Le Qatar transfert l'ambassade de Syrie à la coalition de l'opposition
Le Qatar dont on connaît le soutien et le financement de l'opposition syrienne vient de franchir un pas que même les Occidentaux n'ont pas fait : transmettre l'ambassade de Syrie à l'opposition. Sur le front intérieur, un commandant iranien a été tué jeudi par un groupe armé.
La Coalition nationale de l'opposition syrienne a déclaré mercredi que les autorités qataries avaient accepté de lui transmettre l'édifice de l'ambassade de Syrie à Doha. Le communiqué spécifiait également qu'un membre de la Coalition, Nizar al-Haraqi, serait nommé ambassadeur de la Syrie au Qatar et que le drapeau des rebelles serait hissé au-dessus de la mission diplomatique.
La première réaction est venue des autorités russes qui estiment illégale cette passation d’un édifice diplomatique. Les autorités qataries n'ont aucun droit de transférer l'ambassade de Syrie à Doha aux représentants de l'opposition, a déclaré jeudi le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Alexandre Loukachevitch.
"Il existe un sujet de droit international, la République arabe syrienne, dont les biens situés à l'étranger ne peuvent pas être transférés à des associations et des coalitions d'origine incertaine", a souligné le diplomate.
Un commandant iranien tué en Syrie
L'Iran, un des principaux alliés du régime de Damas, a annoncé jeudi qu'un de ses commandants avait été tué par des rebelles en Syrie, au lendemain d'une journée particulièrement sanglante du conflit en cours depuis bientôt deux ans. Au moins 247 personnes dont 88 rebelles ont péri dans les violences mercredi, selon l'OSDH qui a précisé que ce bilan est l'un des plus lourds depuis plusieurs mois. Raids aériens et combats ont encore secoué jeudi la province pétrolière de Hassaka (nord-est) où des combattants jihadistes ont pris le contrôle d'une ville située près de la frontière avec l'Irak, rapporte l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
A Téhéran, les Gardiens de la révolution, corps d'élite des troupes iraniennes, ont annoncé la mort de Hassan Shateri, tué sur la route de Damas à Beyrouth, pointant du doigt les rebelles syriens. Selon l'ambassade d'Iran à Beyrouth, Hassan Shateri, aussi appelé Houssam Khoshnevis, a été tué par "des groupes terroristes armés", terme en général utilisé par le régime syrien pour désigner les rebelles. L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui s'appuie sur un large réseau de militants à travers le pays, affirme que l'homme a été "tué par balle dans un guet-apens tendu par les rebelles alors qu'il avait quitté Damas et se rendait au Liban", sans préciser l'endroit exact. L'agence iranienne Fars a rapporté qu'il avait été tué mardi.
Lourd bilan
Le commandant des Gardiens, Mohammad Ali Jafari, avait admis en septembre que des "conseillers" militaires se trouvaient en Syrie, tout en soulignant que cela ne signifiait pas "une présence militaire" de Téhéran. Téhéran, principal soutien régional de Damas, est accusé d'avoir envoyé armes et personnel pour soutenir son allié syrien face à une contestation qui s'est militarisée au fil des mois, faisant plus de 70.000 morts en près de deux ans selon l'ONU.
Jeudi, les combats ont continué notamment dans la province pétrolière de Hassaka (nord-est) et dans celle de Homs (centre). Après trois jours d'affrontements féroces, des combattants jihadistes du Front al-Nosra ont pris le contrôle d'al-Chaddadé, une ville proche de la frontière avec l'Irak, rapporte l'OSDH.
Sur le front diplomatique, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a déclaré mercredi vouloir convaincre le président syrien Bachar al-Assad de quitter le pouvoir via une solution négociée avec l'opposition avec l'aide de la Russie, autre alliée du régime. "Le gouvernement (américain) préfère une solution politique, une solution négociée mais qui ait pour résultat le départ du président Assad", a indiqué M. Kerry, se refusant à donner un "calendrier", parlant enfin de "la finalisation" d'un prochain "voyage" dans la région.
La Russie a annoncé mercredi que le chef de l'opposition, Ahmed Moaz al-Khatib, ainsi que le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem, devaient effectuer des visites à Moscou dans les prochaines semaines.
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