Mali : Kidal sous les bombes de l'aviation française
L'armée française poursuit également la prise de contrôle de Gao, la plus importante ville du nord du Mali, reconquise samedi lors d'une offensive éclair.
L'aviation française a bombardé des positions islamistes dans leur fief de Kidal, à 1 500 km au nord-est de Bamako, tout en poursuivant dimanche la prise de contrôle de Gao, la plus importante ville du nord du Mali, reconquise lors d'une offensive éclair. De nombreuses sources font état depuis plusieurs jours d'un repli des combattants islamistes vers les montagnes de la région de Kidal, dans l'extrême Nord-Est, près de la frontière algérienne, fief du groupe Ansar Dine (Défenseurs de l'islam).
Des positions des islamistes dans la ville et sa région ont été bombardées samedi par des avions français, selon des sources maliennes. "Ces frappes ont notamment touché la maison de Iyad Ag Ghaly à Kidal et un camp militaire", a déclaré à l'AFP une source de sécurité. La maison du chef d'Ansar Dine, ex-militaire et ex-figure des rébellions touareg des années 1990 au Mali, a été détruite, ont ajouté des habitants. Kidal avait été la première ville conquise par les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), alors alliés aux groupes islamistes en mars 2012. Ils avaient ensuite été évincés de la région par leurs anciens alliés.
Pillage
La plus grande ville du nord du Mali, Gao, à 1 200 km au nord-est de Bamako, est tombée samedi au cours d'une opération de l'armée française : des membres des forces spéciales bénéficiant d'un appui aérien se sont d'abord emparés de l'aéroport et d'un pont stratégique. Puis des soldats africains sont venus par avion du Niger voisin jusqu'à Gao, où ils étaient chargés dimanche de patrouiller dans la ville. "La prise de contrôle de Gao, qui compte 50 000 à 60 000 habitants, par les soldats maliens, tchadiens et nigériens est en cours", a indiqué le porte-parole de l'armée française, le colonel Thierry Burkhard.
Les premiers témoignages faisaient état d'une liesse populaire mais aussi de premiers actes de pillage. Les communications téléphoniques fixes et portables sont coupées avec Gao et la zone n'est pas accessible pour des observateurs indépendants. L'armée française affirmait samedi qu'il n'y avait pas de combat à Gao, mais "des opérations de harcèlement", avec des francs-tireurs. Gao était un bastion des islamistes du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), qui y ont commis de nombreuses exactions, dont des amputations de personnes accusées de vol.
"Bientôt à Tombouctou"
Les "troupes françaises et maliennes" seront "bientôt près de Tombouctou", a assuré samedi le Premier ministre français, Jean-Marc Ayrault. Une perspective qui enchante des réfugiés de la ville rencontrés samedi à Mopti (centre), dont certains évoquent déjà une volonté de vengeance à l'égard des islamistes, qui ont notamment détruit des mausolées de saints musulmans et imposé une conception rigoriste de la charia (loi islamique). "Ils nous chicotaient quand on fumait, quand on écoutait de la musique. On va leur faire payer ce qu'ils nous ont fait. Les chicoter aussi", promet Amadou, un jeune étudiant.
Pour un autre habitant de Mopti, la France, engagée depuis le 11 janvier au côté de ce qui reste de l'armée malienne, contre les islamistes armés, afin d'empêcher leur progression vers le sud et Bamako puis en reconquérant le nord du pays, paie ainsi une "dette" contractée par l'ancienne puissance coloniale envers le Mali.
Pour leur part, les pays de l'Union africaine (UA) ont entamé dimanche leur 20e sommet à Addis Abeba, qui promet d'être dominé par la situation au Mali, suivi mercredi d'une conférence de donateurs internationaux. Le président sortant de l'organisation a remercié la France pour son intervention. "Je tiens à saluer la France qui, face aux délais de réaction extrêmement longs de l'Union africaine et de la communauté internationale, a pris les devants et fait ce que nous aurions dû faire depuis longtemps pour défendre un pays membre," a déclaré le président béninois, Thomas Boni Yayi.
Avec AFP
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