Syrie : le Premier ministre de l'opposition rejette tout dialogue avec Assad
Fraîchement nommé, le Premier ministre de l'opposition syrienne Ghassan Hitto a affirmé ce mardi qu'il ne négocierait pas avec Bachar el-Assad, tandis que le régime accuse les insurgés d'avoir utilisé un armement chimique.
Sitôt élu par l'opposition syrienne, le nouveau Premier ministre intérimaire Ghassan Hitto a annoncé ce mardi à Istanbul qu'il ne dialoguerait pas avec le régime du président Bachar el-Assad. Dans le même temps, Damas et les rebelles se sont accusés mutuellement d'avoir tué des civils avec un missile chargé de matières non conventionnelles. "Nous confirmons au grand peuple syrien qu'il n'y aura pas de dialogue avec le régime d'Assad", a déclaré Ghassan Hitto lors de son discours inaugural, quelques heures après son élection.
Le chef de la Coalition, Ahmed Moaz al-Khatib, s'était dit prêt fin janvier à entamer des discussions directes avec des représentants du régime n'ayant pas "de sang sur les mains" mais avec comme unique objectif le départ du président Assad.
Ce dernier a toutefois confirmé ce mardi que la porte était désormais fermée à de tels pourparlers. "Le régime a mis fin à cette proposition, pas l'opposition. L'idée était d'alléger les souffrances du peuple syrien. Malheureusement, certains pays l'ont utilisée pour tenter de favoriser leur propre ordre du jour en Syrie", a-t-il affirmé.
"Faire chuter le régime d'Assad"
"La proposition de pourparlers a pris fin avant que nous élisions le Premier ministre intérimaire", a ajouté le dirigeant de la Coalition. Dans son discours, Ghassan Hitto a accusé le pouvoir syrien d'être "un gang qui (...) a détruit le pays" et a énuméré certaines des priorités de son futur gouvernement. "Notre principale priorité est d'utiliser tous les moyens dont nous disposons pour faire chuter le régime d'Assad", a-t-il souligné, ajoutant qu'il fournirait "toute l'aide possible" aux populations des régions passées sous contrôle de la rébellion, plongées dans le chaos et l'insécurité.
Né en 1963, Ghassan Hitto était jusqu'à l'an dernier cadre supérieur dans une compagnie de télécommunications au Texas. Il a rejoint en novembre 2012 les rangs de l'opposition et s'est impliqué dans l'assistance humanitaire à la population syrienne.
Même s'il a été présenté comme un candidat de consensus, susceptible de rassembler les courants islamistes et libéraux de l'opposition au régime de Damas, la victoire par 35 voix sur 49 de cet homme issu de la mouvance islamiste est loin d'avoir fait l'unanimité.
Hitto se défend de toute approche politicienne
Illustration de la persistance de fortes divisions dans ses rangs, plusieurs membres de la Coalition ont refusé de participer au vote, accusant les Frères musulmans d'avoir imposé la candidature de Ghassan Hitto. "Nous ne voulons pas que ce qui s'est passé en Egypte se reproduise en Syrie. Ils ont détourné la révolution", a indiqué un des membres de la Coalition, Kamal Labwani. Issu des Frères musulmans, son "collègue" Farouk Tayfur a rejeté ces accusations, affirmant que son mouvement n'avait soutenu Ghassan Hitto qu'en sa qualité de "candidat du Conseil national syrien".
Ce mardi, le Premier ministre s'est lui-même défendu de toute approche politicienne. "L'objectif de ce gouvernement ne sera pas fondé sur des intérêts politiques", a-t-il dit, "nous choisirons les ministres et les conseillers sur la base de leur compétence technique et professionnelle".
Outre la formation de son équipe, attendue par les membres de la Coalition d'ici un mois, le chef du gouvernement intérimaire va devoir rapidement imposer son autorité aux groupes rebelles qui, sur le terrain, mènent le combat engagé depuis deux ans contre l'armée de Bachar el-Assad.
Ces groupes rebelles vont définir "jusqu'à quel point ils sont prêts à accepter les prérogatives du Premier ministre. Cela pourrait prendre du temps", a commenté un des membres de la Coalition,Samir Nashar. Avant même son élection, l'Armée syrienne libre (ASL), la principale force armée de la rébellion, s'est rangée sans condition derrière le futur chef de l'exécutif provisoire.
Entre autres prérogatives, le nouvel exécutif devrait "protéger les infrastructures et les ressources publiques et privées", gérer les postes frontières aux mains de la rébellion et coordonner l'aide humanitaire internationale, selon Ghassan Hitto.
Les rebelles ont-ils utilisé une arme chimique ?
De son côté, le régime syrien a accusé mardi les rebelles d'avoir tiré un missile avec une tête chimique dans la province d'Alep qui a fait 16 morts, selon l'agence de presse officielle syrienne Sana.
C'est la première fois que le régime du président Assad porte une telle accusation contre les rebelles. La Russie, alliée de Damas, a indiqué avoir reçu des informations corroborant cette accusation. Un porte-parole de l'ASL a démenti et accusé l'armée régulière d'avoir tiré un missile contenant des "matériaux non conventionnels", peut-être "en réponse aux engagements internationaux concernant l'octroi d'armes aux rebelles".
La communauté internationale a multiplié les mises en garde à Damas contre le recours aux armes chimiques. Le ministère britannique des Affaires étrangères n'a pas confirmé ces informations mais a assuré que l'utilisation d'armes chimiques serait "odieuse et universellement condamnée" et "exigerait une réponse sérieuse de la communauté internationale". Entamé il y a deux ans, le conflit syrien a déjà tué 70 000 personnes et provoqué le déplacement de millions d'autres, selon l'ONU.
Avec AFP
Commentaires (1) | Réagir ?
Détrompez vous cher traite. Je ne pense pas que la décision de ne pas dialoguer avec Mr Bachar al Assad provienne de vous; si ce n'est cette bande de pays arabes qui est indigne de l'être, somme vous dicter ce que vous deviez faire.
N'avez vous pas l'exemple de l'irak ya meyten al goulob. C'est vrai que peut'on attendre des vendus