- Que se passe-t-il ? Ai-je demandé. 

- C’est un certain Benbitour qui vient à Oran. Pour faire la promotion d’un livre qu’il a écrit.

- Benbitour l’ancien ministre ?

- Oui, le wali court comme un fou. Il a ordonné à tous les cadres de la wilaya d’être présents. Lui-même va y assister !

- Etonnant tout ce remue-ménage pour un ancien ministre !

- Bien sûr. Habituellement les tout-puissants walis désignés à Oran qui ne se donnent même pas la peine de se déplacer jusqu’à l’aéroport pour attendre un ministre en fonction, venu en visite officielle ou même l’accompagner à la fin ?

- Alors celui-là ?

- Des instructions paraît-il qui tombent du saint des saints, des Tagarins !

Cette conférence (Elle faisait partie d’une tournée générale à travers le pays) s’est tenue devant un parterre garni et tous les journaux à l’époque, les publics et les indépendants, en ont parlé. Trois mois ou quatre mois après j’ai compris les raisons de ce remue-ménage : le sieur Benbitour venait d’être nommé Premier ministre ! Ce n’était pas le livre dont on faisait la promotion, mais le personnage, il était en stage de… notoriété !

Voilà comment ça fonctionne chez nous.

Alors je me demande pourquoi un fonctionnaire modèle, un golden boy, qui a profité à fond du système, qui n’a jamais rien montré, qui a travaillé au total six ou sept ans durant toute sa vie (Il a fait tout son cursus universitaire payé comme sous-directeur par la défunte S.N Sempac pendant les années quatre-vingt, puis nommé ministre quelques années, puis il a disparu, sept ou huit ans, puis exercé quelques mois chef de gouvernement, puis disparu aussi, quinze ans) qui se la coule douce avec une paye juteuse de premier ministre, des chauffeurs, des gardes du corps, un personnel de maison, sort-il comme ça brusquement du bois pour attaquer le système qu’il a tété toute sa vie ? Pourquoi aussi une autre grande têteuse, la dame Louisa (Ah combien de pauvres bougres elle a berné) soutenue elle aussi par les mêmes clans cachés, n’a-t-elle pas toujours attaqué, en biais il est vrai, Bouteflika en s’en prenant à ses chouchous piranhas d’importation : Khellil, Temmar, Benhachenou, s’est transformée en l’espace de quelques jours, prenant les habits de première supporter du zombie lui tombe sec dessus. Tout cela n’est-il pas concerté, n’est-il pas un prélude à quelque rôle important qu’on veut faire jouer à Benbitour, comme ce qui est raconté plus haut, la promotion du livre, le sortir de l’anonymat dans un premier temps, pour faire parler de lui, dans le but de le placer dans la course, de lui faire jouer un rôle de premier plan dans la foire d’empoigne qui s’annonce, qui va suivre la chute brutale de plus en plus certaine du mort-vivant (regardez comment l’affaire Chakib Khellil, et seulement Khellil, aucun autre voleur n’est poursuivi, évolue, on parle de choses extraordinaires, jamais vues en Algérie, de convocation par un juge d’instruction, de perquisition dans des domiciles, et d’ici peu de mandat d’arrêt, alors que tous les autres grands mangeurs et ils pullulent sont oubliés !).

Néanmoins, il faut reconnaître plusieurs choses positives à Benbitour, il vient d’une famille honorable, personne n’a jamais dit qu’il était malhonnête et peut passer pour un économiste. Comme dauphin, il est d’une toute autre trempe que le haggar Sellal qui montre ses dents avec les malheureux : les chômeurs, les marchands ambulants, les familles de disparus. Ce Sellal lui même, insoumis su service national et marié avec une femme qui fait des affaires avec l’Etat et qui n’aurait jamais pu prétendre dans un pays qui se respecte à une fonction supérieure. Je ne parlerai pas du chef oujdi de la horde sauvage apatride qui pille nos richesses. Lui, il est à des années lumières des deux.

Le casting commence à être posé. Reste les rôles à distribuer. Quel rôle va avoir Benbitour. Sera-t-il désigné dauphin officiel avec Sellal comme un lièvre poids lourd à la Benflis ? Sera-t-il le lièvre dans une mise en scène où le premier rôle est confié à Sellal ? Ou bien sommes nous trop optimistes et ne lui réserve-t-on qu’un rôle mineur, souteneur de 1^re catégorie (Hanoune, Sidi Saïd) ou simplement adjoint tambourineur (Belkhadem), chef flutiste (Ouyahia) pour remplacer l’un ou les deux très compétents Laurel et Hardy récemment évincés.

Les cartes Ghoul et Benyounès, des fausses cartes à mon avis, au regard des derniers développements, sont seulement faites pour polluer la scène politique. Les deux cocos me semblent en ce moment hors sujet, donc hors course pour la grande table. Certainement sur ordre, disciplinés, ils réclament à corps et à cri un quatrième mandat tout à fait hors de propos pour le zombie !

Mes chers amis du Matindz, les prochains épisodes du grand feuilleton burlesque des présidentielles qui s’annoncent seront passionnants, mais gare, soyez vigilants, très vigilants pour ne pas être menés en bateau, emberlificotés, vous avez affaire à des experts chlaouchias !

Farouk Degias