Une bombe à retardement menace l'école algérienne
A la rentrée, 2013-2014 l’Éducation risque de souffrir des départs massifs d'enseignants à la retraite anticipée.
Baba Ahmed trouvera-t-il assez de professeurs à recruter ? Dans la perspective de créer 60 000 postes d'ici à la fin 2015, le ministre de l'éducation nationale doit fixer à 15 000 le nombre de postes ouverts aux concours 2014 dans le secondaire. Mais son défi est loin d'être gagné. Car la crise de recrutement frappe toujours la profession. Selon les premiers résultats des épreuves d'admissibilité du capes, qui viennent de paraître, il y a moins de candidats admissibles que de postes dans certaines disciplines. En mathématiques, il y a eu moins de candidats que de postes ouverts l’année dernière.
La crise de recrutement dans l'éducation nationale n'est pas nouvelle. Déjà en 2011, un poste sur cinq était resté vacant à l'issue des concours. Les disciplines dites "déficitaires" sont toujours les mêmes : les lettres classiques, les mathématiques, l'éducation musicale, les lettres modernes, l'anglais et l'allemand. Les raisons de cette désaffection sont connues : suppression de postes postes depuis 2007, élévation du niveau de recrutement à bac +5, quasi-suppression de la formation professionnelle des professeurs, salaire jugé insuffisant L’espérance de vie, qui est passée de 47 ans en 1962 à 76 ans en 2010, conjuguée à la baisse du taux de natalité, concourent à augmenter le volume de la population âgée de 60 ans et plus. C'est là l'amorce d'une nouvelle réalité à laquelle l'Algérie devra faire face dans les prochaines années.
Il s'agit notamment de la pression qui sera engendrée par l'accroissement du nombre de retraités avec tout ce que cela impliquera sur le plan financier. Si l’on considère le fait que déjà pour une structure par âge très favorable à un équilibre financier entre cotisants et retraités, on parle de déséquilibre du système de retraite, on peut d’ores et déjà s’attendre à ce qu’une structure par âge peu favorable à l’équilibre recherché constitue, dans les années futures, un défi sérieux, surtout si la durée moyenne de l’activité continue sa tendance à la baisse amorcée ces dernières années. Selon certaines études, l’Algérie pourrait compter 12 millions d’actifs en 2008, 16 en 2018 et entre 20,3 et 22,9 millions en 2038.
Par ailleurs, la population active future devrait compter encore moins de jeunes et plus de femmes qu’aujourd’hui. En parallèle, le nombre de retraités, de l’ordre de 2,2 millions de personnes en 2010, augmentera de 767 000 en 2015 et de 1,3 million en 2030 et de 2 millions en 2045. Au vu de ces chiffres, nous pouvons aisément imaginer la lourde pression qu’aura à subir le système de retraite dans les années futures. À la contrainte posée par le vieillissement de la population, se greffe le problème de l’emploi. En dépit du ralentissement de la croissance démographique, la population active algérienne doublera de volume durant la période 2003-2038, passant de 9 à 22 millions.
Ces statistiques officielles tirées d’un journal national montrent l’insécurité et le manque de planification que connait notre pays et nous donne à réfléchir et du danger qui vise notre société. Notre étude s’est basée sur le départ en retraite dans l’éducation à partir de 2012 et les raisons de ces départs en retraite. Ce sont des dizaines de groupes d’enseignants qui, quotidiennement, dès la première heure, envahissent les directions de l’Éducation des wilayas, pour y déposer les pièces nécessaires pour un éventuel départ en retraite. De longues et interminables files d’attente se forment, surtout au niveau du bureau des retraites, rattaché au service du personnel de ces directions. Et pendant que les travailleurs de l’Éducation, ayant atteint les 32 ans de service ou l’âge de 60 ans pour aspirer à une mise en retraite, se bousculent pour déposer leur dossiers, d’autres viennent s’informer sur un texte ou même une vague procédure qui favoriserait un départ anticipé et rapide en retraite.
