Gao : guérilla urbaine, l'armée française bombarde une position du Mujao
L'armée française a bombardé dans la nuit de dimanche à lundi le commissariat de la ville de Gao, dans le nord-est du Mali, où se trouvaient des islamistes armés qui avaient affronté des soldats de l'armée malienne, ont indiqué des témoins à l'AFP.
Plusieurs témoins ont dit avoir vu "un hélicoptère" de l'armée française bombarder le batiment, totalement détruit, a constaté un journaliste de l'AFP qui a également vu des débris de corps aux alentours. Un témoin a affirmé de son côté qu'un des islamistes qui se trouvait à l'intérieur du commissariat s'était également fait exploser.
Combats de rues
Un commando d'islamistes a affronté dimanche 10 février des soldats maliens à Gao, la plus grande ville du nord du Mali. Le premier acte de guérilla urbaine dans une ville reprise par les soldats français et maliens, cible de deux attentats suicides en 48 heures. Les islamistes armés, pilonnés par des frappes aériennes françaises, chassés quasiment sans combats des villes du nord du Mali qu'ils occupaient depuis près de dix mois, multiplient depuis plusieurs jours les actions : attentats suicides, pose de mines le long des routes et désormais opérations armées en pleine ville.
Les échanges de tirs entre soldats et islamistes ont éclaté en début d'après-midi au coeur même de la ville, près du commissariat central, qui était le siège de la police islamique quand les jihadistes occupaient Gao. L'attaque a été revendiquée par le Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), l'un des groupes armés qui occupait depuis des mois Gao et le nord du Mali, y multipliant les exactions.
Il a aussi revendiqué l'attentat suicide visant dans la nuit de samedi à dimanche un poste de contrôle de l'armée malienne à l'entrée nord de Gao, qui aurait mis en fuite les militaires maliens et permis l'infiltration du commando. "Beaucoup d'islamistes" auraient été tués lors de ces combats, selon un officier de l'armée malienne, mais des journalistes de l'AFP sur place n'étaient pas encore en mesure de vérifier cette information.
"Des islamistes se sont retranchés dans le commissariat. Quand des soldats maliens sont arrivés, ils leur ont tiré dessus. Des renforts maliens sont arrivés et ont été pris à partie par des islamistes dissimulés dans les bâtiments alentours", a expliqué un témoin qui a assisté au déclenchement de l'attaque. "Après des échanges de tirs nourris, l'armée française est intervenue", a-t-il ajouté, affirmant avoir vu un cadavre, "probablement un civil tué par une balle perdue".
Une source de sécurité a évalué à "plusieurs dizaines" le nombre d'assaillants. La fusillade a vidé les rues de Gao, contraignant les habitants à se terrer dans leurs maisons. L'armée française a par ailleurs indiqué avoir évacué une cinquantaine de journalistes du centre de Gao. En milieu d'après-midi, les tirs ont quasiment cessé autour du siège de la police islamique dans le centre de Gao, mais ils ont repris ensuite au gouvernorat, à environ 800 mètres plus au sud-est, vers le fleuve Niger.
Des détonations d'armes légère, de mitrailleuses lourdes et l'explosion de roquettes étaient nettement audibles depuis le centre-ville, avant de décroître en intensité à la tombée de la nuit, alors que la ville, sans électricité, était plongée dans le noir. Des militaires français patrouillent au côté de soldats et gendarmes maliens, très nerveux. Ils mettent en garde les habitants contre la possible présence de tireurs embusqués, tandis qu'un hélicoptère français d'attaque Tigre survole la zone.
"Les effectifs islamistes infiltrés en ville ont été fortement réduits, il y a beaucoup d'islamistes tués", a assuré le lieutenant-colonel Mamadou Sanake, de l'armée malienne, sans pouvoir donner de bilan plus précis. C'est la première fois que les islamistes organisent une attaque contre une ville récemment repassée sous le contrôle des soldats maliens et français. Gao, la plus grande ville du Nord-Mali, située à 1.200 km de Bamako, avait été reprise le 26 janvier aux groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda, dont le Mujao. Ces affrontements surviennent après un attentat suicide visant dans la nuit de samedi à dimanche un poste de contrôle à l'entrée nord de Gao, le deuxième en deux jours, alors que le Mali n'avait encore jamais été frappé par des attentats suicides.
La tête de l'auteur de l'attentat, un homme arabe ou touareg, gisait encore sur le sol dimanche matin, selon un journaliste. Aucun militaire malien n'a été atteint dans l'explosion, selon les soldats sur place. Mais la route menant vers le nord et les villes de Bourem et Kidal a été fermée et aucun véhicule n'était autorisé à l'emprunter.
Trois mines antipersonnel ont aussi été découvertes dans la zone, selon un militaire français. La sécurité du poste de contrôle avait été fortement renforcée depuis qu'un homme portant un uniforme de le gendarmerie malienne s'était fait exploser vendredi à proximité, blessant légèrement un militaire malien. L'attentat avait également été revendiqué par le Mujao. Les effectifs ont été doublés et le poste est désormais protégé par deux murs de sacs de sable séparés de 300 mètres. Les arbres alentours ont été rasés pour améliorer la visibilité et des mitrailleuses lourdes placées en batterie.
"Dès qu'on sort de plus de quelques kilomètres de Gao, c'est dangereux, on peut se faire tirer dessus", a confié à l'AFP un officier malien. Selon des sources militaires, française et maliennes, plusieurs des villages entourant Gao sont acquis à la cause des islamistes. Deux jeunes portant des ceintures bourrées d'explosifs ont aussi été arrêtés samedi matin à 20 kilomètres au nord de Gao.
Avec AFP
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