Centrafrique : les rebelles prêts à négocier mais dans un "dialogue sincère"
La coalition rebelle, qui a pris plusieurs villes du nord et du centre de la Centrafrique, a indiqué jeudi qu'elle ne se retirerait pas avant un "dialogue sincère" avec Bangui alors que le Conseil de sécurité des Nations unies a condamné l'offensive, tout en insistant sur le "dialogue".
Sur le terrain, la situation était calme jeudi matin, de source militaire centrafricaine. "Nous avons pris acte de la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU (leur demandant de se retirer), mais nous n'allons pas nous retirer des positions actuelles sur le terrain jusqu'à ce qu'il y ait un dialogue sincère avec le pouvoir", a affirmé Michel Djotodia, dirigeant de l'aile dissidente de l'Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR) qui a adhéré à la coalition rebelle Séléka.
"C'est de cette façon seulement que nous allons maintenir la pression sur le régime de Bangui. Nous n'avons jamais dit que nous allons marcher sur Bangui, mais nous exigeons du président Bozizé un dialogue sincère", a poursuivi le chef rebelle, joint par téléphone satellitaire.
"On ne cherche pas le pouvoir. On veut que nos droits soient reconnus, que des réponses puissent être trouvées à nos exigences, de façon à ce que le président Bozizé gouverne autrement (...) Il faut l'amener à améliorer sa gouvernance pour le bien-être du peuple centrafricain", a-t-il ajouté. "Chaque peuple, chaque citoyen, a le droit de revendiquer et de défendre ses droits lorsqu'il estime que ces droits sont bafoués. C'est ce que nous faisons pour le peuple centrafricain. Il n'est pas question de pouvoir pour nous", a-t-il précisé. Dans une déclaration mercredi à New York, le Conseil de Sécurité des Nations unies a "condamné les attaques" rebelles "et les violations des droits de l'homme qui en ont résulté". Le Conseil a toutefois insisté sur "la nécessité de renforcer le dialogue politique".
Des commissions d'enquête
Le Séleka a pris mercredi la ville de Kabo (nord, 350 km de Bangui), après la ville de minière de Bria (centre) mardi et attaqué plusieurs autres villes du nord dont Ndélé la semaine dernière. Cette coalition comprend l'aile dissidente de l'UFDR de Djotodia mais aussi une faction dissidente de la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP Centrafrique), et la Convention patriotique pour le salut wa kodro (CPSK).
Le Séléka réclame "le respect de l'accord (de paix) de Birao (2007) entre le gouvernement et l'UFDR, la mise en oeuvre concertée des recommandations et conclusions du Dialogue politique inclusif (DPI, forum de 2008 entre pouvoir, opposition et rébellions)" qui prévoyait notamment un programme de démobilisation et réinsertion des combattants. Le Séléka réclame aussi "une commission d'enquête indépendante sur les circonstances de la disparition du Colonel Charles Massi", ancien ministre et fondateur de la CPJP, donné pour mort par sa famille depuis 2010, "et de Hassan Ousman", un chef d'un petit groupe rebelle qui a disparu à Bangui en février 2010, et qui avait participé au DPI. Par ailleurs, le Séléka demande une commission d'enquête sur l'accident de voiture qui a coûté la vie à "Me Goungaye Wanfiyo Nganatoua", président de la Ligue des droits de l'homme centrafricaine en décembre 2008, "et bien d'autres victimes de cette même barbarie gouvernementale".
M. Djotodia a précisé que Eric Néris Massi, neveu de Charles Massi avait été nommé porte-parole de la coalition.Pays enclavé parmi les plus pauvres de la planète, la Centrafrique était engagée depuis 2007 dans un processus de paix après des années d'instabilité, de multiples rébellions, mutineries militaires et putschs qui ont ravagé son tissu économique et l'ont empêché de tirer profit de ses ressources naturelles. Le pays de 5 millions d'habitants a été dirigé d'une main de fer pendant 13 ans (1966-1979) par le mégalomane Jean-Bedel Bokassa, qui s'était même fait couronner empereur en 1976 avant d'être renversé en 1979.
AFP
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