Au niveau de la Caisse nationale des retraites (CNR), les employés s’activent à traiter les dossiers et à envoyer les notifications aux concernés. "Tout le monde est pressé de partir, si cela continue comme ça, les employés de la CNR n’auront à traiter que les dossiers de l’éducation". Les enseignants massivement recrutés dans les années 1980 sont aujourd’hui sur le départ car ils auront ou bien 60 ans ou ils auront 32 ans de carrière. Un tiers des enseignants a aujourd’hui plus de cinquante ans. D’ici à 2015, le Ministère de l’Éducation nationale devrait recruter plus de 50% personnes pour compenser les départs massifs en retraite. Les opportunités sont donc bien réelles à condition de passer par la case "concours" !
Près de 35 000 enseignants dans le secondaire devraient quitter leur fonction à l’horizon 2020, soit un taux de départ de 50 %. Dans la concurrence à l’embauche, la qualité de l’emploi, en particulier une plus grande sécurité pour au moins une partie de ces postes, pourrait être un facteur décisif. Dans l’immédiat plus de 15 000 ont atteint l’âge de départ en retraite obligatoire et dans certains lycées c’est presque 70% des cadres qui partiront.
Chaque année et ceci à partir de cette année nous assisteront à un départ en retraite obligatoire c'est-à-dire à l’âge de 60 ans de 15% des enseignants dans le secondaire. Le plus grave est que parmi ces départs on retrouve 50% d’enseignants de mathématiques qui ne peuvent être remplacé vu la crise dans cette matière.
Pour remédier à ces départs en retraites il faut créer chaque année plus de 20 000 postes d’enseignants dans le secondaire et parmi eux un grands nombre de professeurs de mathématiques et de physiques. Cette baisse du nombre d'enseignants est la conséquence de la politique de non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux, menée par le gouvernement.
Le CLA se demande comment on peut arriver à avoir assez de candidats, alors qu'aux dernières sessions, tous les postes n'ont pas été pourvus. Pour le CLA, "il y a urgence à aider les étudiants qui vont passer les concours en 2013 et 2014."
A l'Éducation nationale, "pour le CLA il est urgent de prévoir toute une série de plans qui se mettent en place" et "qui revalorisent les carrières" et parmi celle-ci revoir dans l’immédiat le statut particulier qui fait fuir des milliers de cadre car celui-ci ne prévoit aucune revalorisation de la carrière en fonction de l’âge et de l’ancienneté.
Pour attirer les candidats lors des sessions à venir, il faut miser sur trois leviers. Le premier est la création, en septembre, des écoles supérieures du professorat et de l'éducation dans lesquelles les étudiants apprendront leur futur métier. Ils seront payés à hauteur d’une mi-temps pour assurer six heures de cours. Le second, ce sont les "emplois d’avenir professeur" : des étudiants boursiers seront recrutés chaque année jusqu'en 2015 dans les collèges et les lycées pour y effectuer des missions d'"appui éducatif". En contrepartie, ils s'engageront à passer le concours.
Pour le CLA le syndicat du secondaire revendique un dispositif de "prérecrutement" plus large que celui des emplois d'avenir professeur, qui ne cible que les boursiers. "Il faut des aménagements de service pour que les assistants d'éducation et les enseignants non titulaires puissent préparer les concours dans de bonnes conditions. Une revalorisation salariale et une amélioration des conditions d'entrée dans le métier sont également nécessaires."
Hakem Bachir
Professeur de mathématiques au lycée Colonel Lotfi d’Oran
Commentaires (9) | Réagir ?
Il n ya plus d'école en Algérie, et cela depuis presque 3 décennies;il na qu'à essayer de discuter avec les universitaires que moi j'appelle d'ailleurs crèches pour adultes, car on n'a plus d’universités!je défies quiconque de me citer au moins une publication faite par un angerien depuis les années 1990, et sachez bien qu'un pays vaut ce que vaut son école!
du buff, il n'y a ni bombe ni à retardement ni à avancement, au pire, ils font nommés des profs faux diplomes, 'l'ecole algerienne fonctionne bien avec des sans bac depuis des decennies, l