Une triangulaire inédite pour une présidentielle à tous risques

Le palais présidentiel
Le palais présidentiel

En perspective de la présidentielle 2014, la configuration des forces politiques, qui manœuvrent à ce jour, pour occuper les devants de la scène, en coulisse pour les uns, au grand jour pour les autres, se dirige vers une triangulaire inédite : des islamistes comploteurs en embuscade, d’une part, et un face à face Système de pouvoir-Benbitour, exposé à toutes sortes de pressions et de compromis, d’autre part.

À l’occasion de la présidentielle de 2014, le système de pouvoir devrait être en ce moment en train de manœuvrer pour assurer le remplacement de Bouteflika, dans le cas d’une éventuelle défection pour une raison ou une autre. D’abord en raison de la détérioration de son état de santé, qui n’est plus un secret pour personne, depuis longtemps déjà. Au su de tout le monde, son rôle se limite à des missions mondaines, de célébration des dates commémoratives ou l’accueil formel des visiteurs étrangers venus en mission officielle. D’autre part, à cause de la lourdeur d’une éventuelle tentation pour un deuxième viol de la constitution, pour lui permettre de se représenter encore une quatrième fois. Comme il pourrait être en train de manœuvrer pour lui assurer une succession à lui-même en douce, qui peut être résolue par une prolongation de la durée du mandat présidentiel, à l’occasion de la révision de la constitution en cours, comme le rapporte la rumeur, dans le cas où son état de santé continuerait à le lui permettre.

Pour toutes ces éventualités, l’offensive de la campagne de propagande électorale du système de pouvoir a déjà été lancée. Les cercles les plus fervents, qui gravitent autour de son centre, sont déjà à pied d’œuvre. Il s’agit en fait pour eux de vendre à un électorat désabusé un discours populiste articulé autour de deux principaux slogans, supposés mobilisateurs, qui visent à satisfaire des attentes au demeurant inconsolables. En premier lieu, il s’agit de convaincre l’électeur de l’engagement énergique et radical du pouvoir pour résoudre le problème d’une corruption devenue endémique et exacerbée, mettant en cause le centre du pouvoir lui-même et aggravant une crédibilité déjà mise à mal par le caractère illégitime de son autorité. Cette propagande vise non moins une valeur morale, puisée dans les catégories patriarcales, qui devrait faire admettre à l’électeur potentiel le rôle de patriarche, assumant sa responsabilité de père de la nation, au système de pouvoir, alors, que c’est le père lui-même qui est perçu comme étant l’auteur de cet acte immoral. Ensuite, c’est l’éternel argument de "la main de l’étranger" devenu pour la circonstance "le complot", qui est convoqué pour lui permettre d’endosser la posture de garant de la préservation de la souveraineté nationale, par l’instrumentalisation d’une menace, inventée de toutes pièces, qui viserait la sécession du Sud du territoire national. Ce deuxième argument est, lui aussi, considéré comme insuffisant pour consoler une attente, elle aussi exacerbée, en matière de souveraineté nationale, parce que c’est le pouvoir lui-même qui est perçu comme étant son principal usurpateur. Plusieurs griefs, en fait, lui sont reprochés à ce propos : la surexploitation des richesses nationales, au profit des multinationales, sans impacte tangible sur leur qualité de vie, l’importation de main-d’œuvre étrangère au détriment des travailleurs nationaux, en somme, le gaspillage de la rente des hydrocarbures au détriment de l’investissement productif, en gelant toute possibilité de développement et en hypothéquant l’avenir des générations futures.

Louisa Hanoune, la plus fervente dans le domaine de la propagande au profit du pouvoir a réussi l’exploit de joindre ces deux valeurs, pour les fusionner en une seule occasion, notamment, en considérant que les délits de corruption, présumés, attribués à Chakib Khelil et ses complices, sont le produit d’un complot extérieur qui vise à attenter à la souveraineté nationale. L’efficacité de cette stratégie, d’appliquer des catégories patriarcales dans la propagande électoraliste, vise un but inavoué, qui est celui d’inhiber chez l’électeur toute lucidité à la contestation radicale de l’illégitimité du pouvoir et le prédisposer à intérioriser et à refouler l’évidence de la fraude massive aux échéances électorales et de s’abstenir à la dénoncer avec rigueur. En vain !

Conscient d’avoir usé jusqu'à la corde cette propagande populiste, il est condamné à en user encore et encore, dans une fuite en avant sans fin, pour préserver le pouvoir et les privilèges qui vont avec, jusqu’au développement d’un autisme, qu’il entretient à coups de répression, de coercition et de violences de toutes sortes.

