Algérie : le logement social ou le tonneau des Danaïdes

Malgré les réalisations et les promesses, le manque de logement est patent.
Malgré les réalisations et les promesses, le manque de logement est patent.

Dans une précédente contribution intitulée «Faut-il raser les bidonvilles et éradiquer le secteur de l'informel» (1), j'avais suggéré devant l'ampleur du phénomène, de porter un regard autrement plus lucide sur cette équation insoluble des bidonvilles, qui ne cessent de proliférer partout, à la manière des champignons.

Les autorités locales dont le rôle consiste pourtant à les interdire, ou pour le moins les contenir, tardent à réagir. Elles ne se réveillent qu'à l'heure fatidique du bilan. Il en résulte, à l'arrivée, des chiffres «abracadabrantesques» de la population y résidant, sans rapport aucun avec l'existant réel issu d'un premier recensement, encore moins conformes au niveau des stocks des logements, destinés au recasement. Du décor ainsi planté, il s'en suit dans la quasi-totalité des communes où a germé, bourgeonné et fleurit ce type d'habitat, un charivari pas possible. Il met en scène l'administration locale, maillot vert, short rouge et bas blancs d'une part et d'autre part, «des bidonvillois» vindicatifs, tous de rouge vêtus. Un troisième acteur, arborant casaque bleue et verte, participe «par devers lui» à cette foire d'empoigne, pour juguler toute tentative de débordement du public local ou celui des visiteurs, voulant à tout prix participer à la curée. Ceci, en ce qui concerne le premier acte de cette pièce tragi-comique qu'on nous sert régulièrement à longueur de "J.T", sous l'intitulé "tant qu'il y aura des bidonvilles". L'acte deux quant à lui, nous et livré «en live», par toutes nos télévisions qui nous diffusent, en boucle s'il vous plait, les passages les plus significatifs, comme suit : 

  1. Pré-affichage à la mairie, à la sauvette, des listes des «bénéficiables» de logements sociaux.
  2. Confusion, contestation, émeute impliquant bénéficiaires potentiels et leurs redresseurs (oui, parfaitement, même ici il y en a).
  3. Siège de la mairie, avec fermeture des accès et sit-in d'usage.
  4. Convocation au pied levé des commissions locales pour étude des recours.
  5. Enième arbitrage.
  6. Réaffichage des listes bénéficiaires, suivi d'un round d'observation de toutes les parties «en lice».
  7. Quelques tentatives (avortées) de suicide plus tard.... officialisation des listes? 
  8. Alea Jacta Est, les heureux élus sont connus. 

Fin du deuxième acte.

Lever de rideau sur le troisième acte, qui se déroule, sur fond sonore d'une fanfare locale, au pied des citées «flambant neuf», où a été dressée une estrade. Les caméras de télévision, convoquées pour la circonstance, filment pêle-mêle, les heureux bénéficiaires ravis, «parce que c'est le plus beau jour de leur vie» et les exclus, laissés en rade avec leur mobilier épars, qui continuent malgré tout à s'époumoner et à créer à l'injustice, en vain. Nul besoin, amis lecteurs de forcer le trait, puisque tout ce qui est relaté ici est consigné dans nos archives télévisuelles, accessibles celles-ci. La pièce s'achève enfin, dans une ambiance aussi euphorique que "cacophonique", où s'essaye au discours dithyrambique, un tribun local, affirmant sans ambages et franco de port : "Les bidonvilles sont le vestige d'un passage révolu, ils seront éradiqués?jusqu'au dernier... leurs habitants relogés. L'Etat a les moyens tout le monde sera servi". Tonnerre d'applaudissements et clap de fin.

Toutes ces paroles, belles au demeurant, sont très bien reçues par l'auditoire, car elles sont révélatrices d'une réelle volonté des pouvoirs publics de prendre en charge les couches les plus défavorisées de notre population. Mais traduites autrement c'est-à-dire décodées, elles sont perçues comme un signal fort, un formidable «appel d'air» par tous ceux qui ne s'embarrassent pas de légalité et qui ont vite fait de résoudre l'équation :"bidonville + recensement + contestation = logement". Sinon, comment expliquer «le boom» de ce type d'habitat essaimé dans les 1541 communes, si ce n'est : 

- L'intérêt, certes vital et indéniable, de certains chefs de famille à recourir à ce type d'habitat extrême, pour mettre à l'abri femme et enfants et c'est une petite minorité qui nécessite le secours de l'Etat. 

