Chômage en Algérie : Tayeb Louh réitère ses fausses promesses
Dans une conférence de presse, animée conjointement par le ministre du Travail et le directeur général de l’Organisation arabe du travail (OAT), à la veille de la quarantième session du Congrès arabe du travail, le ministre algérien continue dans sa lancée démagogique en date du 14 avril 2013, en affirmant, sans pudeur, que le taux de chômage en Algérie en 2012 est de 9,5%, se refugiant derrière les données de l’ONS, du FMI et de la Banque Mondiale.
Les Algériens ne mangeant pas les chiffres, cela est parfaitement contredit par les tensions sociales généralisées, le Premier ministre Abdelmalek Sellal qui n’est sans doute pas le responsable de la situation actuelle joue au pompier à travers toutes les wilayas en ébullition social. Cela s’appelle de la provocation.
1.- Concernant l’ONS, comme l’a précisé son directeur général récemment au forum de Liberté, l’ONS n’a pas vocation à évaluer les politiques publiques en cours et que toute latitude est offerte aux autres d’interpréter les chiffres en reconnaissant qu’il serait souhaitable qu’il y ait une meilleure coordination interinstitutionnelle, entre les diverses et abondantes sources administratives et l’office, appelant à davantage de «cohérence et d’intégration», ce manque de cohérence favorisé une véritable cacophonie. L’ONS part des données micro-économiques des administrations et des entreprises en les consolidant au niveau macro économique. Si l’information de base est biaisée, cela donne des résultats au niveau global qui ne reflètent pas la réalité. Et c’est ce que l’on constate malheureusement avec l’effritement du système d’information, où les bases de sondage sont différentes d’un organisme à un autre, aboutissant à des données que contredit la réalité. Il faut donc uniformiser les méthodes d’enquête qu’elles soient exhaustives ou par sondage. Et surtout, il faut démocratiser l’information en ouvrant les médias lourds à un large débat économique contradictoire. Je suis conscient que le problème de l’emploi fonction de l’investissement productif est un problème multisectoriel renvoyant à la politique socioéconomique globale, mais il appartient au ministère du Travail, outre d’élaborer une politique salariale inexistante à ce jour se contentant d‘une distribution de rentes sans contreparties productives, d’établir le bilan de toutes les structures de l’emploi qui relèvent de sa tutelle et faire une analyse objective des données de l’ONS au lieu de s’en tenir à des affirmations globales déconnectées de la réalité. C’est de sa responsabilité (la fuite en avant étant inutile ce n’est pas moi ce sont les autres) car ayant induit en erreur les plus hautes autorités du pays. Du fait des erreurs d’appréciations de son département, nous assistons à des émeutes générales réclamant un emploi où les forces de sécurité sont confrontés, sans aucune intermédiation (où sont les partis politiques, où est la société civile) à la population, en majorité des jeunes dont le taux de chômage officiel des jeunes dépasse les 24%, en réalité beaucoup plus, remettant en cause les fondements de l’Etat.
2.- Concernant les institutions internationales dont je connais le fonctionnement, pour le lecteur non averti, je précise que le FMI et la Banque Mondiale auquel fait référence le ministre, prennent les données du gouvernement algérien se limitant aux indicateurs globaux mais sans analyse de fonds. La reprise de ces données s’explique par le fait qu’ils n’ont pas voulu frustrer le gouvernement algérien, (le récent prêt au FMI de 5 milliards de dollars à un taux presque nul de 0,08% explique-t-il cela), ne devant pas prendre leurs analyses pour argent comptant, encore que dans certains rapports récents, ils sont très critiques. Que l’on se rappelle les fausses analyses concernant l’Egypte et la Tunisie ayant oublié les réalités sociales (déséquilibre régional, concentration du revenu au profit d’une minorité, emplois précaires et dominance de la sphère informelle marchande dans les emplois). Le FMI a distribué de bons points qui ont été contredits par la suite. Paradoxe, avec le taux officiel annoncé, l'Algérie ne devrait pas connaître de remous sociaux. Pourquoi donc ces données euphoriques déconnectées de la réalité sociale ?
Je recommande à certains experts du FMI et à la Banque mondiale d’éviter d’induire en erreur l’opinion pour des raisons d’intérêts car connaissant parfaitement la situation sociale et au ministre du Travail et ses conseillers d’éviter de vendre des rêves qui se transforment en névrose collective et de lire les écrits des prix Nobel de sciences économiques d’économie 2010, Peter Diamond, Dale Mortensen et Christopher Pissarides qui a été attribué pour leur travaux sur le chômage. Ces trois économistes ont montré qu’une analyse unifiée et dynamique est nécessaire, pour prendre la pleine mesure des problèmes d’emploi, devant mettre l’accent non pas seulement sur les stocks d’emploi et de chômeurs, mais sur les flux d’entrée ou de sortie dans l’emploi ou le chômage, en analysant leur structure, les effets d’un marché rigide, les taxes subventions, allocations-chômage et salaire minimum, qui peuvent influencer le taux de chômage d’équilibre
Les experts algériens animés par l’esprit patriotique, et ils sont nombreux connaissent parfaitement la situation et n’ont pas attendu les avis de certains institutions internationales pour mettre en garde les pouvoirs publics sur l’urgence d’une nouvelle orientation socioéconomique dont le fondement doit être une nouvelle gouvernance. J’invite de nouveau le ministre du Travail, s’il a un peu de courage et s’il est vraiment convaincu de ses données à un débat public au niveau des plateaux de télévisions algériennes, de son choix, et en direct sans aucune censure.
Abderrahmane Mebtoul, Professeur des Universités, expert international en management stratégique
Commentaires (5) | Réagir ?
Je viens de lire une interview que ce monsieur a donné à votre confrère Liberté, et je suis effaré par l'inconséquence dont il fait preuve. Imaginez que sous la Houlette de fakhamatouhou, le chômage est passé de 30 à 98. 3 % en moins de 12 ans dans le pays. J'imagine que ce Mr est de bonne foi mais il se trompe de population, peut être s'agit il du taux de chômage affectant les chinois importés depuis 1999 !!!!
Il est vrai qu'en Algérie depuis 1962, les courbes statistiques remplacent les tableaux de Van Gogh ou de Monet !!!
J'ai posté un commentaire sur cette page hier n a pas été publié, je peux savoir pourquoi?