Egypte : Morsi accorde des pouvoirs étendus à l'armée

Les manifestants ne décolèrent pas.
Les manifestants ne décolèrent pas.

Le président égyptien Mohamed Morsi a demandé à l'armée d'assurer la sécurité jusqu'à l'annonce du résultat du référendum prévu samedi sur un projet de Constitution au centre d'une grave crise politique et de violences meurtrières.

Ce n'est pas encore la loi martiale, mais on n'est pas loin. Le président Morsi en appelle donc à l'Armée sur laquelle il s'appuie pour organiser le référendum. "Les forces armées appuient les services de police en complète coopération avec elles pour préserver la sécurité et protéger les installations vitales de l'Etat, pour une période temporaire jusqu'à l'annonce du résultat du référendum sur la Constitution", peut-on lire dans un décret publié au Journal officiel.

Mohamed Morsi a par ailleurs accordé à l'armée le pouvoir d'arrêter des civils, à la veille de manifestations rivales et à quelques jours d'un référendum constitutionnel très contesté. "Les officiers et sous-officiers des forces armées participant aux missions de préservation de la sécurité et de protection des installations vitales de l'Etat (...) ont tous les pouvoirs d'arrestation judiciaire", selon le décret. Institution hyper-puissante sous Moubarak, l'armée égyptienne est pour la première fois missionnée par Mohamed Morsi pour "mâter" les manifestations pour pouvoir faire passer la Constitution concoctée par les seuls Frères musulmans. 

Demain, deux manifestations opposées sont prévues. Celle des anti-Morsi qui ne veulent pas entendre parler du référendum et la manifestation de soutien au président que comptent organiser les Frères musulmans. La journée de mardi risque donc d'être tendue.

Recul tactique de Morsi

Outre la crise politique, l'Egypte affronte une crise économique des plus critiques. Calculateur, le président égyptien a aussi annulé les hausses de taxes sur des produits de base et de grande consommation, quelques heures après les avoir décidées, demandant aussitôt au gouvernement du Premier ministre Hicham Qandil "d'ouvrir un dialogue social sur ces mesures afin de ne pas alourdir le fardeau sur les citoyens".

Cette décision survient alors que le président islamiste, soutenu par les frères musulmans, a décidé de maintenir pour samedi un référendum sur un projet de Constitution qui divise profondément le pays, et contre lequel l'opposition libérale et de gauche appelle à de nouvelles manifestations mardi. Ces hausses devaient concerner des produits comme l'acier, le ciment, les sodas, la bière ou encore les cigarettes. 

L'Egypte connaît depuis la chute de Hosni Moubarak en février 2011 de graves difficultés économiques provoquées en particulier par la chute du tourisme et par l'effondrement des investissements étrangers, autrefois florissants. Cette crise a déjà amené le gouvernement à prendre des mesures d'austérité comme une réduction des subventions sur le gaz butane et sur l'électricité.

L.M./AFP

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