me dit que des gens étaient venus le chercher à l’aurore. A ce moment, je crus comprendre que mon règne était fini. Je vous avoue. Je n’ai jamais été un homme d’Etat, nous ignorons encore dans le vrai ce que cela veut dire : j’ai dû lire cependant, quelque part, qu’un homme politique s’intéressait plutôt à sa réélection, tandis qu’un homme d’Etat se préoccupe toujours de l’avenir de son peuple. Sachez-le ! Je n’étais qu’une marionnette et, plus tard, l’ombre de cette marionnette. On ne peut plus rien contre ces mains de fer qui, derrière le rideau, vous empêchent d’avoir une âme. Vous ne les voyez pas ? Moi non plus ! Mais à la différence, moi je sentais la virilité de leur cross lorsqu’elle tapait dans mon crane en bois, aussi leurs griffes qui arrachaient mes blancs poils. Je ne pouvais crier, et même si je le faisais, vous entendrez un autre son de cloche, celui des hommes chantant faussement l’hymne nationale. Il couvrait tout : ce Kassaman. Il a couvert les idiots, les lâches, les traitres, les assassins, le son des rebelles et des braves, et aussi les femmes violés, brimées, leurs enfants ratés, mal éduqués. Il a couvert tout le bien et tout le mal. Je le sais aujourd’hui, car mon tour est venu. La roue a tourné. Je n’avais pas eu le temps de me rendre compte, que le bruit de la lumière revenant retentit, que la tonalité fit son tic tac salvateur et les stores s’ouvraient mécaniquement sur le jour. Dans la cour, un char fut installé et ma garde "républicaine" était remplacée par une dizaine de parachutistes, à l’air austère, bien plus qu’au garde-à-vous. Trois hommes poussèrent ma porte sans me laisser le temps d’apprécier la lumière du dehors. L’un était un des hommes que j’avais hissé au rang suprême ; les deux autres avaient joué le même tour à "l’albinos". A peine étaient ils entrés que l’un d’eux, le plus jeune, m’empoigna comme on attrape une bête pour l’égorger. Il me retourna avec une brutalité qui me fit chavirer, et me jeta sur le canapé comme une malheureuse fille de joie. Les intrus m’apprirent alors que mon frère, toute sa garde, mon médecin et son équipe, sont tous, séparément, dans un lieu sûr. Il faut que tu te représentes, ricanait le grand barbu avec un air grave simulé, tu as accepté le jeu, tu vas jusqu’au bout, sinon…
Moi faire la marionnette, et eux le ventriloque ? Non ! Pitié !
Ils voyaient bien que leurs ficelles étaient défaites, que ma posture avait vieillie, que mes yeux ne voyaient pas même le bout de mon nez. Ils avaient commencé malgré tout à recommencer. Le ventriloque, que j’avais autrefois admis au rang supérieur, posa ses dents sur ses lèvres inférieures et articula les premiers mots auxquels je restais impassible. Il me gifla. Je tombais en arrière pensant ne plus me relever ; c’est une sacrée main, vous savez ; chez ces gens là, on ne sait faire que ça ; ils ont appris à taper, à insulter, à humilier ; ils m’ont d’ailleurs appris tout ce qui me permit un temps d’exister en tant que président. Il faut rendre en bas les coups que tu reçois d’en haut.
Je vous avoue aujourd’hui ce que je n’avouerai plus jamais. J’ai voulu devenir roi, je l’ai été, à ma façon orientale, j’ai voulu choisir mon successeur, à la manière d’El Padre de Castro, et ils ont refusé, ces sacrés ventriloques ! Alors je les ai quittés en catimini, en les laissant invoquer un malaise, une maladie. Vous allez encore les croire. Pauvre peuple malheureux !
