Signes discrets à Alger d'un boomerang politique : Bouteflika est-il allé trop loin ?

Signes discrets à Alger d'un boomerang politique : Bouteflika est-il allé trop loin ?

Bouteflika paraissait avoir réussi à se racheter une "considération" auprès de la communauté internationale en s'alignant sur l'opération française au Mali, mais à quel prix ? Il semble bien, avec l'assaut militaire contre les islamistes preneurs d'otages dans le site gazier du sud algérien, qu'il serait en train de le payer par un affaiblissement politique.

Curieuse déclaration que celle de l'Élysée, ce vendredi matin, à la sortie d'un Conseil de défense présidée par François Hollande :

"Nous ne disposons pas de suffisamment d'informations pour faire des commentaires sur la situation qui prévaut dans le site gazier du sud algérien". Pourtant, la veille, le président français dans une conférence de presse conjointe avec le premier ministre portugais, laissait entendre qu'il était en relation constante avec le président Bouteflika. Alors ? Cela veut-il dire, de fil en aiguille, que le président Bouteflika lui-même n'est pas au courant de ce qui se passe à In Amenas ? Si on ajoute à cette interrogation, la soudaine colère des autorités japonaises, anglaise et même de la Maison-Blanche devant ce qui s'appelle un "Black-out total décidé par Alger", nous ne serions pas très loin de conclure que les chefs de l'armée avaient gardé l'initiative de l'opération militaire sans en référer à aucune autorité civile, y compris la présidence de la république.

Tout s'est passé comme si les militaires avaient pris soin de ne divulguer aucune information qui pourrait être exploitée politiquement par le président algérien. Pire : selon des informations qui circulent au sein de la presse américaine, Bouteflika aurait accepté une proposition du Pentagone mettant à leur disposition des drones ainsi que des appareils ultramodernes adaptés à la traque des preneurs d'otages, mais les chefs de l'armée l'ont énergiquement repoussée. La mauvaise humeur de Tokyo, Londres et Washington semble à qui veut bien écouter, dirigée essentiellement contre l'armée depuis 24 heures.

Tout se passe donc comme si on assistait à un effet boomerang après la décision unilatérale du président Bouteflika de s'aligner sur la volonté française à propos d'intervention militaire au Mali, décision qui a provoqué un vif émoi au sein de la société et, à ce qui se dit, un terrible mécontentement dans les rangs de l'armée. Le tout bien exprimé par la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Mme Louisa Hanoune, qui a appelé "l'Algérie à rester attachée à ses positions de principe de non ingérence étrangère dans les affaires des pays" et surtout, à déjouer ce qu'elle appelle le "complot" "des impérialistes français qui manœuvrent pour déstabiliser l’Algérie". Cette dirigeante de l'opposition très écoutée ne doute pas de l’existence d’un "plan diabolique" dûment préparé par les "puissances impérialistes" lequel vise à la fois le Sahel et l’Afrique du Nord.

Pour rappel, il est établi que c'estle président Bouteflika qui, pour des raisons politiciennes personnelles, a engagé le pays dans cette voie aléatoire. Désireux de reconquérir un autre mandat en 2014, il était en butte à une perte de crédit sur le plan international : le printemps arabe l’avait isolé. De facto, il est considéré comme un des derniers autocrates encore en exercice. Difficile dans ces conditions de prétende reconquérir un autre mandat et a fortiori de prétendre rester au pouvoir à vie. Il lui fallait donc reconquérir la "sympathie" des grands dirigeants occidentaux. Peu importe le prix, il était prêt à tout pour obtenir l’onction occidentale. C’est dans ce cadre qu’il faut intégrer les incroyables concessions faites par Bouteflika à François Hollande.

