Afrique : un François Hollande qui en cache un autre

2500 soldats français sur les terres maliennes, selon François Hollande.
2500 soldats français sur les terres maliennes, selon François Hollande.

Qui l’eût cru il y a quelques mois ? La France qui "part en guerre contre les islamistes" pour reprendre la vulgate officielle.

Même si l’on ne doit pas minimiser le danger des narco-islamistes qui tiennent l’Azawad depuis le printemps dernier, il y a comme un air du déjà-vu dans tout cet argumentaire développé par la France et ses nombreux relais médiatiques pour justifier son intervention militaire au Mali. Il y a eu le précédent de l’Irak et de l’Afghanistan sous George Bush pour les Américains. Désormais on a une guerre au Mali "contre les islamistes terroristes" sous François Hollande. 

Rien de tel n’était pourtant sur les tablettes de la part de cet homme rond, réputé cherchant le consensus. Comme Nicolas Sarkozy, François Hollande l’avait promis : la Françafrique c’est fini, enterré. Promis juré. Il y a quelques semaines, François Bozizé, président du Centrafrique, avait appelé avec insistance la France pour protéger Bangui de la rébellion de la Seleka (coalition en langue sango). Le président français refusa d’abord avant d’envoyer quelque 200 militaires « pour protéger les ressortissants français », affirme-t-on. Mais pour autant, Hollande l’Africain n’a pas laissé tomber Bozizé, il a préféré sous-traiter la sécurité du régime de Bozizé. Il a chargé en sous main un ami de la France Idriss Deby (président du Tchad) et le Cameroun de Paul Biya (un autre ami de la France) pour envoyer des troupes à Bangui. Depuis François Bozizé a repris du poil de la bête. 

Le Mali n’est pas non plus la Syrie. Les combattants de l’ASL doivent le comprendre à leur dépend. Pourtant, ils n’ont pas demandé une intervention militaire internationale. Combien de fois les rebelles ont appelé les pays arabes et occidentaux à leur fournir des armes, en vain. La France qui a reconnu la coalition de l‘opposition et le nouvel ambassadeur installé à Paris refuse, du moins officiellement d’armer les rebelles.

A contrario, il a suffi de combats entre narco-islamistes et armée malienne (certaines sources évoquent la présence de conseillers militaires français) dans une ville située sur la ligne de front entre le sud et le nord du Mali pour voir l’aviation française intervenir. En un éclair opération Serval est lancée, alors que depuis des mois on nous rabat les oreilles sur l’impossibilité d’une intervention militaire avant plusieurs mois. Bien sûr, argue le président français, il n’a fait que répondre à l’appel de Diancounda Touré, le président malien par intérim. Pourtant, il n’était au début question que de protéger les ressortissants français. L’argument a déjà  servi en Côte d’Ivoire, en Centrafrique, et maintenant au Mali. Encore ce droit d’ingérence militaire dans des pays indépendants. Jean-Yves Le Drian assurait il y a quelques semaines qu’il n’était pas question que l’armée française intervienne au sol. Voilà que 2500 bidasses tricolores crapahutent dans le désert malien.

On est au cinquième jour des bombardements. L’Afrique tarde à constituer son contingent, la France s'en agace. Mais une fois celui-ci sur le terrain qui sera à la tête des opérations ? Les soldats français accepteront-ils d’être sous un commandement africain ? Ou ce sont les généraux français qui dirigeront l’infanterie africaine qu’ils enverront au casse-pipe ? Les Occidentaux soutiennent la France du bout des lèvres, promettant seulement des avions de ravitaillement. Le mandat onusien n’est pas définit et la durée de l’opération l’est tout autant. Une question se pose : la France a-t-elle les moyens de mener la guerre pendant plusieurs mois ? Qui en payera le prix et quelles en seront les conséquences ?

Hamid A.

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Commentaires (4) | Réagir ?

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amazigh zouvaligh

C'est le retour fracassant de la France Afrique, et surtout de la France Algérie, avec la bénédiction des traîtres, des planqués des frontières, et des malgacho tlémceniens!

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Bey Mustapha BEBBOUCHE

En se retirant d'Afghanistan, la France de Hollande n'a fait que se redéployer en créant son propre Afghanistan au Mali. Seulement voilà, Hollande se trompe d'époque. Les africains n'ont pas que des fusils de chasse comme du temps de la colonisation. Les français ne doivent pas soutenir quelqu’un qui, pour quelques miettes de voix va jusqu'à s'engager à officialiser le mariage gay et remettre en cause l'équilibre de la société française. Hollande qui n'a pu sauvegarder sa propre famille; peut - il sauvegarder la France ? Je pense que non ! Les français doivent le dessaisir pendant qu'il est temps car son opération Serval ne sera servie qu'aux serviles.

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