- Ou la cupidité des profiteurs, en nombre croissant, qui espèrent "un retour sur investissement", agissent en parfaits «boursicoteurs», misent sur une parcelle de terrain avec l'aide de la maffia locale du foncier comme on le verra plus loin, érigent une baraque, bénéficient d'un logement aussitôt rétrocédé, et recommencent l'opération, en d'autres lieux et autant de fois en l'absence «d'un fichier national fiable» qui pour l'instant prend les traits de l'arlésienne.

Pendant ce temps-là, des familles entières, que dis-je, des générations cohabitent dans des réduits, dans le vieux bâti, dans des immeubles menaçant ruine en continuant quand même, à caresser l'espoir d'un relogement, tant de fois promis et tant de fois différé, pour ne pas dire remis aux calendes grecques. C'est les mal-logés, dont on parle rarement et qui voient, bon an mal an, leur tour passer, pour cause d'urgence à recaser les habitants des bidonvilles. Attention, le propos ici, n'est pas d'opposer des citoyens à d'autres citoyens, ceux des bidonvilles à ceux du vieux bâti ou encore les urbains aux ruraux mais, la question est posée, n'est-il pas venu le temps ?

  1. de porter un regard plus lucide, voire courageux, sur cette question des bidonvilles ? 
  2. qui pullulent telle «La taxi-folia» en méditerranée ? 
  3. qui embarrassent les pouvoirs publics ?
  4. qui poussent dans leurs derniers retranchements certains de nos concitoyens aussi nécessiteux qu'impatients, comme on le verra plus loin dans cette contribution ? 

Si l'éradication des bidonvilles paraît une gageure, c'est en raison non seulement de leur ampleur, mais aussi de la complexité des causes de leur implantation. Essayons tout de même, amis lecteurs, d'en démêler l'écheveau, en les distinguant déjà par catégories :

  1. Ceux hérités de la colonisation.
  2. Ceux, construits dans les années 1970.
  3. Ceux érigés dans les années 1980.
  4. Ceux érigés lors de la décennie noire des années 1990/2000.
  5. Ceux enfin, dits de fraîche date.

Concernant tout d'abord la première catégorie, qui peut affirmer, au risque de faire injure et de porter le discrédit sur tous les responsables d'alors, que ce type d'habitat, rappelons-le, constitué par exemple des centres de regroupement de triste mémoire, subsiste encore ? en 2013 ? Et que ses habitants n'ont pas été logés par tous les walis qui se sont succédé depuis 1962 et qui disposaient du pouvoir d'attribution de logement ? je n'en dirais pas plus.

Pour la deuxième catégorie, je convoquerais "La révolution aAgraire" et "les 1000 villages socialistes", les deux mamelles d'une politique mise en place, par souci d'équilibre régional, pour juguler l'exode rural de ces années là, relever la production agricole, améliorer la productivité et mettre fin au chômage et au dénuement qui prévalaient dans les territoires de l'Algérie profonde.

L'exode rural, faut-il le rappeler, était expliqué alors, par les disparités de revenus entre les campagnes et les villes et par l'espoir des ruraux de trouver un emploi dans celles-ci. La troisième catégorie, celle des années 1980, s'est illustrée par le slogan «pour une vie meilleure» qui a mis à terre, sans jeu de mot, toute la politique agraire des années précédentes. Des populations entières ont repris, volontairement, le chemin de la ville, pour s'installer dans sa périphérie et goûter aux délices «du programme anti-pénurie» le P.A.P. On continue, à ce jour, à recaser dans les nouvelles cités, les habitants de ces bidonvilles «résiduels», nonobstant, souvenez-vous, les opérations «coup-de-poing» qui ont consisté à raccompagner ces bidonvillois dans leur wilaya d'origine, à travers une noria de camions réquisitionnés pour l'événement. La quatrième catégorie, celle des années 1990/2000 est de loin la plus fournie, car constituée de familles ayant déserté leur région pour des raisons sécuritaires liées à la décennie noire.

Avec la paix retrouvée et les bienfaits de la Politique de la Concorde Civile, ces familles n'ont-elles pas reçu toutes les assurances politiques, sociales et économiques pour retrouver leur foyer, leur terre et leur outil de travail et retourner dans leurs régions maintenant sécurisées ? L'Etat n'a pas lésiné d'ailleurs sur les moyens :

- en termes de relèvement de tous les indicateurs socio-économiques des régions concernées.

