Irak: un député sunnite et six autres personnes morts dans un attentat
Aïfan Saadoune al-Issawi, un député irakien sunnite engagé dans la lutte contre Al-Qaïda, est mort mardi dans un attentat suicide à proximité de son fief de Fallouja, à l'ouest de Bagdad, foyer de la contestation contre le Premier ministre chiite Nouri al-Maliki.
Le bilan de l'attaque s'élève à sept morts, dont M. Issawi, quatre gardes du corps et deux civils, et six blessés, a indiqué le docteur Assem al-Hamdani de l'hôpital de Fallouja. Cet attentat risque d'aviver un peu plus les tensions déjà fortes entre M. Maliki et ses alliés gouvernementaux d'Iraqiya, un bloc laïque dominé par les sunnites. Son décès survient d'ailleurs 48 heures après que le ministre sunnite des Finances Rifaa al-Issawi, membre de la même tribu que la victime, a échappé à une tentative d'assassinat. Aïfan Saadoune al-Issawi était, comme son lointain parent, membre du bloc laïque Iraqiya, qui participe au gouvernement Maliki. Il a été tué alors qu'il inspectait une route en construction au sud de Fallouja, dans la province majoritairement sunnite d'Anbar.
Le député "venait juste de garer sa voiture. Au moment où il est descendu pour inspecter la route qui relie Fallouja à Amriyah, un homme s'est approché, il l'a étreint, a dit +Allah Akbar+ puis s'est fait exploser", a indiqué Sohaib Haqi, le chef de son bureau, à l'AFP. Selon lui, le kamikaze portait un uniforme de chantier. Au Parlement, M. Issawi, 37 ans, avait succédé à Khaled al-Fahdawi, tombé en août 2011, lors d'un attentat suicide dans une mosquée sunnite de Bagdad.
Opposé à Al Qaida
Aïfan Saadoune al-Issawi assumait également de hautes responsabilités au sein des Sahwa (Le réveil, en arabe), une milice composée de tribus sunnites farouchement opposées à Al-Qaïda. L'attentat de mardi n'a pas été revendiqué, mais l'Etat islamique d'Irak, la branche de l'organisation extrémiste dans le pays, prend régulièrement pour cibles les forces de sécurité, la communauté chiite et les responsables politiques qui lui sont hostiles.
Au plan politique, cette attaque risque de nourrir la crise actuelle entre Iraqiya et le reste du gouvernement de M. Maliki, dominé par les chiites. Ce bras de fer trouve sa traduction dans les manifestations anti-gouvernementales organisées dans des zones majoritairement sunnites depuis trois semaines.
La minorité sunnite organise des rassemblements, accusant le gouvernement de M. Maliki de la mettre sur la touche. Elle réclame la libération de prisonniers ainsi que l'abrogation des lois antiterroristes dont elle estime faire les frais. M. Maliki a partiellement accédé à une de leurs revendications en faisant libérer plus de 300 prisonniers, "des innocents", comme l'a reconnu le vice-Premier ministre Hussein Chahristani lundi. Le mouvement de contestation sunnite a démarré après l'arrestation le 20 décembre de neuf gardes du ministre des Finances Rifaa al-Issawi. Dimanche, ce dernier avait échappé à un attentat à la bombe alors qu'il circulait entre Fallouja et Abou Ghraib, à l'ouest de Bagdad. L'explosion n'avait fait aucun blessé.
Avec AFP
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