Une fois n’est pas coutume, car son recours à l’argument du "complot", à cette occasion, n’est pas entièrement dénué de tout fondement. En fait, les accusations des propagandistes du système de pouvoir, lancé contre le mouvement de contestation sociale de la population du sud, évoquant un complot qui viserait la sécession des territoires du Sud, reposent sur des faits avérés, mais détournés de leur objectif. Il y a réellement une volonté d’instrumentaliser ce mouvement social, de la part d’idéologues islamistes radicaux, embusqués dans l’ombre, pour mobiliser la population du sud, pour espérer ensuite faire la jonction avec la population du Nord, soumise, elle aussi, à un maillage discret. Leur but est de gagner à leur profit la mobilisation populaire, pour l’inciter à se soulever par la suite contre le système de pouvoir et à s’en servir comme levier dans leur quête du pouvoir et non pas pour une quelconque cessation du Sud, comme le prétendent les propagandistes du pouvoir. Ce travestissement, de la part du pouvoir, vise en effet un double objectif. En plus de distiller sa propagande envers cette population, c’est de la délégitimation d’un concurrent sérieux à la course au pouvoir qui est visée. D’où la propagande, qui consiste à les faire apparaître aux yeux de l’opinion publique de sécessionnistes, pour briser leur offensive. Dans leur détermination, les islamistes ont réagi à leur tour, par une contre offensive propagandiste, qui s’est résolue à mettre en avant le slogan : "Nous sommes pour l’unité nationale" pendant les rassemblements et les marches populaires. Par ailleurs, pour prévenir toute répression, qui serait justifiée par un trouble à l’ordre public, qui viendrait mettre à mal leur projet de mobilisation populaire, ils ont avancé le slogan : "notre contestation n’a rien de politique, elle est exclusivement sociale". Ce deuxième slogan vise en définitive deux objectifs à la fois, d’abord, éviter la répression, ensuite, ne pas devoir dévoiler l’idéologie de leur combat politique, pour ne pas désolidariser la population, qui ne participe pas à leur idéologie. Leur objectif premier étant la mobilisation populaire pour un soulèvement national et faire tomber le système politique dans la neutralité idéologique apparente. Ce n’est que dans un deuxième temps, qu’ils envisagent de s’imposer en toute logique, par le faite accompli, comme les principaux initiateurs de la chute du système.

De ce fait, l’instrumentalisation des populations du Sud par les islamistes, demeure sournoise de la part de ces derniers, et s’effectue dans une ambiguïté ambiante, dont, seuls les leaders sont complices, qu’ils soient meneurs des organisations syndicales dans le Sud ou même dans le Nord, ainsi qu’un nombre important de militants des droits de l’Homme. L’objectif de cette dissimulation vise de toute évidence, l’éloignement de toute suspicion sur leurs véritables intentions, leur "complot", si on peut l’appeler ainsi, pour éviter de désolidariser ceux qui n’adhèrent pas à leur idéologie. Le noyau dur de ce mouvement islamiste embusqué se situe autour d’anciens militants de l’ex-FIS, en exil ou sur le territoire national.

L’intensification de l’instrumentalisation des mouvements de contestation des chômeurs du sud aujourd’hui, traduit chez eux une précipitation, comme un vent de panique, en réaction à l’offensive du courant démocrate séculier, initié par Ahmed Benbitour. Dont l’intrusion inattendue dans le jeu politique vient entraver leur projet de conquête du pouvoir. Notamment, par la crédibilité et la rigueur de sa stratégie de mobilisation citoyenne pour le changement du système de pouvoir, pacifiquement et par les urnes. À ce propos, ils se présentent comme les principaux pourvoyeurs de la propagande, qui fait passer sa candidature à la présidentielle de 2014 pour un "complot" en complicité avec le système de pouvoir, pour assurer la succession de Bouteflika et reconduire le statu quo. À l’accusation de "complot sécessionniste" par le pouvoir, ils lui répondent par l’accusation de "complot système de pouvoir-Benbitour", en montant au front de la mobilisation populaire et l’action de l’occupation de la rue. Ainsi, ils attaquent sur deux fronts à la fois, mobiliser la population pour faire chuter le système et décrédibiliser l’action d’Ahmed Benbitour, pour inciter la population à rejeter son initiative. C’est ce qui s’est passé exactement, lors de la conférence, qu’il avait animée à Constantine, dimanche 17 mars à 15 h, dans la salle Malek Haddad et qui avait pour thème "le développement durable". En effet, un groupe de militants de l’ex-FIS dissous, très connus dans cette ville, ont fait irruption dans la salle en prenant la parole pour tenter de décrédibiliser son discours. En vain !

