La bonne et mystérieuse nouvelle de Réda Hamiani
En réaffirmant le soutien de son organisation à l’action du Premier ministre Abdelmalek Sellal, le président du Forum des chefs d’entreprises (FCE), Réda Hamiani, vient sans doute d'annoncer que quelque chose de très important s'est produit dans le monde politique opaque qu'est le système algérien.
Jusque-là en effet, le patron des patrons, exprimant le ras-le-bol des investisseurs algériens qui privilégient la production, s'est toujours plaint de ce que le régime de Bouteflika ait octroyé sa préférence pour le mobile des importateurs et autres nouveaux riches. Cet abandon des patrons investisseurs au profit des trabendistes s’est traduit par l’explosion du marché informel. C’est la forme de corruption la plus visible et la plus banale. Fin 2008, quand le prix du baril atteignait plus de 100 dollars, les clignotants financiers étaient au vert: une balance des paiements excédentaire de plus de 29 milliards de dollars, des réserves de change dépassant les 140 milliards de dollars plaçant l’Algérie au 11e rang mondial, un dette extérieure ramenée à moins de 700 millions de dollars alors qu’elle se situait à 27 milliards de dollars en 1994 avant de passer à 15,5 milliards de dollars en 2006.
Alors, à l'instar d'Issad Rebrab qui s'est vu refuser le projet de Bellara, les patrons investisseurs ne figurent pas parmi les soutiens économiques de Bouteflika. " L'Etat ne joue pas vraiment son rôle. Il y a une machine bureaucratique très lourde. Le gouvernement continue à ne pas nous considérer comme de vrais partenaires. Il n'y a pas assez de symbiose entre les pouvoirs politique et économique", avait regretté Reda Hamiani dans un entretien avec "Afkar-Idées".
Alors, quand ce même président du Forum des chefs d’entreprises déclare, samedi 2 mars : "Aujourd’hui, nous voulons affirmer sans ambages que l’approche de M. Sellal (en matière d’économie, NDLR) nous paraît être la bonne. Elle est pragmatique, réaliste, éclairée par les avis des professionnels et porteuse de progrès économique pour notre pays", il y a lieu de croire en une rupture avec la stratégie économique bouteflikienne. M. Hamiani, pour ceux qui ne l'auraient pas compris, va jusqu'à dire les choses dans leur plus simple formulation : "M. Sellal va mettre tout en œuvre pour relancer la production nationale en substitution aux importations."
Ce changement, s'il se confirme, est un changement majeur. Il signifie un retournement de la situation avec la marginalisation, cette fois-ci, de toutes ces têtes qui évoluent dans le marais de l’affairisme douteux, de nouveaux riches qui gravitent autour de la rente pétrolière et qui tirent leur fortune de l'import-export, de l'informel, voire de la corruption et du détournement de fonds de l’État. Au plan international, cela signifie peut-être aussi un détachement vis-à-vis des lobbies américains, français, de sombres personnages des Émirats arabes unis, du Qatar, du Koweït…intéressés par les "ouvertures" sans équivalent dans le monde, que propose Bouteflika.
Ce sont ces forces de moins en moins occultes qui constituent la base forte de Bouteflika et qui militent jusqu'au dernier souffle pour sa reconduction. Elles impriment leur mode de gouvernement, imposent des choix économiques extravertis (économie d'importation au détriment de l'investissement national, économie informelle au détriment de la production nationale…) Elles favorisent l'économie douteuse, l'accumulation des capitaux non déclarés, la spéculation, l'absence de transparence, la corruption, du népotisme économique… Elles ont aujourd'hui acquis la possibilité de promulguer des lois et d’en bloquer d'autres.