- et d'aides et de prêts multiformes, parfois en concours définitifs qui ont été alloués pour permettre à toutes ces populations de retrouver leur mode de vie, leur confort et vivre de leur labeur. Beaucoup de ces personnes ont préféré rester, comme on le verra plus loin ; même si certaines d'entre- elles ont pris le chemin du retour, en laissant toutefois leurs enfants, profiter de «l'usufruit» du bidonville et prétendre à leur tour à un logement. 

La cinquième catégorie enfin, dite de fraîche date, formulation empruntée au wali d'Oran (cf El Watan janvier 2013) «irrité par la prolifération de l'auto-construction sauvage et des bidonvilles de fraîche date qui ont suscité son étonnement et sa colère, tant dans leur existence que de la facilité de leur branchement en énergie électrique et hydraulique». Tels sont amis lecteurs, les ingrédients facilitant l'implantation de bidonvilles classés dans cette catégorie dite de fraîche date : 

  1. Des citoyens sans scrupules.
  2. Une maffia agissante du foncier.
  3. Des employés véreux au niveau de la distribution d'eau et d'électricité.
  4. Le laxisme des élus locaux.

Ce type de bidonvilles comme celui par exemple de Oued Aissi à Tizi ouzou regroupe des populations issues des wilayas de Djelfa, M'sila et Souk-Ahras, qui s'adonnent en grand nombre, à la mendicité et à la traite d'enfants dans les grandes villes (cf. ma contribution dans El Watan du 24 décembre 2012 intitulée "La mendicité, régression sociale ou segment caché de l'informel") 

- Ou encore le bidonville du Gué-de-Constantine, qui recèle des zones de non-droit où aurait été retenue de force une jeune fille, heureusement libérée comme il a été rapporté dans la presse. (2) Pour résumer, si l'on tient compte de ce qui a été affirmé supra, la clef des bidonvilles, sans jeu de mot, est toute trouvée si l'on admet leur classification telle que proposée et qui repose quand même sur un fondement juridique avéré. A moins d'admettre, plus de 40 années plus tard, que les politiques passées et présentées en leurs temps, comme révolutionnaires et avant-gardistes, n'ont pas rempli leurs objectifs.

Alors récapitulons :

1- Les bidonvilles de la première catégorie «n'existent plus», si tout le monde est d'accord sur ce qui a été affirmé.

2- Ceux relevant des années 1970 ont été traité dans le cadre d'une politique en rapport à ces années là ; et toutes les mesures complémentaires prises, dans le cadre de la Politique Nationale du Développement du Renouveau Agricole (PNDRA) sont les solutions les plus adaptées pour endiguer les mouvements migratoires? mieux en tous cas, que les tentatives vaines, d'intégrer toutes ces populations dans une politique de relogement, fut-elle massive. 

3- Ceux des années 1980 se sont caractérisées par la politique du retour forcé des populations rurales concernées, telle que décidée par le gouvernement de l'époque de feu le président Chadli.

4- Ceux découlant de la décennie noire ont connu des solutions politiques, économiques, sociales et financières adaptées, avec l'encouragement, la protection et la bénédiction des pouvoirs publics. Si l'on estime qu'il transparait encore des catégories deux, trois et quatre, telles que sériées, quelques "bidonvilles résiduels", qu'ils soient pris en charge une fois pour toutes, à travers les programmes à venir. Et qu'on en finisse avec ce type d'habitat indigne d'un pays émergeant comme l'Algérie. En tous les cas et c'est mon sentiment, les migrations des zones rurales vers les villes ne cesseront pas, tant que le mouvement d'urbanisation agit comme une pompe aspirante. Et paradoxalement, l'urbanisation est provoquée essentiellement par l'afflux des ruraux que les pouvoirs publics n'ont de cesse de reloger. C'est la spirale du Tonneau des Danaïdes. 

5- Pour ceux dits de «fraîche date», le wali d'Oran semble avoir trouvé la réponse idoine consistant «au déclenchement d'une opération non-stop de démolition des bidonvilles tentaculaires, avec comme premières cibles Mers-El-Kebir Ain-El-Turck, El Hassi et coca cola» (Le Quotidien d'Oran du 10 janvier 2013). Pour brutale qu'elle puisse apparaître, cette mesure si elle venait à être généralisée dans les 48 wilayas est un mal nécessaire pour éradiquer, une fois pour toutes, ce type d'habitat précaire, dit de «fraîche date». 

