François Hollande, l’hôte indésirable des Algériens
Fallait-il pour François Hollande qu’il vienne jusque chez nous pour nous "dire la vérité sur la colonisation", pour nous dire ce que nous savons déjà ? Nous rappeler ce que l’on éprouve dans notre chair et dans notre douloureuse mémoire, depuis que son peuple a débarqué sur nos terres, semant extermination, destruction, pillage, jusqu’à la tentative de l’effacement de la mémoire et l’histoire de nos ancêtres.
Venir nous avouer le crime de son peuple contre notre nation, comme si nous doutions de sa culpabilité ! Prétendre venir s’enorgueillir a faire mieux que ses prédécesseurs, Mitterrand, Chirac et Sarkozy, en venant nous asséner avec condescendance, d’un ton hautain et bienveillant : «Je ne suis pas venu faire des excuses, ni me repentir», pour semer encore plus de troubles dans notre quiétude et raviver les blessures de notre passé douloureux. Absurde ! Contraire à la raison, incohérent et illogique, ridicule et stupide comportement de la part d’un hôte invité pour sceller l’amitié entre nos peuples et solder le contentieux de notre discorde.
N’aurait-il été plus juste et cohérent qu’il s’adresse dans ce cas à son propre peuple, pour lui avouer leur trahison des principes de la déclaration universelle des droits de l’homme, qui fondent leur nation, et qui consacre l’égalité en droit de tous les humains ? Dire la vérité sur cette trahison en reconnaissant qu’il a privé notre peuple de ce droit pendant la colonisation en l’acculant au statut inférieur et infra-humain d’indigène, voilà de quoi s’enorgueillir devant le respect des principes qui fondent la nation qui l’a élu pour la représenter devant ses hôtes. Si l’excès d’orgueil et de vanité dû à l’estime d’une haute opinion de la nation française d’elle-même l’empêche d’avoir le courage d’assumer sa responsabilité historique dans son comportement odieux vis-à-vis d’autrui, pour demander des excuses, il aurait fallu, avec une moindre dignité, faire des excuses à son propre peuple, d’avoir trahi les principes qui fondent leur identité et le contrat qui définit leur vivre ensemble et leur rapport aux autres.
Qu’en est-il du sentiment de cet anonyme dans la foule qui vous a accueilli à Alger ce 19 décembre ? Que représentez-vous pour lui, Monsieur Hollande ? Celui-là qui était là pendant que votre nation commettait le tort contre son peuple, sous votre occupation coloniale, l’ayant vécu dans sa chair et ayant assisté aux sévices les plus horribles, ne peut pas faire comme si de rien n’était et effacer volontairement de sa mémoire les pires moments de son existence. Seule la réparation du tort qu’il a subi, d’une façon ou d’une autre, pourra apaiser sa mémoire douloureuse et lui permettre de se projeter dans une relation d’amitié et de respect mutuel, sincère, pour votre peuple.
Ou bien cet autre anonyme de la foule, vivant sous le règne du despotisme qui a succédé à votre barbarie, que croyez-vous représenter pour lui Monsieur Hollande ?
Nous ne doutons pas que vous soyez si naïf et croire que la foule venue vous accueillir ce jour sur les artères d’Alger était sincère. Vos services vous ont sûrement soumis un rapport sur sa vraie identité. Constituée des gagnants de la société, d’écoliers, de lycéens accompagnés par leurs enseignants, d’employés des entreprises et administrations publiques, de forces de sécurité, déplacés à bord de bus, a été séquestrée pour venir illustrer une image de propagande au profit de vos hôtes. L’objectif étant de tromper l’opinion nationale, victime de la dépolitisation de masse orchestrée par le pouvoir despotique dont vous êtes aujourd’hui l’hôte. Cette propagande ne vise pas moins l’opinion internationale, pour la tromper à son tour sur les véritables sentiments du peuple algérien envers les despotes qui ont confisqué son État et le priver de ses droits et de sa souveraineté, en quête d’une illusoire légitimité.
