Pour une nouvelle politique des carburants en Algérie

L’Algérie reste un des rares pays n’ayant pas abandonné l’utilisation des additifs de plomb.
L’Algérie reste un des rares pays n’ayant pas abandonné l’utilisation des additifs de plomb.

L’Algérie pays exportateur d'hydrocarbures importe paradoxalement massivement les lubrifiants, du gasoil et également de l'essence super sans plomb pour une valeur de plusieurs centaines de millions de dollars depuis plusieurs années.

1.- L’Algérie importe presque tout (75% des besoins des entreprises et des ménages) et exportant une seule ressource (98%) à l’état brut ou semi-brut, les hydrocarbures étant une économie totalement rentière. Pour l’essence sans plomb, qui doit être généralisé à l’ensemble des stations en Algérie, pour se conformer aux normes internationales, des quantités plus importantes seront nécessaires dans les années à venir posant la problématique de la mise à niveau des raffineries existantes. La problématique réside dans le fait que l'entreprise Naftal en charge de la distribution des carburants sur le territoire national opte de plus en plus pour une surconsommation de l'essence super sans plomb pendant que la division Raffinage de Sonatrach ne cesse d'augmenter les taux d'éthyilation "consommation importante de l'additif de plomb" et des déclassements des produits aromatiques dans les essences pour répondre à la demande croissante du marché. Le marché des essences a connu une phase difficile au début des années 1990, vite surmontée avec le démarrage en 1993 de la nouvelle unité de Reforming à Skikda mais dont les incendies répétées récentes posent un véritable problème.

Additifs de plomb

Ces unités ont été largement amorties posant la problématique de leur maintenance d’où l’importance de la ressource humaine qui fait défaut à Naftec. La situation actuelle prévisible depuis l’année 2006 a contraint la société à revenir à une surconsommation de l’additif de plomb depuis juillet 2010 et d’arrêter la marche des unités aromatiques pour augmenter la production des essences. Ainsi, l’équilibre offre-demande est rompu au profit de la demande et l’Algérie reste un des rares pays n’ayant pas abandonné l’utilisation des additifs de plomb. Cette situation a conduit à la rupture de l'équilibre offre-demande malgré les actions entreprises. Même les nouvelles unités en cours de réalisation pour améliorer l'offre en essence semblent déjà dépassées. Il est nécessaire de revoir la stratégie de distribution des carburants en adéquation avec les capacités réelles de production, et donc la politique de consommation du marché en essence pour éviter l’importation d’un composant pour l'essence, le MTBE en quantité importante induit surtout par l’extraction des aromatiques du pool essence et de la suppression de l’additif de plomb.

2.- Il y a urgence, comme je l’ai démontré dans un audit sous ma direction pour le gouvernement (1) sur le dossier des carburants , de mener une réorientation de la politique orientée vers les produits issus du gaz et non plus du pétrole, l’Algérie étant un pays gazier, d’introduire le GPLc pour les voitures, le GNW pour les camions et le transport en commun, et à terme la combinaison du gaz et du solaire en allant vers des moteurs hybride du fait de l’épuisement à terme des fossiles traditionnels. Pour les économies d’énergie, il est anormal que l’on construit en 2013 encore selon les méthodes traditionnelles pour plusieurs centaines de milliers de logements alors que des panneaux d’isolation sont mis au point afin d’économiser la quantité de gaz et éviter ainsi les utilisations intensives d’électricité lors des chaleurs de pointe. Cela devra impérativement être associé à une nouvelle politique des prix ciblée pour optimiser l’allocation des ressources, éviter les gaspillages et fuite hors frontières. Le travail de nos services de sécurité et douaniers louables étant une goutte d’eau dans un désert s’il n’est pas soutenu par un politique économique plus visible et plus cohérente, ce qui est de la responsabilité du gouvernement.

J’appelle à un débat national serein et sans exclusive sur des dossiers sensibles qui engagent la sécurité nationale comme celui de l’énergie et du futur modèle de consommation énergétique. Comme le mode de placement et le rendement des réserves de change, produit de la rente des hydrocarbures, la problématique de la durée de vie des réserves d‘hydrocarbures. D’une manière générale, cela pose la problématique de la trajectoire future du développement de l’Algérie afin de réaliser la transition d'une économie de rente à une économie hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales, au sein d’un Etat de Droit.

Professeur Abderrahmane Mebtoul, expert international en management stratégique

(1) Audit sous la direction du professeur Abderrahmane Mebtoul le dossier carburant au sein d’un environnement concurrentiel Alger -MEM/ Sonatrach Alger 9 volumes 980 pages 2007/2008.

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Commentaires (1) | Réagir ?

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Abdellaziz DJEFFAL

Bonjour Docteur,

Je suis vos contributions avec beaucoup d'intéret et le sujet que vous nous proposez aujourd'hui n'est pas des moindres. J'aimerais bien vous voir vous penchez sur le gaspillage et les déperditions que nous causent la gestion routière et autoroutière. J'ai moi-même fait le constat et des calculs qui me permette qui si l'on fait une économie d'échelle, nous réduirons la facture d'importation de l'essence. Je parcours quotidiennement, et depuis des dizaines d'années pour me rendre à mon travail, une distance de 14 km. Au début, cela me demandait 7 à 10 mn. Ensuite avec la pose de dos-d'ânes, je suis passé à 15 mn puis à 30 mn et maintenant de 35 à 40 mn et parfois une heure. Mes consommations spécifiques sont passées de 17. 39 l pour 325 km à 17. 39 pour 257 km. J'ai une perte moyenne de quelques 4 litres d'essence par demi-plein. Soit en moyenne 2 litres par jour. En une année cela me fait 730 litres. Si chaque véhicule consomme 730 litres par an, ces dos-d'ânes nous causeraient quelques 1460 000 000 litres par an pour un parc de 2 000 000 de véhicules à essence. Ceci sans compter le ralentissement - je dirai même le freinage - des activités commerciale, professionnelle et économique en général. Notre économie (circulation des biens et des services) est au ralenti. Merci infiniment.