A défaut :

N'a-t-on pas vu réapparaitre spontanément, des bidonvilles dans les sites mêmes où se sont déroulées des opérations de recasement des populations ? Combien d'indus bénéficiaires, se prétendant sinistrés ont été retiré in-extremis des listes, car ayant précédemment bénéficié de logement social (614 recensés comme tels à El Bayadh dernièrement) ? N'a-t-il pas été démontré que certains bidonvilles, comme ceux érigés à Oued-Aissi (Tizi Ouzou) sont des bases arrière avérées, de la mendicité et de la traite des enfants ? N'a-t-on pas relevé dans la presse, que le bidonville du Gué de Constantine comportait des zones de non-droit où, dernièrement, une jeune fille aurait été retenue de force et heureusement libérée sous la pression de citoyens courageux ? N'a-t-on pas relevé l'existence d'individus peu scrupuleux, érigeant des gourbis en milieu urbain à Guelma pour bénéficier de logements qu'ils s'empressent de revendre ? Nous n'avons pas fini pour autant avec les bidonvilles car, outre l'embarras qu'ils suscitent pour les collectivités locales en matière de résidence, de fichier électoral, d'inscription scolaire et les maux sociaux qu'ils induisent, ils impactent négativement sur :

1- Le marché informel dont ils fournissent la main d'œuvre et les caches des marchandises prohibées, sans compter le préjudice occasionné au trésor public, estimé à plus de 400 milliards de dinars. (3)

2- La contrefaçon dont ils sont un chaînon important.

3- Les attaques préjudiciables aux réseaux électriques et hydriques.

4- Le marché de l'emploi, dès lors que les postes de gardiens, agents de sécurité et chauffeurs sont pris d'assaut par les habitants des bidonvilles, ce qui permet à un grand nombre d'entre eux de s'adonner à d'autres activités, non déclarées. Tout cela est peut être connu mais, nul ne saurait rester indifférent devant une autre situation lourde de menace, si l'on n'y prenne garde. Elle transparaît à travers les deux exemples frappants suivants :

  1. Les citoyens de la ville d'Annaba, excédés par une énième opération de relogement de bidonvillois ont fait part de leur mécontentement, s'estimant aussi prioritaires, car mal-logés. (4)
  2. Dans la wilaya de Bejaia (El Kseur) où des habitants s'en sont pris à des programmes (CNOPOS) allant jusqu'à saccager les appartements neufs, au motif que ceux-ci devaient leur revenir. (5)

Ces deux exemples, même s'ils sont, peut-être, l'expression de simples épiphénomènes, n'en sont pas moins édifiants et inquiétants, car révélateurs d'une situation poussée à son paroxysme. Mais une fois encore, soyons clairs, mon propos n'est pas lié à une quelconque «bidonvillophobie» ou a une tentative d'opposer une catégorie de citoyens à telle autre, mais je le dis, sans ambages : le logement social est un problème qui risque de faire éclater la cohésion sociale et partant, réduire à néant les progrès accomplis en matière d'habitat par notre pays qui reste quand même un des rares, voire le seul pays au monde à donner presque gracieusement le logement social et fermer les yeux sur la spéculation qui en découle : Il est rétrocédé, sans problème. Il est mis sur le marché locatif, toute honte bue. Il est inoccupé, aux trois quart du temps.

S'agissant de la rétrocession du logement, il faut dire qu'elle est facilitée par la permissivité de quelques notaires qui délivrent «des reconnaissances de dette» faisant office d'actes de possession ou de garantie pour l'acheteur, ou encore «des déclarations sur l'honneur» de gardiennage, pour masquer la transaction et lui conférer ainsi, quelque légalité. Voilà encore, des niches à combattre, si l'on veut réduire la pression sur le logement social qui, au risque de se répéter, gagnerait à disposer d'un fichier fiable, ce que promet le ministre de l'Habitat. Le même ministre, décidemment très remonté par rapport à l'état des lieux de son département, promet d'y mettre de l'ordre, en commençant par : 