Je vous le dis maintenant. Je ne suis pas dans une clinique, comme vous le pensez, même qu’on vous le dit. Ils mentent. Je suis en état de grâce. Votre président, ses proches ont fui le pays pour sauver leur peau, à la façon du printemps arabe, bien que n’ayant rien emporté, puisque nous n’avions rien apporté avec nous. Nous le savions, il fallait prévoir ce jour. Tout était fin prêt ; l’avion pour décoller, les «nouveaux papiers» pour passer inaperçus, aussi l’argent pour payer les passeurs et l’hospitalité.
Oh ! Peuple. Ce n’est pas moi qui suis malade, c’est Vous. Ce n’est pas Vous qui êtes malheureux, c’est moi. Ne ricanez pas ! Je n’ai pas construit les hôpitaux pour vous soigner, ni les écoles pour éduquer vos enfants, ni même des logements décents. J’ai passé mon temps à palabrer, à penser et dire que j’avais raison, à panser mes blessures de jeunesse, et surtout à vous ignorer.
Savez vous que je n’ai jamais voulu venir dans ce pays qui me hante ? Si seulement cet autre pays, au drapeau rouge frappé d’une croix blanche, là où le secret des banques reste encore indéfectible, si seulement il m’aurait adopté une seconde fois. A ma douleur, il dit que j’ai craché dans la soupe. Je l’avoue, il n’a pas tort. J’aime goûter à toutes les sauces, et je crache aussitôt dans toutes les soupes. J’aimais bien écouter cette chanson lorsqu’on ricanait du vaincu que je n’étais pas. Je l’avais chanté, c’était ma chanson préférée. Aujourd’hui elle prend un autre sens, celui d’un goût amer :
Je ne reverrais plus
Les courses enivrantes
Sous un soleil de plomb
A me crever les yeux
Je ne reverrais plus
Les filles ravissantes
Debout sur les gradins
M'acclamant comme un dieu…
A. Hédir
* P.S. Cette scène est une fiction. Il n’y a donc pas eu de gouvernante, ni de président, ni de parachutistes, … mais il y a eu tout le reste. Parfois, on ne cesse de le répéter, la réalité dépasse la fiction.
Commentaires (3) | Réagir ?
Mais Vous dites là des choses vraies!!!!.
On voit bien que la scenes de la visite de Sellal et de Blindi Salah a été tournée soit dans unedes résidence d"Etat aux environs d'Alger, car les Residences d'Etat sont toute décorées de la même façon, Nos décorateur de l'Etat aiment beaucoup les plaquage en bois sur les Murs et le poteries.
On voit bien que tous les trois répètent des gestes calculés et déjà joué.
A l'image de sellal presentant l'assiète de gateaux à son hôte!!!!
On voit bien que Boutef) perdu l'usage de la partie gauches de son corps,
C'est lamentable....
On ne peut pas le remplacer par le clown Besalah, car il n'est pas n" Algérien, c'est un marocain récement naturalisé.
Qui d'autre???ELECTIONS ANTICIPEES???pour placer qui???
Sellal et Gaid sont allés en France pour recevoir leurs ordres;L aFrance qui veut Sellal comme successeur.
Les Américains préfèrent Benbitour...
Zéroual préfère un fils de Chahid en sous entendu Ali Benflis...
Et les militaires????Ouyahia est disqualifié..
Qui de Hamrouche ou Belle Khadem (qu'ils remettent sur scène discrètement) vont ils choisir??
Mr "le Président", heureusement que c'est une fiction ! Mais avez-vous ressenti une envie de tout envoyer en l'air ? De reconnaître qu'il est déjà très difficile de maîtriser ses passions, en luttant contre les tentations de l'âme, comment feriez-vous pour maîtriser 37 millions de compatriotes ? Non ? Alors vous n'êtes vraiment pas le président. Même si vous lui ressemblez comme 2 gouttes d'eau, vous ne pourrez jamais "vivre" Bouteflika. Bouteflika est plutôt une manifestation de Dieu pour nous éprouver et voilà maintenant je suis d'accord avec vous que nous sommes malades de multiples phobies.