Centrafrique : cinq ministres "otages" de la rébellion Séléka
Cinq ministres centrafricains, membres d'une délégation gouvernementale en mission auprès de la coalition rebelle Séléka dans le centre du pays, sont "retenus" depuis dimanche par des combattants de ce groupe, qui ont menacé "de reprendre les hostilités".
Une mission gouvernementale s'est rendue à Sibut (160 km au nord de Bangui) auprès du Séléka "pour des questions de paix et de désarmement", a déclaré à l'AFP le ministre de la Sécurité Josué Binoua. Le Séléka a empêché cinq des membres de la mission, ministres issus de la rébellion au sein du gouvernement d'union, de regagner Bangui, exigeant "l'application" des accords de paix de Libreville, a précisé M. Binoua.
Parmi les ministres retenus figurent les plus importantes personnalités du Séléka: son président et actuel vice-Premier ministre, Michel Djotodia, le ministre des Forêts Mohamed Dhaffane, ou encore le ministre de la Communication Christophe Ghazam Betty. "Nous avons exigé du gouvernement qu'il applique les accords de Libreville. Mais il ne semble pas nous écouter (...)", a déclaré à l'AFP une autre figure de la rébellion le colonel Djouma Narkoyo. "Nous donnons 72 heures au gouvernement pour répondre à ces exigences, sinon le Séléka va reprendre les hostilités", a mis en garde le colonel Narkoyo.
Mi-décembre, les rebelles du Séléka avaient pris les armes contre le régime du président François Bozizé, menaçant la capitale Bangui. Après avoir signé un accord de paix le 11 janvier à Libreville, la coalition rebelle a accepté de participer à un gouvernement d'union nationale. La rébellion n'a cessé depuis lors de demander le respect de ces accords, avec notamment la libération de prisonniers politiques et le départ des troupes étrangères de la Centrafrique, en particulier sud-africaines. "En plus de nos exigences, nous avons retenu les cinq ministres pour protester contre le langage dégradant tenu à la radio nationale par le président de la République à l'encontre de la Séléka, qui démontre sa volonté de ne pas aller à la paix", a par ailleurs ajouté le colonel Narkoyo.
Des dissensions au sein de la rébellion se font sentir depuis plusieurs semaines, alors que des factions du Séléka ont attaqué le 11 mars l'une des principales villes du sud du pays, Bangassou, après avoir conquis fin février la localité de Sido (nord).
Ces attaques avaient alors été fermement condamnées par les ministres Dhaffane et Ghazam Betty. "Il faut comprendre que ceux qui dirigent Séléka sont ceux qui dirigent le terrain. Aujourd'hui le terrain considère que les accords n'ont pas été respectés, et le maintien du président Bozizé (au pouvoir) ne nous permet pas de ramener la paix", a réagi l'un des porte-parole de la rébellion, Eric Massi, joint par l'AFP. "Qu'il (le président Bozizé) respecte les accords ou qu'il s'en aille, sinon il ne pourra pas éviter une bataille inutile à Bangui. C'est a prendre très au sérieux, le terrain est largement armé et déterminé", a affirmé M. Massi.
Avec AFP
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