  1. revoir la conception architecturale des cités dortoirs dont l'usage révulse les algériens, peuple et président.
  2. mettre en œuvre, sans délai, le directive présidentielle préconisant le recours aux cités intégrées, celles qui préservent l'environnement et prennent en compte les équipements d'accompagnement nécessaires à la communauté de vie.
  3. diversifier les partenaires étrangers et les mettre en compétition.
  4. multiplier les offres pour l'habitat d'urgence (maisons en bois, chalets adaptés).
  5. prévoir des stocks d'urgence de ce type d'habitat.
  6. résorber les dernières poches des bidonvilles résiduels.
  7. prendre en considération le mal-logement qui reste, quoique l'on pense, la partie non immergée de l'iceberg.
  8. encourager l'habitat rural.
  9. permettre aux jeunes célibataires d'accéder au parc locatif de l'OPGI.
  10. reconsidérer enfin, au plan légal, la question de la cessibilité du logement social pour en réduire la spéculation.

J'ajouterais pour en finir avec cette partie une recommandation, tenant lieu d'avertissement, inspirée d'une contribution parue dans El Watan du 04 février 2013, sous la plume du Dr Foura-Bouchair Yasmine, qui écrit en substance ceci : "Lorsque l'habitat est de mauvaise qualité et se situe dans un environnement détérioré, il impacte négativement sur la santé mentale des habitants et se traduit par des réactions de violence et de rejet de la vie en communauté". Pour illustrer cette affirmation que je partage, je citerais le cas qui s'est produit dans les nouvelles cités de Birtouta où des rixes se sont produites entre «des transfuges» de quartiers traditionnellement opposés pour cause de football, qui se sont terminées par mort d'homme. En définitive, toutes ces réflexions sur le logement social n'ont pour objectifs que de susciter quelques réactions sur la crise qui en découle et qui promet de perdurer si on continue à laisser les bidonvilles faire florès. Ceux qui, aujourd'hui, assument des responsabilités savent bien que la situation est économiquement incertaine, car dépendante des hydrocarbures, socialement inquiétante et politiquement dangereuse, eu égard aux agitations constatées à nos frontières.

Quel gaspillage que tous ces logements, laborieusement planifiés, tardivement lancés, souvent réévalués, difficilement attribués, outrageusement transformés par leurs occupants et parfois même happés par la sphère de l'informel et qui ne contribuent pas pour autant à la résolution de la crise pour cause d'une répartition irrationnelle du laxisme des collectivités locales et d'une politique de l'habitat empruntant au tonneau des danaïdes. 

Enfin et pour en finir, j'entends parler, de là où je suis, d'un prochain mouvement des walis. Et, impénitent que je suis, je me mets à rêver à la nomination de «walis-managers». De ceux qui n'hésiteraient pas «à aller au charbon» pour trouver des solutions à tous ces immeubles, dont les habitants ont été relogés mais qui, telle l'épée de Damoclès, font planer sur nos têtes un danger permanent. Qui sont squattés par d'autres familles, au péril de leur vie. Qui engagent la responsabilité civile et pénale des uns et des autres. Dont les propriétaires, démunis, n'ont pas les moyens de les restaurer, encore moins de les démolir. Et dont les assiettes, si elles venaient à être récupérées, par la force de la loi ou tout autre moyen de règlement amiable, constitueraient, rareté du foncier oblige, autant d'opportunités d'investissement. Après l'agriculture qui se caractérise par des contrats de performance, l'emploi et l'habitat constitueront les prochains objectifs assignés à ces walis-managers. Ce qui permettrait à termes d'évaluer ces responsables sur des critères mesurables, quantifiables et non plus subjectifs. Et le prochain défi à relever, consisterait pour ces walis-managers de porter, au double, les capacités locales de réalisation de logement qui n'atteignent, présentement, que 80.000 unités par an.

Cherif Ali 

Courriel : [email protected]

Notes de lecture :

(1) In Le Quotidien d'Oran du 25 novembre 2012. 

(2) voir article de Houari Baali (Le Quotidien d'Oran du 03 février 2013).

(3) Se référer à la conférence de presse du porte parole de l'UGCAA à l'occasion de l'installation du Conseil national de la concurrence (Le soir d'Algérie du 31 janvier 2013).

(4) Scène filmée et diffusée par la télévision Annahar le 07 février 2013.

(5) In Le soir d'Algérie du 14 janvier 2013.

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Commentaires (6) | Réagir ?

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adil ahmed

merci

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adil ahmed

merci

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