"La police l'a interrogé hier et il sera présenté aujourd'hui devant un juge", a dit Mouayyed Al-Lami ajoutant qu'il espérait une libération "cette semaine". Le consul de France à Bagdad a également pu le rencontrer pour la première fois samedi, selon le ministère des Affaires étrangères. "Il apparaissait en bonne santé et plutôt bien traité", a indiqué samedi une porte-parole du quai d'Orsay. Mouayyed Al-Lami qui a également rendu visite samedi à Nadir Dendoune a précisé que ce dernier avait été examiné par un médecin de l'ambassade de France et qu'il se portait bien.

Nadir Dendoune, 40 ans, a été arrêté le 23 janvier à Bagdad, où il s'est rendu pour des reportages en vue du dixième anniversaire de l'invasion de l'Irak le 20 mars. Il disposait d'un visa de journaliste et d'une lettre de mission du mensuel Le Monde diplomatique, précise son comité de soutien.

Nadir Dendoune est un homme de défis. A 40 ans, il a déjà une vie bien remplie. Né Seine-Saint-Denis d’une famille d’émigrés algériens en 1972, il choisit de s’envoler vers l'Australie en 1993. Il y demeure sept ans et y obtient la nationalité australienne, qui s’ajoute à la française et à l’algérienne. Nadir est un homme atypique, il ne fait rien comme les autres. En 2001, il entame un tour du monde à vélo qu'il mène contre le sida, parrainé par la Croix-Rouge. 

Il entreprend un autre challenge, plus périlleux : l’ascension de l’Everest, réputé être le plus haut sommet du monde. Il l’atteint en mai 2008 sans avoir fait d’alpinisme de sa vie. Un exploit que l’amateur dédicace à son département natal de la Seine-Saint-Denis et à son pays d’origine, l’Algérie, qui voit un de ses descendants – le premier du bled – briller en haut de l'Himalaya. Dans son livre Un tocard sur le toit du monde (2010), Nadir Dendoune relate cette fabuleuse expérience. Mais Nadir Dendoune est surtout un journaliste et écrivain à la plume acerbe et libre. Il a ainsi commis un livre à charge contre Nicolas Sarkozy, publié peu avant l’élection présidentielle de 2007 du nom de Lettre ouverte à un fils d'immigré. 

Militant des droits des peuples opprimés, de la cause palestinienne notamment, Nadir Dendoune a été arrêté alors qu'il se rendait vers une usine de traitement d'eau à Bagdad où il avait été bouclier humain en 2003 pour protester contre les frappes alliées.

Yacine K./AFP