Débat Yannayer : l'avis d'Arezki Naït Abdallah

Débat Yannayer : l'avis d'Arezki Naït Abdallah

Arabo-quelque chose

Par Arezki Naït Abdallah, universitaire

En tant que Amazigh, je me dois de réagir à la lettre de lectrice publiée le 3 Février 2013. Cette lettre montre plus d'ignorance que d'hostilité réelle à l'égard des Amazighs en Algérie, et elle illustre dans une mesure accablante les résultats catastrophiques de la politique d'arabisation et de destruction culturelle anti-amazighe menée par le pouvoir arabo-islamiste depuis 1962.

Maître Zohra Mahi, avocate et écrivaine (vanitas vanitatum) nous accuse, nous Amazighs, entre autres compliments, de jalousie endémique. Nous ne sommes nullement jaloux, car il n'y a pas de quoi. Deux exemples suffiront.

Premier exemple:

A l'Age d'Or de l'Islam, les grands savants et les grands philosophes musulmans étaient pour la plupart des non-Arabes. Dans son livre «La science arabe», l'auteur A. Djebbar reconnait explicitement que par «science arabe» il entend «travaux scientifiques écrits en arabe». Parler de science arabe de cette époque, c'est donc un peu comme si aujourd'hui les Anglais se mettaient à revendiquer exclusivement toute la science moderne sous prétexte que la quasi-totalité des publications se fait maintenant en anglais. 

Cette prétention anglaise à toute la science moderne serait naturellement absurde. La prétention arabe à toute la science développée en langue arabe l'est tout autant.

Deuxième exemple:

Aujourd'hui les pays arabes sont à la traîne de toutes les nations musulmanes en matière de développement. En Algérie, depuis le dixième siècle qui a marqué le début du processus d'arabisation, où sont les grands mathématiciens, où sont les grands scientifiques, les grands philosophes, les grands écrivains arabes? La réponse à cette question vient de loin. Dans la Muqaddima, Ibn-Khaldun écrit «Si les Arabes ont besoin de pierres pour servir d'appui à leurs marmites, ils dégradent les bâtiments afin de se les procurer; s'il leur faut du bois pour en faire des piquets ou des soutiens de tente, ils détruisent les toits des maisons pour en avoir.» (Abou-Zeyd Abderrahmane Ibn-Khaldun, El-Muqaddima, page 333, Berti Editions).

Notre lectrice se proclame arabo-berbère. Il en est des Arabos-quelque-chose qui se proclament berbères comme des Pieds-Noirs qui se proclamaient Algériens. «Nous sommes aussi Algériens que vous», nous disaient-ils. Sous-entendu: Comme ils avaient la force et le pouvoir en Algérie, ils étaient par conséquent plus Algériens que nous, et nous n'avions qu'a la fermer et à disparaître. L'appropriation du vocabulaire n'est qu'un paravant à l'appropriation du territoire et à l'exclusion, ce qui dans l'esprit des colons français précédait l'extermination des indigènes, comme l'ont montré des historiens tels que LeCour-Grandmaison.

On connaît la suite. Parmi certains de nos compatriotes arabophones, dont la vaste majorité sont des Amazighs qui s'ignorent et qui souvent méprisent leur amazighité, cette dualité amazigh-arabe touche à la schizophrénie et à la haine de soi, d'où la violence de leur réaction de nouveaux convertis à l'arabisme.

Il est à espérer que nos compatriotes arabophones, du moins ceux qui sont intelligents et il y en a beaucoup, seront plus ouverts d'esprit que les ci-devant Pieds-Noirs, et que ces compatriotes ne s'opposeront pas à la réhabilitation de la langue tamazight et de la culture tamazight, sur le même pied d'égalité que l'arabe, afin de dépasser l'hostilité traditionnelle entre les arabophones et les berbérophones, et ce pour le plus grand bien commun de ce peuple, et le plus grand bien de l'Algérie.

Oui mes chers compatriotes arabophones, qui vous proclamez Arabes, nous voulons sortir des caves, nous voulons que notre culture tamazight et notre langue tamazight soient reconnues et célébrées au grand jour. Cette langue et cette culture sont les seules constantes nationales.

Dans ce pays, la langue tamazight est l'aînée, et la langue arabe est la cadette, car elle est venue après. Notre Histoire vaut l'Histoire des Arabes, et notre langue vaut la vôtre. Le Qoran a été écrit en arabe, mais l'Islam est une religion universelle qui s'adresse à tous les peuples, et Dieu comprend toutes les langues.

A. N.A.

LE DEBAT :

Lire la chronique d'Arezki Metref
Lire la réponse de Madame Mahi
lire le point de vue de Hend Sadi
Lire le point de vue de M. Boudarène
Lire le point de vue de Rabah Ait messaoud

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Commentaires (2) | Réagir ?

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ali Foughali

Arabiser c'est rendre arabe ce qui initialement ne l'est pas sinon on aurait dit " Réarabiser "qui signifierait que l'on a perdu notre arabité avec le temps et les différentes invasions. Ce n'est pas le cas. Nous reconnaissons de fait que nous ne sommes pas arabes sinon pourquoi cet acharnement hystérique à vouloir arabiser des "arabes" qui le sont déjà. J'en déduit que le fait Amazigh fait peur car il est porteur de liberté et surtout de justice cette justice qui fait trembler tous les Chakib Khelil d'Algérie.. et Dieu sait qu'ils existent par milliers. l'avenir est sombre pour vous messieurs et brillant pour l'Algérie et les algériens.

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Massinissa Umerri

"... sur le même pied d'égalité que l'arabe, afin de dépasser l'hostilité traditionnelle entre les arabophones et les berbérophones, et ce pour le plus grand bien commun de ce peuple, et le plus grand bien de l'Algérie... "

Du n'importe quoi monsieur, du n'importe quoi ! Allez donc imposer l'arabe a meme pied d'egalite' etc. n'importe ou dans le monde et vous verrez ! Bon sang de bonsoir, l'arabe a toute l'arabie !

A quoi bon bon sang ?