Chokri Belaïd, un dirigeant de l'opposition, assassiné en Tunisie
Chokri Belaïd est décédé à l'hôpital après avoir été atteint par quatre balles, mercredi matin, a-t-on appris auprès de la coalition dont il était l'un des dirigeants, le Front populaire. Cet assassinat renseigne sur le degré d'insécurité qui règne en Tunisie et l'existence de groupes d'islamistes armés.
"Chokri Belaïd a été assassiné aujourd'hui devant son domicile, de quatre balles tirées dans la tête et dans la poitrine", a déclaré à Reuters Ziad Lakhder, l'un des responsables du Front populaire. "C'est un triste jour pour la Tunisie", a-t-il ajouté. Ses amis accusent les islamistes d'Ennahda. Le Premier ministre Hamadi Jebali a condamné cet "assassinat politique" et ce coup porté à la révolution tunisienne. "Le meurtre de Belaïd est un assassinat politique et l'assassinat de la révolution tunisienne. En le tuant, ils ont voulu le faire taire", a-t-il dit. Le président tunisien Moncef Marzouki a écourté une visite en France, où il s'était rendu pour une réunion au Parlement européen et annulé sa présence au sommet de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) jeudi dans la capitale égyptienne.
Un millier de personnes se sont rassemblées dans la matinée devant le ministère de l'Intérieur à Tunis pour crier leur colère. "Honte, honte à vous, Chokri est mort!", "Où est le gouvernement?", "Le gouvernement doit partir !", scandaient les manifestants. Les forces de sécurité ont bouclé le secteur. Ce n'est pas le premier assassinat depuis la révolution du jasmin. Lotfi Naguedh, le coordinateur du mouvement d'opposition laïque Nidaa Tounès (l'Appel de la Tunisie), à Tataouine (sud de la Tunisie) a été tué lors d'une descente d'islamistes d'Ennahda 19 octobre. L'enquête est dans l'impasse.
Le Front populaire, coalition de gauche fondée en octobre dernier, est l'un des principaux adversaires politiques du gouvernement dominé par les islamistes d'Ennahda, vainqueurs des élections législatives organisées neuf mois après le renversement en janvier 2011 de Zine Ben Ali. Le Front est constitué de douze partis politiques et associations de gauche, nationalistes et écologistes, ainsi que de nombreux intellectuels indépendants. Chokri Bekaïd était le secrétaire général d'une de ses composantes, le Mouvement des patriotes démocrates. C'est la Tunisie qui avait donné durant l'hiver 2010-2011 le signal des soulèvements dans le monde arabe.
Ennahda a remporté 42% des sièges au Parlement lors des élections d'octobre 2011 et a formé un gouvernement de coalition avec deux formations laïques, le Congrès pour la République de Moncef Marzouki et le parti Ettakatol.
Les difficultés économiques ont provoqué ces derniers mois des manifestations parfois violentes et le gouvernement a accusé des militants liés à Al Qaïda de stocker des armes dans le pays en vue d'y instaurer par la force un Etat islamiste. Les policiers, qui ont manifesté le mois dernier devant les bureaux du Premier ministre, se plaignent de manquer de moyens face à la menace que représente dans la région Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Yacine K./Reuters
Commentaires (6) | Réagir ?
Ce sont les prémices d'une guerre civile verte, en 1991 les islamoracaille alliés du régime ont commencer par les journalistes, les laïcs, les démocrates, les communistes, c'était une vraie chasse aux sourcières, une sorte de cinquième colonne islamiste, peut être que le régime de Ben Ali souhaite tester en Tunisie la méthode du pouvoir Algérien, n'est ce pas Hassan 2 qui disait de l'Algérie le laboratoire.
Ils votés librement et choisis la famille qui recule. Qu'ils assument les conséquences de leur choix.