C’est en parlant d’eux que l'ancien premier ministre Ahmed Benbitour, dans un entretien à El-Khabar (10 décembre), dit : "La caste qui entoure Bouteflika a tout intérêt qu’il fasse un mandat à vie". L’ancien chef du gouvernement estime que "La nature du système en Algérie est devenue héréditaire, dans le sens où le président est entouré d’un groupe de personnes qui profitent de ses largesses et de ses cadeaux ainsi que l’état de faiblesse du pays". En d’autres termes, il existe aujourd’hui une grande caste qui profite de la corruption, du gaspillage, de la mauvaise gestion et des immenses programmes d’investissements dont la source principale de financement sont les hydrocarbures. Ces "gens ont intérêt que l'actuel président reste au pouvoir pour un quatrième et cinquième mandat, voire y rester à vie", nous dit l'ancien chef du gouvernement.
Revers de la médaille, cette croissance, exclusivement financière, tirée par les exportations d’hydrocarbures (97% du total des exportations) est une croissance sans développement générateur d’emplois durables. Ainsi, en dépit de ses promesses, dix ans après l’arrivée de Bouteflika au pouvoir, l’économie algérienne reste dépendante des hydrocarbures. L’argent du pétrole n’a pas servi à la relance économique ou à financer des investissements productifs. De ce fait, le chantier de l’autoroute est-ouest, la modernisation en cours des transports ferroviaires, le métro d’Alger, la construction de logements pour résorber l’habitat précaire et répondre à une demande en hausse, ne doivent pas masquer le fait que c’est la mafia de l’import qui a profité de cette embellie financière. Dans un marché économiquement dérégulé, où l’on ne produit presque rien car presque tout est importé, même de la tomate concentrée en provenance… d’Arabie saoudite - les importations ont quintuplé, passant de moins de 10 milliards de dollars en 1999 à plus de 40 milliards de dollars à fin 2009, et ce, en dépit de la loi de finances complémentaires (LFC) destinée à réduire les importations. Durant la même période, on a assisté dans la même période à une explosion du marché informel et à l’émergence d’une classe d’affairistes parasitaires (les barons de l‘import) disposant de puissants relais au plus haut niveau de l’appareil d’Etat. Selon l’experte américaine Debrah Harold, l’informel représente 50% de l’économie algérienne. S’exprimant sur le marché noir de la devise, qualifié de «vrai réseau économique», elle avoue : "Je n’ai jamais saisi la logique de l’Etat qui permet cela" au point où elle constate que "les opérateurs économiques s’approvisionnent en devises en dehors des banques". Ce marché noir existe au vu et au su de tous : le square Port Said à Alger est un des lieux. En résumé, lourdeurs bureaucratiques aidant, sur fond de dérèglementation, le marché informel qui est une autre forme de la corruption, entièrement financé par le détournement d’une partie de la rente pétrolière, freine et décourage l’investissement productif, accélère la désindustrialisation, contribue à la stagnation agricole et crée peu d’emplois durables, tout en aggravant la dépendance économique du pays et, partant, participe à la "bazardisation" de l‘économie.
Reda Hamiani veut nous dire que tout cela est terminé. Faut-il croire à une nouvelle orientation économique, et donc politique ? Appliquée à la présidentielle de 2014, cela voudrait dire bien des choses. Oui mais comment cela s'est-il décidé ? Hamiani ne le dit pas. À suivre...
M.B. - lematindz
Commentaires (11) | Réagir ?
Hamiani est un larbin du système, il n'a rien d'un industriel. Sellal, boutef même combat ! Un homme un vrai n'aurait pas pu durer autant avec boutef
J’aime cette façon de deguener le plus rapidement possible. Car a mon avis ce sont des positions qui font très mal au pays. Je trouve qu’on est vraiment dans la merde hahakoum. hamiane sans honte ose soutenir un larbin designer pour soi disant réparer et camoufler les dégâts causer depuis fort longtemps alors que le problème et plus profond. On le sais tous que sellal a déjà commence a mentir au peuple et près a aller au delà de ses principes s’il on a pour faire plaisir a ses mentors (il se dit sûrement que l’appel du devoir l’a oblige d’être la ou il est).
Des hypocrites comme hamiane y on a pas beaucoup. Il sait bien que sellal ne peut changer la donne. la je suis persuade que les enveloppes brunes c’est son sport favori, sans oublier son soutien a la candidature de fakhamatouhou rais, qui a déroute beaucoup de ses concitoyens lambda.