Séisme au-delà des frontières tunisiennes : l’assassinat de Chokri Belaïd
Véritable secousse tellurique en ce mercredi matin 6 février de l’an 2013, suite à l’annonce de l’assassinat politique de Chokri Belaïd.
La rue tunisienne dés la nouvelle de cette tragédie répond et se peuple spontanément aux quatre coins du pays pour crier a la face du pouvoir son désaveux et par la même, brise la sacralité, la légitimité du suffrage universel quand il intronise une dictature théocratique traitant les Tunisiens non inféodés à son idéologie de "kouffar". Non les Tunisiens refusent d’être tétanisés par la violence. Non la révolution du Jasmin ne doit pas être celle des chrysanthèmes. Le message du peuple tunisien représenté par toutes ses franges est unanime : ce crime est la ligne rouge qu’il ne fallait pas franchir.
Chokri Belaïd figure emblématique de l’opposition tunisienne, secrétaire général du Parti des patriotes démocrates unifié, a été l’un des fondateurs d’une alliance de gauche, le Front Populaire, en août 2012. Son leitmotiv face a la menace islamiste Nahdaoui et de ses ramifications violentes : Tunisiens unissons-nous ! Cet homme au visage jovial et sympathique, véritable tribun et en remarquable orateur, a su convaincre, séduire et galvaniser en exprimant des idées puissantes avec des mots simples. Il démontait le discours de ses adversaires politiques, ainsi que leur projet de société obscure, méthodiquement et sereinement. Il avait le courage de ses convictions inébranlables : défenseur des droits de l’homme, des libertés et de la justice sociale, emprisonné sous Habib Bourguiba et Ben Ali, il avait été l’avocat des islamistes tunisiens, a fait partie d’un collectif d’avocats pour la défense de Saddam Hussein et luttait contre la normalisation des relations avec Israël. Bref un homme libre ! Par son charisme il crevait l’écran a travers lequel les Algériens et d’autres peuples ont appris à le connaître. Nous assistions, sans le savoir, à la naissance d’un leader, d’un homme a la stature rare.
Son parcours de militant depuis sa tendre jeunesse, d’homme de loi, de défenseur des droits de l’homme, d’homme politique et d’opposant farouche a la Troika, l’avait mis sur le palier de l’histoire de la Tunisie. Fallait-il l’y précipiter en lui ôtant la vie ?
La veille de son assassinat Chokri Belaïd, qui se savait menacé, annonçait l’imminence des liquidations physiques. Au moment même où le pas fut franchi Chokri Belaïd devient l’étendard qui se hisse sur la scène des éternels et des immortels car fondateurs de la mémoire collective. Telle une évidence les Tunisiens comparent leur nouveau martyr à Farhad Hached. Sur le chemin vers sa dernière demeure dans le carré des martyrs du cimetière d’El Jallez a Tunis, entouré de son peuple, de sa famille, de ses confrères en robes noires et de ses amis, des portraits de Che Guevara l’accompagnent. L’mage de sa digne et courageuse épouse Besma Khalfaoui et de sa fille aînée Nayrouz ouvrant le cortège funéraire a marqué les esprits. Ils étaient prés de un million quatre cent mille de Chokri Belaïd ! Il n’était pas question pour eux d’être spoliés une seconde fois de funérailles nationales comme cela fut le cas pour le zaïm El Akbar, Habib Bourguiba.
Comme l’a rappelé son ami et frère Hamma Hammami, la mise en terre de Chokri Belaïd fut le 8 février, jour où le sang des Algériens et des Tunisiens s’est mêlé à Sakiet Sidi Youcef. Des hommages unanimes lui ont été rendus par tous les hommes libres au-delà des frontières tunisiennes. Inoubliable Place Tahrir. En Algérie l’émotion était forte : elle venait, encore, de perdre l’un des siens.
Dr Sabrina Rahmani
Commentaires (1) | Réagir ?
les Tunisiens vont resister aux islamistes, on le voit bien à la télé, non ce n'est pas des Algeriens, c'est pas sahal de les faire taire de les assassiner