L’initiative de Benbitour, naissance d’une force politique ou manipulation ?
L’initiative d’Ahmed Benbitour serait-elle l’objet d’une instrumentalisation d’un clan du pouvoir pour disqualifier le clan Bouteflika ou bien une véritable naissance d’une nouvelle force politique ?
L’électeur algérien est devenu généralement sceptique et méfiant devant toute initiative de changement du système de pouvoir pacifiquement, qui lui est soumise de la part de ce même système, à la suite de promesses répétitives non tenues qui se sont à chaque fois soldées par la reconduction du statu quo. De ce fait, l’initiative de changement du système de pouvoir pacifique qu’Ahmed Benbitour propose, à partir des procédures électorales, élaborées, contrôlées et validées par les institutions du système est perçue indifféremment comme une manipulation émanant de la propre volonté de ce même système à son profit ou qui n’aura comme issue que la reconduction du statu quo par la fraude électorale. Quoique Ahmed Benbitour insiste et précise qu’il se situe à l’extérieur du système et qu’il est le candidat du peuple pour le changement, qu’il n’a jamais appartenu au système, mais qu’il était plutôt au service de l’État et qu’il a démissionné pour incompatibilité. Ce qui peut constituer un argument pour dissiper l’appréhension de la manipulation. D’autant, qu’en choisissant la voie du changement pacifique, son recours au processus électoral établi et défini par le système de pouvoir était donc inévitable et incontournable. À partir de ce moment-là, il ne lui restait qu’à convaincre les électeurs à surmonter leur scepticisme et leur méfiance devant la fraude électorale, pour les amener à adhérer à son initiative et à soutenir sa candidature. Pour ce faire, il avance l’argument tout simple du vote massif, comme unique solution pour déjouer la fraude, qu’il estime ne laissera aucune chance au système de pouvoir et l’amener devant le fait accompli de sa disqualification.
Mais l’argument du vote massif d’Ahmed Benbitour dissimule en fait un non-dit, celui-là même qui structure la conscience collective et alimente son scepticisme et sa méfiance devant toute initiative de changement du système de pouvoir, qui viendrait de sa propre volonté par les urnes. Ce non-dit est identifié comme le moyen par lequel ce système de pouvoir exerce son despotisme et auquel il recourt systématiquement dans les moments où il est menacé. Il s’agit du coup de force, d’une manière ou d’une autre, selon les circonstances et dans ce cas, le coup de force, c’est la fraude électorale massive. Dans d’autres cas, il peut suspendre le processus électoral ou éliminer physiquement la menace. Il peut également corrompre ses adversaires ou les infiltrer et les imploser pour les affaiblir et les soumettre. C’est dans cette contradiction, qui lui semble insurmontable, que réside, en fait, le scepticisme et la méfiance de l’électeur à soutenir et à adhérer à une telle initiative de changement du système de pouvoir par les urnes. C’est cette hypothèse du coup de force qui rend l’argument du vote massif, pour déjouer la fraude, comme insuffisant et le conforte dans sa conviction que le changement ne peut venir par la voie des urnes.
La dissimulation de ce non-dit, chez Ahmed Benbitour, pourrait se traduire par deux hypothèses, aussi plausibles l’une que l’autre. D’une part, elle pourrait avoir pour objectif d’acculer le pouvoir dans ses derniers retranchements, à savoir, l’amener à recourir à ce forfait, par une fraude massive pour déjouer cette nouvelle forme de résistance à son despotisme, et le mettre devant un second fait accompli, qui dans un premier temps a débouché sur sa disqualification par le suffrage et ensuite par le recours illégal du coup de force. L’intérêt de cette hypothèse serait de constituer une force d’opposition, pour continuer la résistance au système de pouvoir à partir d’une place privilégiée dans le champ politique. D’autre part, il se pourrait qu’Ahmed Benbitour soit l’objet d’une instrumentalisation par un clan du pouvoir, à son insu ou avec sa complicité, pour remplacer Abdelaziz Bouteflika avec la caution de pouvoir mettre en œuvre son programme. Ce cas de figure représente le coup de force le plus subtil, qui consiste à faire élire un adversaire supposé et le clientéliser, en exerçant sur lui une ascendance hégémonique dans la prise des décisions sensibles, particulièrement, celles qui viendraient menacer son hégémonie. Cette deuxième hypothèse peut-être étayée par l’ambiguïté qui entoure son programme, particulièrement sur le plan politique, qui reste muet sur différents aspects de son projet de refondation de l’État, sur lequel il devrait se prononcer avec toute transparence.
En fait, dans l’état actuel des choses, rien ne pourra se décider sur la gestion de l’État que ce que veulent les militaires. Il faut également reconnaître à cette institution toute la responsabilité sur la faillite de l’État depuis l’indépendance nationale. Dans ce cas, il devrait considérer que c’est seulement, sur la base de la reconnaissance de sa responsabilité dans cette faillite, suivi par son retrait du champ politique et sa soumission à une constitution qui au préalable aurait consacré la séparation du politique et du militaire, en laissant au peuple la liberté de pouvoir s’organiser souverainement, que le véritable changement puisse advenir. Ce retrait devrait s’accompagner par la dissolution de la police politique et la restructuration des services de renseignements et de sécurité. La désignation d’un ministre de la défense, qui soit une personnalité civile pour jouer le rôle d’interface entre le pouvoir civil et l’armée pour la tenir à l’écart du champ politique. Ensuite, une véritable transition démocratique doit au préalable se baser sur la dissolution de l’assemblée nationale, qui est illégitime et élire une constituante pour élaborer la Loi fondamentale, démocratiquement.