Nous ne doutons pas de votre sentiment non plus à ne pas vous considérer le dindon de la farce dans cette odieuse instrumentalisation de votre visite sur notre terre. Votre rapport gagnant-gagnant avec le système de pouvoir mafieux qui prend en otage notre destin, ne nous laisse aucun doute sur votre sentiment à nous considérer comme les véritables dindons de cette cupide farce, puisque vous allez bien remplir le couffin des courses effectuées au profit de votre peuple en ces moments critiques de crise et de risque de récession pour votre économie. Donnant-donnant, telle est votre devise. Telle est votre diplomatie et la raison d’État qui la soutient et qui fait fi de vos propres principes, de respect des droits humains et de la souveraineté des individus.
Votre rhétorique est quant à elle cupide et cynique par contre, monsieur le président. Vous prétendez que "l’Algérie a fait son printemps" pour vous rassurer de votre soutien à vos hôtes, que vous savez illégitimes, corrompus et les mains tachées de sang d’innocents. Votre justification d’un partenariat économique brandi dans le souci de notre développement ! encore là, l’Algérien n’est pas exclusivement un tube digestif monsieur le président, c’est aussi un être de désir et de liberté, comme l’est votre propre peuple.
Cet autre anonyme de la foule, vivant sous le règne du despotisme qui a succédé à votre barbarie, était surtout là, dans une Alger devenue à l’occasion une attraction folklorique, profiter de cette journée ensoleillée et festive pour respirer un peu et se détendre. Tout en étant abasourdi par le grotesque et l’obscène de la symbolique du cortège présidentiel, que représente la jonction du double tort, partagé, qui lui est fait ; La complicité de l’auteur du tort colonial avec celui du despotisme. Confus devant l’absurde de la scène, qu’il voit défiler dans sa conscience comme une amplification du tort permanent qui conditionne son existence, ne peut que provoquer en lui un sentiment de répulsion et de rejet de la présence de l’hôte.
Indifférent devant le passage de votre cortège, en compagnie d’un despote qui est responsable de tous ses malheurs et ses privations, un "haggar" en somme, rempli de ressentiments, de rejet et de répulsion pour votre association et votre complicité, le peuple algérien ne peut pas vous désirer contre toute logique, Monsieur Hollande. Vous resterez indésirable dans le pays où le vôtre a commis un très grand tort contre son peuple et qui est resté sans réparation, en continuant à aggraver le poids de ce tort, par le soutien des responsables de tous les malheurs que continu a subir ce peuple, tant que la cupidité et l’arrogance continuent à être les seuls fondements de votre raison d’État. Épargnez-nous de vos souhaits hypocrites, de réconciliation et d’amitié entre nos peuples, cela est tout simplement déplacé dans les conditions qui sont les nôtres aujourd’hui. Pensez plutôt à créer les conditions à l’avènement "d’un nouvel âge" sincère, que vous appelez de vos vœux, qui serait basé sur le respect des droits humains et la souveraineté des individus, comme pour votre propre peuple.
Sinon ? Selon quelle logique peut-on souhaiter la bienvenue à un hôte selon vous Monsieur François Hollande ? La raison d’État est-elle plus importante que la condition humaine ? Le sacrifice de votre dignité est-il pour vous primordial sur vos intérêts domestiques ? Qu’en faites vous des principes qui fondent votre République, que vous voulez exemplaire pour toute l’humanité ?
Youcef Benzatat
Commentaires (22) | Réagir ?
Non Benzetat, l'ennemi ne viendra pas et vous ne serez pas héros. Vous ne serez pas héros, vous le produit d’une école sinistrée - symbolisée par votre incapacité à produire un discours structuré et cohérent-
Heureusement que pour notre édification et notre plus grand plaisir, il y a les
écrits que "commettent" des journalistes qui savent ce que bien écrire veut dire...
