RDC : les discussions entre le gouvernement et la rébellion vont être ardues
La reprise envisagée samedi des discussions entre le gouvernement de République démocratique du Congo et le mouvement rebelle du M23, qui le combat dans l'est du pays, s'annonce difficile, les deux parties affichant des positions bellicistes.
La délégation rebelle est arrivée vendredi à Kampala, alors que la délégation gouvernementale, conduite par le ministre des affaires étrangères, Raymond Tshibanda, était déjà là, a-t-on appris de source officielle à Kampala. "Nous espérons pouvoir passer aux choses sérieuses demain", a affirmé vendredi le porte-parole du ministère ougandais de la défense, Paddy Ankunda.
Les pourparlers sont orchestrés par l'Ouganda, qui mène une médiation au nom des pays voisins des Grands Lacs. Ils doivent reprendre après deux semaines d'interruption. Les travaux avaient été entamés le 9 décembre dans la capitale ougandaise sous l'égide du président Yoweri Museveni, président de la Conférence internationale de la région des grands lacs, puis avaient été suspendus pour les fêtes le 21 décembre. Ils n'avaient pas donné beaucoup de résultats : seul le règlement des débats avait été adopté, l'ordre du jour étant toujours en discussion, selon une source diplomatique à Kinshasa.
Depuis, le président congolais Joseph Kabila, dans un message au Parlement puis dans ses voeux à la Nation, a annoncé que sa "priorité" était "la défense, rien que la défense", en appelant les jeunes Congolais à "s'engager nombreux sous le drapeau pour la défense de la patrie".
Jeudi, le responsable politique du M23, Jean Marie Runiga, a annoncé que son mouvement continuait à réclamer "des négociations directes avec le gouvernement et qu'il souhaitait la signature d'un cessez-le-feu", ce que refuse le gouvernement. Il a aussi menacé de reprendre les armes. "Le langage que Kabila comprend, ce sont les armes (...) si c'est dans cette voie-là qu'il veut encore s'engager, cette fois-ci nous irons très loin", a-t-il dit.
Doléances
Depuis le début de la rencontre, les problèmes de fond n'ont pas été abordées. Le mouvement rebelle réclame des discussions politiques générales alors que le gouvernement veut les limiter à l'application de l'accord du 23 mars 2009, sur laquelle le M23 a fondé au départ sa lutte armée.
Le M23 est formé d'anciens rebelles, d'abord intégrés dans l'armée de RDC aux termes d'un accord signé le 23 mars 2009 avec les autorités de Kinshasa, mais qui ont repris le combat au printemps dans le Nord-Kivu, accusant le gouvernement de ne pas l'avoir respecté. Les mutins refusaient notamment, au sein de l'armée, toute mutation hors de leur région du Kivu afin de protéger leurs familles et les membres de leur communauté qu'ils estiment en danger. Ils réclamaient aussi de conserver dans l'armée régulière les grades qu'ils avaient dans la rébellion.
Ils ont ensuite multiplié leurs doléances, qui touchent désormais à des questions de gouvernance, de bien-être social, de droits de l'homme. Ils ont aussi remis en cause la légitimité du président Joseph Kabila, réélu en 2011 au terme d'élections contestées. Depuis le début du conflit en mai 2012, le M23 a conquis une partie du Nord Kivu, riche région minière et agricole de l'est de la RDC. Le 20 novembre, il a pris, malgré la présence de troupes des Nations Unies, la capitale régionale, Goma, avant de s'en retirer onze jours plus tard sous la pression des pays de la région.
Selon Kinshasa et l'ONU, le M23 est appuyé par l'Ouganda et le Rwanda, ce que ces deux pays nient. Le mouvement rebelle s'était engagé à se retirer à 20 kilomètres de la ville mais a en réalité maintenu ses positions à quelques kilomètres autour de Goma, étendant son emprise administrative sur la plus grande partie du Nord-Kivu. Il a même ouvert le feu sur deux hélicoptères des Nations unies qui le survolait. Les forces militaires congolaises ont été limitées à quelques centaines d'hommes cantonnés à l'aéroport. Une force internationale neutre, décidée en juillet dernier par l'Union africaine, est en cours de constitution avec l'arrivée "incessamment" d'un bataillon tanzanien d'environ 600 hommes.
AFP
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