Son programme devrait être également sans ambiguïté sur les questions de souveraineté de l’État. Il ne suffit pas de déclarer la séparation du politique et du religieux pour convaincre. Dans ce cas, il devrait préciser le statut de la religion dans la Loi sur les Partis politiques pour leur constitution et leur agrément, sachant que l’idéologie religieuse est antinomique avec la démocratie. Son programme politique devrait dans ce cas préciser la suppression de l’article N°2 de l’actuelle Constitution et l’abrogation de l’actuel code de la famille ou statut personnel.
Dernier point important à préciser dans son programme politique, consiste à lever tout équivoque sur les questions relevant de l’identité nationale. Notamment son aspect multiculturel en précisant la place que doivent prendre dans la future constitution l'identité culturelle amazighe et la langue tamazight. À ce propos, la question de l’unité nationale ne peut se fonder que sur une conception transculturelle de l’identité nationale comme rempart contre toute velléité de partition du territoire national. C’est sur la base de cette seule condition que le découpage territorial, dans le cadre de la décentralisation régionale, ne puisse se transformer en ghettoïsation ethnique, comme le souhaitent certains, en retenant les critères d’homogénéité de la culture, de la langue parlée et des traditions locales comme référence alibi. Sachant que le recours à ces critères pour définir les limites géographiques régionales sont dangereux pour les risques qu’ils peuvent induire sur l’unité nationale et sur la paix civile d’une part, et qu’ils sont contreproductifs pour les dynamiques d’échanges économiques et culturels, d’autre part.
L’initiative d’Ahmed Benbitour aurait beaucoup à gagner en crédibilité et par conséquent en adhésion que s’il répond à cette attente. Par ailleurs, ce énième coup de force, s’il en était un, n’aura aucune chance de légitimation, aussi cynique soit-elle, car nous ne sommes plus dans la configuration de l’alibi de l’état de siège provoqué par les velléités totalitaires de l’idéologie islamiste radicale ou des troubles sur la paix civile, provoquée par le terrorisme islamiste. Le pouvoir aura donc du mal à le justifier dans ce cas. Ce coup de force n’aura par conséquent que le renforcement de la radicalisation de la rupture du peuple avec le pouvoir, qui peut basculer brutalement et violemment vers la désobéissance civile, suivie par une violente révolte qui précipitera la société dans le chaos. Comme il puisse déboucher sur un renforcement de la résignation et de la soumission du peuple, menant vers plus de régression et d’avilissement de la société, qui ne fera que reporter l’implosion inévitable de la société.
Youcef Benzatat
Commentaires (23) | Réagir ?
Un mozabite ne développera jamais son pays. Il ne fera qu'amasser et stocker des richesses tout en vivant dans la misère. D'ailleurs, c'est ce que fait le pouvoir de Bouteflika; mais là, c'est le peuple qui vit dans la misère.
Tout d'abord, Benbitour n'est pas mozabite. C'est un châanbi de Metlili. Secondo, qui vous a raconté que les Mozabites vivent dans la misères? Cela prouve une chose que vous réagissez par idées préconçues et autres préjugés qui nous détruisent les uns les autres. Je vous croyais plus sensé dans vos propos mais, là, force est de constater que vous n'êtes pas tout à fait différent des ign... ! Vous me décevez Monsieur!
Benbit ressemble étrangement à benfli et sofdjil à aitah. rebelote. benbit tu touche ton salaire (rente) de premier ministre de boutef et tu es son sénateur. sofdjil tu participe a toutes les fraudes éléctorales de ton boutef tout comme ait ah. vous étes de vrais comiques. benbit tu était ministre et (pas chef de gouvernent) de boutef alors que boutef est arrivé à el mouradia par une fraude éléctorale et tu est devenu ministre d'un fourbiste et comploteur de coup d'etat et tu pretend étre un démocrate. vous tous les souteneurs de boutef (de ait ah à la hanou en passant par tous le democrates et islamistes de sad à benha) vous étes responsable du chaos algérien. sofdjil n'est qu'un jeune figurant (comme ait ah est un vieux figurant) du feuilleton boutefien, mais toi benbit tu es d'origine mouzabite tu as le sens des affaires tu as la capacité de distingué le vrai du faux. si le systéme doit changer de l'interieur c'est à ghozal que revient le droit de le faire au moins lui il a reconnu étre un harki du systéme soyez au moins courageux comme ghozal et dites que vous n'étes que des souteneurs et des proxéntes du systéme. boutef ne partira pas avant de detruire l'algérie c'est son programme que vous avez tous soutenu. pendant que zeroual était président de la république algériénne et qu'il reconstrusait les institutions démocratiques vous étiez où? vous a mis vos tétes dans le sable comme les autres pour ne rien voir. ZEROUAL a permis aux algériens d'avoir la constitution de 1996 qui est la voie vers la démocratie et vous tous vous étiez et vous etes contre zeroual. chiche dites dans vos journaux ce que vous pensez de zeroual et ce qu'il a fait pour l'algérie et vous verrez que la colére de boutef tombera sur vous. boutef à éliminé zeroual et s'est retrouvé tout seul à elmouradia à faire joujou avec l'algérie. Vous étes des éléments du clan de malheur boutef&co.