Je pense à Mr Hammouche de "Liberté", aux contributions flamboyantes de Mr Badreddine El Mili et Nourredine Boukrouh au "soir d' Algérie, à la période rigoureuse
et artistement "troussée" de Mr Mohamed Halli. Ecoutez les conseils avisés d'un ainé et gardez vous des « cerbères « incultes qui vous caressent dans le sens du poil. Achetez-vous une grammaire et cent fois sur le métier remettez votre ouvrage...
PS : j'allais oublier dans mon "inventaire", bien incomplet, les contributions de Mr Mohand Bakir qui, lui aussi, a le verbe juste.
PS 2 : Sinon, remettez vous aux sports où, dans votre insondable arrogance, vous excellez tant : l’invective et les procès en sorcellerie…
PS 3 : je ne parle même pa de la teneur de vous contributions qui sont à l'avenant.
Monsieur,
détrompez-vous, les articles de Youcef Benzatat sont lus, étudiés, et appréciés par plus de monde que vous croyez, quoique vous pensiez de son style ou de tout ce que vous voudrez. Dites-vous bien que nous avons tous intérêt à connaître la vérité sur la situation tragique que vit l'Algérie depuis son indépendance tant méritée, et que ce ne sera ni vous ni d'autres qui pourront statuer sur la manière de la dire.
Extrait de l'article "Entre Paris et Alger, le temps est mûr pour une réconciliation du type franco-allemand" de François Béguin, paru dans Le monde du 21 décembre 2012 :
C'est sur le site d'information d'opposition en ligne Le MatinDZ que l'on trouve les critiques les plus virulentes. Dans une chronique au vitriol titrée "François Hollande, l'hôte indésirable des Algériens", Youcef Benzatat juge "contraire à la raison, incohérent et illogique, ridicule et stupide" la démarche de François Hollande, qui n'est pas venu "faire des excuses, ni [se] repentir". Il ajoute : "Votre justification d'un partenariat économique brandi dans le souci de notre développement ! Encore là, l'Algérien n'est pas exclusivement un tube digestif, Monsieur le président, c'est aussi un être de désir et de liberté, comme l'est votre propre peuple. "
Dans une autre chronique publiée sur Le Matin DZ, Samir Bouakouir estime que "la France officielle vient d'accorder un nouveau blanc-seing au pouvoir autoritaire d'Alger". Pour lui, "la réception improvisée et quelque peu contrainte de quelques organisations de la société civile ne saurait masquer la complaisance des autorités françaises et le peu d'intérêt accordé à la question de la démocratie et des droits de l'homme, deux termes totalement occultés lors de son discours devant un Parlement-croupion. "
http://www. lemonde. fr/afrique/article/2012/12/21/hollande-a-t-il-su-rassurer-alger-sans-pour-autant-contrarier-paris_1809381_3212. html
Extrait de l'article Hollande, Bouteflika : les raisons d'une amitié de Lenaïg Bredoux, paru dans Mediapart le 20 décembre 2012:
"Jeudi, le chef de l'État prononce un discours devant les assemblées où il devrait « dire la vérité » sur le passé colonial de la France, mais « sans repentance ni excuses », a-t-il prévenu mercredi. Il a aussi prévu de se rendre à Tlemcen, près de la frontière marocaine. François Hollande y rencontrera des étudiants mais, en Algérie, le choix de cette région sera aussi lu comme un soutien politique au clan Bouteflika. Le président algérien en est originaire et la ville symbolise une vive bataille de mémoire parmi les héros de l’indépendance, comme le dénonce une tribune publiée dans le quotidien Le Matin", le lien renvoie à l'article de M. Benzatat "Hollande à Tlemcen : la "claque du clan de Oujda aux Algériens".
