J’ai donc décidé de tous leur répondre, succinctement bien sûr, sinon votre journal n’y suffirait pas, tant il y a à dire. J’espère que je pourrai compter sur votre loyauté et bénéficier de la même complaisance que mes contradicteurs, sans être censurée.

M. Hend Sadi

Vous avez été choisi, semble-t-il comme scribe en chef surtout maintenant que certains super-Algériens se sont découverts une parenté prestigieuse avec un pharaon au nom passablement compliqué que je n’ai pas retenu parce que j’occupe mes neurones à des activités certes, terre à terre mais utiles pour ma survie.

Votre diatribe, car c’est ainsi que je la qualifie, veut m’entrainer dans les abysses où se trouvent entassés : Les admonestations, les rancœurs, les vicissitudes, les ratés, le vide intersidéral qui sépare une histoire magnifiée et celle du repli sur soi, l’esprit revanchard pour des batailles oubliées, des figures tutélaires momifiées etc. Bref, c’est le grand ménage mais le grand bazar aussi!

Vous avez labouré profond et ratissé large sans me convaincre. Vous avez même fait un petit tour dans mes activités personnelles et fliqué mon profil sur le site Oumma.com, ce qui ne vous honore pas, soit dit en passant, une indiscrétion indécente ou comme dirait Sacha Guitry c’est "comme regarder quelqu’un dormir". Je ne retiendrai pas grand-chose de votre pensum malgré le mal que vous vous êtes donné pour l’écrire. Et savez-vous pourquoi ? Parce que votre style pompier me prend la tête.

Depuis que j’ai émigré en France, et sous la pression d’une actualité prégnante, sans cesse changeante et inventive, j’ai abandonné cette manière suffisante, ronflante et boursouflée de s’exprimer qui nous a été laissée en héritage il y a cinquante ans quand nos modèles étaient des siècles passés.

Revenons à notre affaire : M. Metref faisait le parallèle entre la célébration en Libye et en Algérie d’une fête agricole mineure et il laissait entendre qu’elle fut flamboyante dans le premier pays et quasiment occultée dans le second. J’ai rétabli la vérité en donnant à cette fête sa dimension familiale et pérenne mais somme toute modeste et sans rapport avec le costume trop grand qu’on veut lui faire porter pour des raisons, je le répète politiques et idéologiques.

Je n’avais pas pris garde au matraquage médiatique et au tapage que les déçus du séparatisme qui n’a pas eu lieu faute de combattants, en mal de mots d’ordre fédérateurs, avaient orchestrés. Mais je ne regrette rien parce qu’il faut bien leur dire les choses en face : les gens sont ce qu’ils sont, façonnés par des siècles et des siècles de vécus et de cultures et ce n’est pas par l’agression permanente, l’expression du mépris et l’invective que vous arriverez à changer ce qu’il y a au plus profond d’un individu : sa personnalité ainsi construite.

Pour répondre à votre couplet larmoyant sur la langue amazigh qui se perd, mais mon brave monsieur, vous n’êtes pas en phase avec le monde ou quoi ? Toutes les langues font devenir "femmes au foyer" même le français, même l’anglais, l’avenir est au chinois ! Alors votre amazigh et mon arabe n’auront d’espace que dans la famille pour fêter Yanaïr pour vous et Naïr pour moi (qui ampute un mot si plein de majesté en toute inconscience et ignorance).

M. le Docteur Boudarène

Je suis déçue ! Que venez-vous faire, Docteur, dans cette galère ? Votre rôle est d’apporter aide et assistance à vos patients, pas à venir pérorer, appelé en renfort presqu’en service commandé et parler de quoi, d’une fête rurale que l’on veut élever au rang d’évènement international, que dis-je… universel !

Vous avez autre chose à faire, laissez les "bavards" et les "journaleux" s’expliquer entre eux ! Ce sont eux les spécialistes de la polémique !

Vous c’est le "judéo" qui vous a interpelé, vous en faites des tonnes sur cette «pelote embrouillée» de la personnalité Algérienne que je vous donne en exemple et vous voudriez, par une méthode Coué, une baguette magique, que seule la dimension Amazigh triomphe de toutes les autres composantes. Pourquoi est-ce que «le concubinage» (comme vous dites) des races n’a pas l’heur de vous plaire ? Est-ce qu’une certaine théorie de la race pure aurait élu domicile dans un coin de votre inconscient indocile ? C’est grave, Docteur ! Un autre Docteur Mengele y a perdu son âme ! Je ne saurais trop vous recommander la prudence !

Je suis musulmane et j’ai en tête l’injonction Coranique du métissage : "Nous vous avons créés en peuples et en nations afin que vous vous connaissiez".

Enfin, vous me mettez au pied du mur : Vous me chargez d’une mission périlleuse, une espèce d’ordalie pour donner un gage de ma bonne et loyale amazighité en demandant aux uns et aux autres d’écrire pour que la langue berbère soit langue officielle.

Eh bien, puisque vous m’avez déçue, je vais à mon tour vous décevoir : Je n’en ferai rien parce que ce n’est pas mon rôle. Cela ne changera pas mes gènes berbères ni ma personnalité arabe ni ma culture française ni ma proximité avec la judaïté qui n’est ni un attribut ni un qualificatif mais un hasard matrimonial dont je n’attends ni avantage ni inconvénient. Vous vous triturez les méninges dans le vide.

M. Arezki Naït-Abdellah

Du message de Monsieur Naït-Abdallah je n’ai retenu que le "vanitas vanitatum" parce que le reste est un amalgame hasardeux de tous les poncifs des "Orientalistes" qui se sont échinés à casser de l’Arabe sans y parvenir. Alors Monsieur Naït-Abdallah comme ça ce serait vanitas vanitatum de décliner sa profession (vraie et attestée), son activité subsidiaire (vraie et attestée) et son appartenance ethnique diverse et variée ( je vais de ce pas faire vérifier mon ADN) ?

Vous avez une curieuse façon de qualifier le désir de transparence, d’honnêteté et de politesse dû aux lecteurs ! C’est en tout cas une obligation pour moi et la vanité aurait été, comme vous, Latinard occasionnel, de se gargariser de termes abscons dont l’utilité n’est pas démontrée.

Je pense qu’au contraire c’est vous qui manquez de modestie à étaler votre érudition mal à propos.

M. Rabah Aït Messaoud

Last but not the least. 

Après des propos anodins d’une réponse qui se cherche, ce Monsieur m’assène une douleur sans nom. Il me confond sans crier gare avec le gouvernement algérien !! Rien que ça ! Attendez, Monsieur, il n’y a pas si longtemps, et pendant plus d’une décennie, le chef de ce gouvernement était, je crois, Kabyle, il s’appelait Ouyahia. Je refuse absolument de porter son immense chapeau !

Il y a là une agression verbale caractérisée ! Puis, Monsieur Aït Messaoud s’égare dans le marécage des "années noires", les vastes espaces de la politique mondiale : Berlin, l’Afrique du sud, les élections Américaines. Et le sublime Yanaïr dans tout ça ? Il l’a évacué en deux lignes. Il précise lui-même que ce sont des réflexions données «pêle-mêle». Alors soyons indulgents, allez…

Il ne s’agit pas de le contredire, ce n’était qu’un prétexte pour naviguer à vue dans le vaste monde. C’était en effet ainsi que je l’ai compris en lisant l’article de Monsieur Metref, la mission et les ambitions sont beaucoup plus amples et dépassent largement le symbole de la petite fête de Naïr. (je m’obstine à l’appeler ainsi, que voulez-vous, mon côté berbère têtu qui refait surface)

Zohra Mahi