Par contre, le jeu trouble auquel s’adonne la presse à faire l’apologie du mouvement des chômeurs - tout en sachant que la solution à leurs problèmes, ne peut être que globale et sur une action de réforme, qui ne peut donner ses fruits que dans le long terme et que le pouvoir n’a ni les moyens, dans l’état actuel des choses, ni la volonté de l’assumer - représente un véritable danger de déstabilisation de la société, pouvant mener vers une dégradation très grave de la paix civile et la précipitation du pays dans le chaos. Alors, que l’initiative d’Ahmed Benbitour, qui représente une réelle sortie de crise, est complètement occultée, voire boudée !

Ahmed Benbitour, de son côté, contemple avec détermination et sérénité ce tumulte désolant de ses adversaires à la quête du pouvoir. Se contentant de mener campagne et leur répondre à l’occasion, sans trop de ménagement, tellement que les stratégies sournoises de ses adversaires sont réduites à un vieux jeu appartenant à une époque révolue, comme une réminiscence, représentant 50 ans d’errance d’une jeune Nation à la quête de son identité et de son destin. Il dira à cet effet, lors de sa dernière sortie à Bordj Bou-Arréridj : "Je suis le candidat du peuple" pour bien marquer ses distances avec le pouvoir et insister sur le fait qu’il n’acceptera aucun compromis avec l’armée, dont il envisage de moderniser les structures et de lui imposer un civil en tant que ministre de la défense pour la tenir à distance du pouvoir. D’un autre côté et pour répondre à ses deux adversaires à la fois, il dira à propos de la contestation des chômeurs du sud, que leurs revendications sont légitimes et que ce n’est pas avec des sommes d’argent que l’on arrivera à régler les problèmes. "Il faut un programme complet et bien étudié, qui touchera l’école, la santé et d’autres secteurs de la vie quotidienne." Disqualifiant les réponses démagogiques à ce problème, à la fois des uns et des autres.

Youcef Benzatat

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Commentaires (18) | Réagir ?

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chakib ACHARI

@ patrick Mohand: Il faut se rappeler qu'ouhaya a deja fait ses preuves bien avant le retour du groupe d'oudjda aux affaires ; certes il a fait des erreurs et il a pris quelques mesures impopulaires, mais il faut savoir qu'à partir de rien il a pu remette à flot l'economie du pays durant la decennie noire ; avec les caisses vides et un baril de petrole qui ne dépassait guère 8 Dollars, Ouyahia a laissé derrière lui quelque chose comme 8 milliards de dollars enbanque au moent où il quittait le gouvernement en1998. Par ailleurs il faut faire la difference entre l'activité d'ouyahia en tant que chef de gouvernement et celle qui est la sienne quand il est redevenu premier ministre au role de simple coordonnateur de l'equipe gouvernementale ; Maintenant on veut le designer comme bouc émissaire pour llui endosser tous les travers et les echecs du clan présidentiel autour duquel, en plus du président et ses conseillers, tournoyaient 4 super ministres dans des postes de souveraineté ne rendant compte qu'à eux-mêmes. quant aux autres rumeurs, ce ne sont que d'anciennes rumeurs qui ne tiennent plus la route aujourd'hui.

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uchan lakhla

Entendre de certains que Ahmed Ouyahia représente la rigueur, j'ai envi de dire laquelle ? Celle de jeter les cadres par milliers en prisons sans jugement sans procès, celle qui) à mis le secteur privée en pièce, celui qui à mis le secteur public en autarcie, l'affaire Anadarco dont laquelle l'état à déboursé 3. 5 milliards de $, la rigueur de la république des copains et des amis, ce n'est pas Ouyahia par hasard qui possède une société de transport urbain d'une dizaine de centaines de bus, Ouyahia est un cadre de l'état, à supposé que Ouyahia touchait 10 000 € par mois, question d'où lui vient 1 000 bus coutant 100 000 € pièce ? Ouyahia est le Monsieur qui en 1994 qui à imposer la généralisation de l'utilisation de la langue Arabe en Algérie, pendant que ses rejetons fréquentent les luxueuses écoles Londoniennes aux frais du contribuable Algérien, Le grand Winston Churchill disait : Celui qui oublie son passé est condamner à le revivre,

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