http://www. mediapart. fr/journal/international/201212/hollande-bouteflika-les-raisons-dune-amitie?page_article=3
Merci, chère Madame, de me reprendre en termes aussi courtois. Il est toutefois dommage que
vous fassiez l'impasse sur les propos orduriers auxquels ce monsieur a systématiquement recours pour répondre à ses détracteurs. Jugez plutôt : Un jour il me confond avec des internautes qu'il a dans le nez, une autre fois il voit en moi un agent du DRS (?), une autre fois encore il me considère comme le 100ème des fous qu'est supposé compter notre pays. Et "last but not least, il voit en moi la réincarnation de Kaddafi et Saddam Hussein. Allez le prendre au sérieux aprés cela. Encore une fois, ce monsieur n'a pas le monopole du coeur ni de l'engagement républicain. Quant à nous apprendre ce qui se passe dans dans notre pays, il ne faut pas charrier non plus. Mes hommages, chère madame.
L’Algérie ne vous appartient pas et aucune légitimité ne vous autorise à vous autoproclamer détenteurs exclusifs sur sa vérité. Cette vérité appartient à tout Algérien, qu’il se doit de la diffuser et de la faire connaître, inlassablement.
Par vos différentes interventions, vous nous permettez de mieux connaître effectivement, votre vrai visage obscène et cynique, et votre sens de la manipulation, car vous ne « détracter » rien du tout, dans les propos odieux figurant dans vos interventions. Vous ne faites que déverser de la haine, du mépris et de l’invective. Ce ne sont ni les textes, que vous ne lisez pas, ni le débat engagé, qui constitue votre motivation et vos préoccupations, en venant parasiter le débat sur ce site. Il ne vous est même pas utile d’aller trouver des arguments convaincants, puisque le bruit est votre arme. Faire du bruit, insulter et crier à la victime, détourner le débat vers du factuel, pour diminuer de son impact. Votre comportement pervers ne vous permet pas, par ailleurs, d’être capable d’arguments structurés et pertinents. Vos injures répétées, vos invectives et votre acharnement psychotique, vous vont merveilleusement bien et dessinent fidèlement votre caractère pervers, odieux et inutile ; des "opinions lépreuses" et autres " peste mentale incurable", comme disait Hamid pour vous démontrez de la pitié, pour le délabrement de votre moralité de caniveau.
Vous avez oublié dans cette dernière cochonnerie, à travers votre dernier pseudo, tant de fois muté, Mohand Aghdu et tant d'autres ombres du monstre, de citer dans votre liste 'Ami Moh, encore un homme à la nuque raide, dont l'ennemi est pourtant venu le vister et dont les cochons n'ont pas pu le manger, et devant tous ces prisonniers arrêtés arbitrairement par vos bourreaux, il est devenu leur héros malgré lui... Vous panniquer parce que vous savez que vos jours sont comptés, car les hommes à la nuque raide sont debout à la tâche et le peuple qui vous vomis, est en permanence en alerte, lorsque votre ennemi à vous viendra, vous ne serai pas héros quant à vous, vous finirez dans un égout comme vos émules, Kaddafi, Saddam et tutti conti...
Vous savez, FNM, comme le dit si bien l'adage bien de chez nous, " Si la progéniture de Bakhta nous a bel et bien sali la Wilaya", elle n'a, toutefois, aucune chance dans son dessein, obsessionnel et haineux à tenter vainement à nuire à ceux qui les ignorent et s'en détournent comme des intouchables porteurs d'opinions lépreuses et autre peste mentale incurable!
Je m'étais promis d'ignorer le disciplus simplex pour ne répondre qu'au maitre. No comment donc !
PS : ou plutôt si : je m'engage à épater mes copains en leur fourguant votre trouvaille :"opinions lépreuses et autre peste mentale... " pas de doute, le gourou a déteint sur vous. Couché, le cerbère !
je n aime pas parler de politique mais votre article n est pas a sa place. vous parler de ce que je ne sait quoi? tous les Algeriens qui ont souffer du colonnialisme sont soit morts ou bien touchent des pensions d algerie ou bien vivent en France. tous le reste sont nes apres 1962, et leur seul reve c est de quitter l Algerie et de s installer de preference en France.