Diesel en France : 42000 morts prématurées chaque année
La nocivité des moteurs diesel sur la santé ne fait plus de doute. Le 12 juin 2012, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), organisme affilié à l'Organisation mondiale de la santé (OMS), classait pour la première fois les gaz d'échappement des moteurs diesel comme étant cancérogènes pour l'homme.
Les experts du CIRC ont établi un lien direct entre le diesel et le cancer du poumon et le risque de cancer de la vessie. Le soupçon est pourtant beaucoup plus ancien : dès 1988, les moteurs diesel avaient été classés par l'OMS comme "probablement cancérogènes".
Ces moteurs émettent des particules fines d'un diamètre inférieur à 10 micromètres, voire 2,5 micromètres – dites PM 10 et PM 2,5 – qui pénètrent très profondément dans les poumons. Ils ne sont pas les seuls : l'industrie, les cheminées, l'agriculture constituent également des sources de pollution. Mais le diesel, en France, est un vecteur prépondérant.
Dépassement de normes
Selon l'OMS, la pollution aux particules fines serait responsable chaque année dans l'Hexagone de 42 000 morts prématurées, soit 5 % des décès annuels. En 2011, 12 millions de Français ont vécu dans des zones ne respectant pas les valeurs limites annuelles d'émissions de particules fines, fixées par l'Union européenne. Un dépassement répété des normes qui vaut à la France d'être menacée par Bruxelles de lourdes sanctions financières.
Depuis trois ans, les études se multiplient pour démontrer les incidences de la pollution aux particules fines sur la santé humaine. La situation est particulièrement critique dans les villes où la circulation automobile est dense. Une étude européenne de 2011 (Aphekom) a établi que l'exposition aux particules réduit en moyenne l'espérance de vie d'un Marseillais de 7,5 mois, celle d'un Parisien de 5,8 mois, d'un Bordelais de 5 mois.
Une autre étude réalisée par Airparif, l'organisme de surveillance de la qualité de l'air en Ile-de-France, rendue publique le 4 décembre 2012, montre que les Parisiens les plus fragiles sont aussi les plus exposés. Dans tous les établissements de la capitale accueillant des publics "sensibles" – jeunes enfants, personnes âgées ou hospitalisées – et situés à moins de 50 mètres d'un axe routier à fort trafic, la concentration de particules fines dans l'air dépasse les valeurs limites. 128 écoles maternelles et élémentaires, 85 crèches, 66 hôpitaux, 36 hébergements pour personnes âgées sont concernés, soit 40 000 personnes.
Le 6 février, la revue Environmental Health Perspectives, la plus vaste étude internationale menée sur les incidences des particules fines sur les naissances, concluait que les femmes exposées présentent un risque accru d'accoucher d'un bébé dont le poids sera inférieur à 2,5 kg après une grossesse menée à terme.
Malgré ces alertes, ces derniers jours, à la faveur du froid, des pics de pollution ont été de nouveau enregistrés dans dix régions françaises, notamment les Bouches-du-Rhône, Rhône-Alpes et l'Ile-de-France. Vendredi 1er mars, la ministre de l'écologie, Delphine Batho , a reconnu que le diesel est "un problème de santé publique sur lequel on ne peut plus fermer les yeux".
Paul Benkimoun et Sophie/Lemonde
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