Comme prévu, Bouteflika a exploité politiquement la visite du président français qui constituait une opportunité rêvée pour lui de se "désenclaver" et de renouer avec une certaine légitimité perdue à la suite des révoltes arabes. Les Français, conscients de cette situation et de la personnalité de chef de l’État algérien sensible aux flatteries, ont exploité jusqu’à l’os cette formidable occasion. La complaisance française à ce propos a été édifiante. François Hollande a su faire plaisir au président algérien. En conférence de presse, il s’est même félicité que l’Algérie n’ait pas connu de printemps arabe. «Je n'ai pas à me mêler des affaires internes, mais les Algériens disent qu'ils l'ont vécu il y a longtemps.» Hollande n'a fait que répéter les thèses des Algériens : "Vous avez vu ce pays ce qu'il a traversé comme épreuves, un terrorisme qui a fait nombre de victimes, après un processus de réconciliation, de reconstruction et de rénovation, je pense que le parlement algérien va bientôt être saisi de la dernière étape de la révision constitutionnelle."

C’est exactement ce que cherchait à faire entendre au monde le président Bouteflika.

En contrepartie, il a payé sans compter : un beau projet pour Renault, payé au prix fort par les Algériens (le gouvernement algérien s’est engagé à ne pas autoriser d’autres constructeurs à s’installer en Algérie pendant une période de trois années ce qui contredit les règles élémentaires de l’Accord que l’Algérie a signé avec l’Europe et surtout des perspectives d’adhésion à l’organisation mondiale du commerce qui prohibent toute restriction au libre échange) ; des contrats en perspective pour d’autres sociétés françaises et même une étonnante autorisation de mener des expérimentations sur le gaz de schiste sur le sol algérien.

Mais la plus importante concession fut de donner caution à Paris pour l'intervention militaire au Mali, en total désaveu des déclarations antérieures d'officiels algériens sur le sujet. C'était peut-être la concession de trop. Bouteflika paraissait avoir réussi à se racheter une «considération» auprès de la communauté internationale en s'alignant sur l'opération française au Mali, mais à quel prix ? Il semble bien, avec l'assaut militaire contre les islamistes preneurs d'otages dans le site gazier du sud algérien, qu'il serait en train de le payer par un affaiblissement politique.

Lematin.dz - service politique

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Commentaires (39) | Réagir ?

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karim Aït Aïssa

Initiative citoyenne inclusive…pour ceux qui voient :

La prise d’otage d’In Amenas, au-delà de sa condamnation, est l’évènement constitutif de notre prise de conscience collective. Paix aux âmes pour tous ceux qui sont morts.

La symbolique voudra que c’est à In Amenas que fût découvert le pétrole algérien, dans les mois qui ont suivi le déclenchement de notre Guerre, celle qui a enfanter la glorieuse Armée de Libération Nationale, dont le premier des dix commandements est de ‘’poursuivre la lutte de libération jusqu’à l’indépendance totale. ’’

La symbolique voudra aussi que c’est dans la wilaya d’Illizi que furent livrées les dernières batailles de la résistance algérienne contre l’occupation colonialiste.

L’Histoire est au rendez-vous. Nous devons l’être aussi au nom de tous ceux qui sont morts pour que nous soyons, un jour, indépendants.

Au-delà de toutes les divergences qui existent entre nous, Algériennes et Algériens sincères, la gravité de ce qui arrive chez nous et autour de nous, et l’émergence brutale de tant de situations aussi inédites que complexes, nous interpellent quant à notre responsabilité d’assumer notre devoir de nous unir afin de protéger le seul pays que nous avons : l’Algérie

Le paysage mondial se métamorphose d’une façon fulgurante. A nous d’en faire partie et de l’accompagner, nous avons notre place. ck

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kamel benzine

KASDI MERBAH A ECARTE BOUTEFLIKA EN 1979 POUR DEVENIR PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE POUR UNE SIMPLE RAISON, QUE BOUTEFLIKA EST UN TRAITRE POUR ALGERIE, IL A JAMAIS SENTI QUE IL EST ALGERIEN, TRES IMPORTANT DE LE SAVOIR QUE BOUTEFLIKA POURRA VENDRE ALGERIE POUR FAIRE PLAISIR POUR LA MONARCHIE DU GOLF.

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