Quand le wali de Boumerdès joue au censeur…
C’est en début d’après-midi de mardi que le ministre de l’Education, M. Baba Ahmed, arrive dans la commune de Chabet El Ameur pour une tournée d’inspection portant sur le déroulement des épreuves du Bac mais aussi pour s’enquérir, de visu, d’un problème qui a empoisonné la scolarité de nombreux lycéens cette année
Des candidats au bac sans lycée
Il s’agit de l’effondrement d’une partie de l’ancien lycée dont les élèves ont été transférés durant l’année écoulée vers des classes improvisées par l’aménagement d’un dortoir désaffecté du CEM Si Rached, situé dans ma même commune. Un espace inadapté qui a provoqué moult mouvements de protestations de la part des enseignants ayant menacé de boycotter la prochaine rentrée scolaire si l’ancien établissement n’était pas réhabilité ou si une solution sérieuse n’était pas envisagée dans le cas où le glissement du terrain d’assiette ne permettait pas le confortement des classes fissurées toujours sur pied. Pour rappel, un enseignant de Lettres arabes avait observé une grève de la faim l’hiver dernier pour dénoncer le mépris des autorités qui n’ont pas réagi à temps alors que cela fait des années que le lycée en question a été déclaré sinistré par le CTC qui a d’abord réformé le bloc administratif avant que les sanitaires ne s’effondrent et qu’une impressionnante crevasse menace les fondations de l’un des deux blocs de classes. Le ministre de l’ère Bouteflika vient donc encourager des candidats SDF en profitant de la tribune pour annoncer que le gouvernement encourage l’enseignement de tamazight. A Chabet El Ameur, tout le monde sait que tamazight n’est pas enseignée dans tous les établissements et que comme partout, elle fait l’objet d’une marginalisation sans équivoque.
Le wali, maître-censeur
Pour revenir aux infrastructures, c’est probablement la faillite des services de la wilaya, qui n’ont pas su anticiper en laissant la situation se dégrader, qui a poussé le wali à donner des instructions pour que personne, des représentants des parents d’élèves ou des responsables syndicaux des enseignants, ne puissent interpeller le ministre de l’Education lors de cette visite-éclair. Même un confrère journaliste résidant à Chabet El Ameur - qui a eu l’occasion de faire remarquer à Baba Ahmed que c’est dans cette commune que se situait le lycée dont il lui avait parlé auparavant- se verra agressé verbalement par le wali non content de voir que d’autres vecteurs que lui pouvaient informer la tutelle de l’Education sur la réalité du terrain : «C’est le wali qui a programmé la visite du ministre dans cette commune, pas vous…il n’y a qu’un wali à Boumerdes, pas deux…» a déclaré le premier responsable de la wilaya, vexé apparemment qu’un journaliste sensibilise un ministre sur le sort des lycéens chabétois. Le wali de Boumerdes voudrait-il empêcher la presse de jouer son rôle fondamental de médiateur social par l’information vraie contre les rapports bienséants mais si mensongers de l’administration ? Il faut le croire puisque c’est bien lui qui a interdit à la société civile de rencontrer le ministre en visite… En ce qui concerne Baba Ahmed, notons qu’il a promis que son ministère dégagerait une enveloppe financière dans les plus brefs délais pour tenter de réhabiliter le lycée sinistré. Alors que de source sûre l’étude du sol a subi les critiques du Professeur Boudiaf, éminent hydro-géologue qui a préconisé une année d’étude et de relevés topométriques sérieux avant de se prononcer sur le confortement possible du lycée sinistré. Mais qu’a faire l’administration finissante de Bouteflika d’un avis scientifique ? Les lycéens de Chabet le sauront à leurs dépens.
Akli Tira
Commentaires (8) | Réagir ?
Tout cela me rappelle le titre d'un article du canard enchaîné de l'époque: "Les préfectures sont devenues des Wilayas, les préfets des Walis, et le peuple des Walous !"
Missie li walo ji viin vi dimende 1 skouna .... JE PENSE QUE LA IL VA COMPRENDRE LE BORNE. LA OU NOUS AUTRES NE COMPRENONT QUE DIFFICILEMENT CAR NOUS SOMMES DES CHAMPOLLION..