Mali : les manuscrits de Tombouctou ont-ils été brûlés ou non ?
Depuis le début de l'offensive française au nord-Mali, on ne rate pas une occasion pour nous rappeler le danger que courraient les fameux manuscrits deTombouctou. France 2 a même montré un reportage de son reporter qui raconte comment les islamistes ont brûlé les manuscrits.
Mais en vrai, selon d'autres sources, les islamistes n'ont pas brûlé le fameux trésor de l'humanité. En effet, une grande part des manuscrits et livres précieux anciens conservés à Tombouctou ont été mis en lieu sûr avant l'arrivée des islamistes dans la ville malienne, a déclaré mercredi le responsable de ces collections à l'université du Cap, en Afrique du Sud. "Une grande majorité a été sauvée. Je pense, vraiment, plus de 90 %", a indiqué Shamil Jeppie, directeur du projet de conservation des manuscrits de Tombouctou.
Des témoins anonymes interrogés mardi à Tombouctou avaient rapporté que les islamistes en fuite avaient brûlé d'inestimables manuscrits anciens. Ils y avaient mis le feu vendredi, trois jours avant la reconquête de la ville par des soldats français et maliens, avait-on précisé. L'accusation était facile et sans preuve. Le nombre exact de manuscrits brûlés n'avait pas été déterminé. Le bâtiment qui abritait entre 60 000 et 100 000 documents était resté de son côté quasi intact, selon le ministère malien de la Culture.
Trésor culturel
Tout était bon pour justifier l'offensive militaire française vers le nord-Mali. L'histoire des manuscrits de Tombouctou a été également utilisée à fond la caisse par les médias français et maliens. Ces documents, des papiers mais aussi des peaux de chameau ou de mouton, portent des écrits en arabe ou en peul de nature religieuse, juridique, poétique ou scientifique témoignent de la richesse, de l'ancienneté et de l'ouverture de la culture soufie, l'islam local. Un halo de déclarations contradictoires a entouré leur destination depuis le printemps 2012 et l'arrivée notamment des narco-islamistes dans la région.
Le maire de Tombouctou, Halley Ousmane, réfugié à Bamako, avait cependant évoqué sur le moment "un véritable crime culturel". "En fait on a beaucoup exagéré (...), il y a eu des dégâts et certains objets ont été détruits ou volés, mais beaucoup moins que ce qu'on a dit dans un premier temps", a ajouté Shamil Jeppie. Selon lui, les conservateurs et archivistes avaient commencé à déplacer les documents vers Bamako, la capitale du Mali, pour les cacher avant l'arrivée des islamistes à Tombouctou l'an dernier.
Ces manuscrits représentent un véritable trésor culturel, remontant à l'époque où la cité mythique a été la capitale intellectuelle et spirituelle de l'islam en Afrique aux XVe et XVIe siècles. Essentiellement rédigés en peul et en arabe, ils traitent d'astronomie, de musique, de botanique, de droit, d'histoire, de politique... De célèbres mausolées de saints musulmans de la ville ont aussi été détruits par les groupes armés liés à al-Qaida qui y voyaient de "l'idolâtrie". Ils ont même barbouillé de noir la mention "333 saints" sur les panneaux proclamant "Bienvenue à Tombouctou, la cité des 333 saints". Au total, une douzaine de mausolées ont été réduits à néant, selon un journaliste local.
Avec AFP
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